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Côtoyer des représentants de 86 pays devrait éclaircir les choses pour prendre du recul, imaginer ce que pourraient être les fondements d’un modèle éducatif mondial, piocher des idées universelles pour quitter les ornières du débat autour de la refondation. Il faut bien sûr faire abstraction de la toile de fond locale, économique, culturelle. Il faut aussi balayer les reliefs technologiques et formatés des discours pour en extraire l’essence pédagogique. Cette double condition est à elle seule une gageure : sans le contexte, que signifie l’éducation ; dénuée de ses représentations, comment caractériser la pédagogie ?

Au forum des enseignants innovants de Prague, les thèmes les plus partagés touchent le développement durable et l’accessibilité aux savoirs. Les moyens les plus communément empruntés sont ceux du travail collaboratif et de l’activité menée par les apprenants. Apprendre par soi même, avec les autres, en relation avec les autres, pour les autres. L’éducation telle qu’elle se donne à voir au forum de Prague laisse à l’enseignant un rôle essentiel : celui de fournir les clés et de veiller à ce que l’élève parvienne à réaliser l’activité qui lui est demandée.

Activité de l’élève, rôle de l’enseignant, ces deux ingrédients suffisent ils à définir un modèle éducatif ? Sans doute non, il manque les contenus, il manque l’évaluation, il manque aussi ce qui est attendu par les parents, le monde économique, social, politique. A quoi sert l’éducation, à quoi servent les années d’apprentissages ? A apprendre un métier, à devenir un citoyen éveillé et épanoui, à avoir les mêmes chances de réussite quelque soit son milieu d’origine, quelque soit son mode cognitif, ses particularités ? On le voit, définir un modèle éducatif mondial est mission impossible parce que tout simplement un modèle éducatif n’est rien sans la société qui l’entoure, le génère et le nourrit. Et c’est tant mieux, l’éducation ne peut être uniforme. L’éducation est un univers éminemment humain dont la réussite tient beaucoup à la faculté d’adaptation dont font preuve les éducateurs pour sans cesse la faire évoluer sur les différents niveaux du monde qui les entourent, du niveau microscopique au niveau macroscopique.

En échangeant avec les enseignants à Prague le dénominateur commun d’une éducation à l’échelle mondiale semble difficile à trouver. Les approches se ressemblent basée sur la confiance, le lâcher prise et une intégration de la technologie pour outiller les intentions pédagogiques. Ce qui les unit aussi c’est une passion qui transpire dans la présentation de leur projet. Sont ils représentatifs des enseignants du monde entier. Peut être non, mais en les côtoyant comme nous côtoyons chaque année les enseignants innovants au forum français de l’innovation, l’école nous semble belle et pleine d’avenir.

Monique Royer