Par François Jarraud
“On est en train de passer du malaise à la souffrance au travail”. Dossier oublié de la concertation, l’évolution du statut des directeurs d’école est interrogée à travers une large enquête menée par le Se-Unsa dont les éléments ont été dévoilés le 18 octobre. D’après elle, les directeurs d’école souffrent cruellement d’un manque de moyens et de reconnaissance et le métier est devenu générateur de souffrance. Le Se-Unsa envisage de poursuivre l’administration devant les Comité d’hygiène (CHSCT). Le syndicat souhaite des expérimentations pour faire évoluer un statut resté inchangé depuis Jules Ferry.
Une vraie souffrance au travail
Justement les directeurs n’y arrivent plus. L’enquête menée par le Se-Unsa auprès de 8300 directeurs (sur 45 000) révèle les difficultés à vivre et travailler des directeurs. “On est en train de passer du malaise à la souffrance au travail”, nous dit Christian Chevalier, secrétaire général du Se-Unsa. “On a passé le cap du malaise”, confirme Dominique Toby, secrétaire nationale.
Le syndicat envisage de saisir les nouveaux CHSCT. “Si on met en évidence des indicateurs reconnus on pourra obtenir des évolutions de l’administration”, estime D Thoby.
Statut : “Le tabou est levé”
Personnel de direction ou enseignant parmi ses pairs ? D’après l’enquête, la question de leur statut est aussi posée ouvertement. 52% des directeurs disent souhaiter un pouvoir hiérarchique. Pour le Se-Unsa les directeurs veulent pouvoir être entendus des partenaires de l’école comme des collègues. “Ils veulent qu’on assoie la fonction”. Plus qu’un statut de personnel de direction, les directeurs veulent rester des enseignants parmi leurs pairs mais avec un statut lié à l’emploi et une autorité par rapport au projet de l’école. Une position différente de celle du GDID, une association regroupant des directeurs, qui milite pour un corps de directeurs d’école.
70% des directeurs veulent une évolution de la structure administrative de l’école. Le Se-Unsa souhaite des expérimentations pour trois formules : l’établissement du premier degré (epep), le regroupement (RPI) d’écoles avec un seul directeur ou encore d’autres formes de regroupement.
Enfin, les directeurs veulent une revalorisation financière pour 90% d’entre eux. 89% veulent une décharge plus importante. 74% souhaitent un guide précis de leurs attributions. 58% attendent un secrétariat permanent.
Consulté sur ce dossier, Vincent Peillon estime que c’est un vrai problème mais préfère ouvrir le dossier plus tard. Pour le Se-Unsa, sans motivation des directeurs d’école la refondation pourrait bien tomber à l’eau.
François Jarraud
L’enquête du Se-Unsa
Le statut pour le GDID
Les projets d’école allégés eux aussi
Selon le Snuipp, les écoles n’auront pas l’obligation de réécrire leur projet d’école cette année. Dans le tiers des départements astreints à la réécriture de leur projet, un simple avenant suffira. Pragmatique, le ministre lève ainsi une obligation qui était devenue souvent pure formalité administrative détachée des objectifs réels des écoles.
Communiqué Snuipp
L’enquête réalisée par le Snuipp en 2010 auprès des directeurs mettait déjà en avant les difficultés du métier. Pour Sébastien Sihr, secrétaire général du Snuipp, il faut maintenir les directeurs sous leur statut actuel tout en reconnaissant leur fonction…
L’enquête de 2010
Quel statut ?
Interrogé par le Café pédagogique, Sébastien Sihr partage de nombreux points avec le Se-Unsa. Pour lui aussi il y a “maltraitance” des directeurs d’école. Les directeurs manquent de reconnaissance et de formation aux aspects particuliers du métier (animer l’équipe, échanger avce les partenaires). Ils manquent aussi de temps.
“On se méfie de l’idée de regroupement d’école”, nous dit S Sihr. “L’école doit rester à taille humaine”. Pour lui, les maires sont très attachés à leur école qui est un élément important du projet communal. Pas question donc d’aller dans le sens des Epep ou des regroupements. “On est contre l’idée d’un supérieur hiérarchique. Mais comme il est nécessaire de reconnaître la fonction, le Snuipp propose une “certification directeur”. Obtenue comme la certification formateur, elle permettrait que la fonction soit reconnue.
François Jarraud
Le sondage Snuipp
Sur le site du Café
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