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En ces temps de débats sur la « refondation du système éducatif », il est utile de lire l’étude consacrée par Danielle Zay et son équipe à l’éducation inclusive et publiée en juin 2012 chez l’Harmattan. Sur la base de recherches menées sur un échantillon de dix pays, dont la France, cet ouvrage permet de comparer la situation éducative française et celles d’autres pays notamment dans le domaine de la conciliation entre les visées de justice sociale et la centration des organismes européens sur les performances.

Quelle définition de la politique d’éducation inclusive ? Danielle Zay nous répond : « Les politiques éducatives qui favorisent l’inclusion sont celles qui essaient de maintenir à bord (on board) à l’école tous les élèves, quelles que soient leurs particularités. C’est l’offre scolaire qui s’adapte pour répondre aux différences à la fois de nature et construites socioculturellement de son public. »

Selon les auteurs, le concept d’éducation inclusive, repris récemment en France, avant tout concernant le secteur du handicap, est intéressant s’il est repris et utilisé dans sa globalité et sa complexité, dans ses imbrications entre inclusion scolaire et sociale, car son opposé l’exclusion scolaire ou sociale est constitue trop souvent la source d’énormes difficultés. L’analyse qu’il dégage en décrit les avantages, les limites et également les effets pervers. Les différentes études de cas dégagent la nécessité de prendre en compte les jeunes dans un « groupe classe » qui leur apprenne à vivre en société en tant que futurs citoyens d’un même pays , quoique leur famille fasse d’eux à leurs yeux et à ceux des autres, mais elles pointent également la questions des finalités de l’enseignement .

Qu’est-ce qui est visé ? S’agit-il de l’inclusion des individus en fonctions et dans le respect des valeurs universelles de liberté, d’égalité et de solidarité, à l’accroissement de la justice sociale et à la diminution des inégalités ? Ou vise-t-on dans une « gestion sociale locale » à l’adaptation des jeunes à l’économie de marché et à la mondialisation, la petite et légère redistribution des richesses culturelles et économiques ne relevant que de la « charité » envers les plus démunis afin de maintenir un minimum de lien social.

La mise en pratique de l’éducation inclusive relève des enseignants qui doivent se garder aussi bien de « l’illusion pédagogique « que du « fatalisme sociologique », mais être en permanence sur toutes les questions sociales « en alerte » pour que des réponses des différents acteurs du territoire puissent, si cela est possible, être apportées. Toutes les études de cas ont en effet montré que sont apparus très bénéfique aux réussites des élèves « le travail en équipe des enseignants et avec les partenaires extérieurs, les familles et les professionnels intervenant sur le territoire, la mise en cohérence des temps vécus par le jeune à différentes périodes, le respect d’une éducation sur un temps long considérant que les loisirs, les activités dans la cité sont aussi des lieux d’apprentissage ».

La démarche d’éducation pose donc la question de l’éthique de l’action éducative, notamment à l’intérieur des ghettos scolaires se sont développés, liés à une absence de politique à l’échelon régionale du logement ( On ne dira jamais assez l’erreur stratégique pour des politiques urbaines de solidarité qu’a été le pouvoir donné en 1981 aux maires en matière de permis de construire favorisant le développement de démarches basées sur le chacun pour soi ), et au contournement de la carte scolaire.

Jean-Louis Auduc

Danielle Zay, L’éducation inclusive Une réponse à l’échec scolaire?, Préface de Gabriel Langouët, L’Harmattan 2012.

Entretien avec Danielel Zay