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Quels outils numériques pour l’orientation ? Euroguidance est l’agence chargée en France de développer et d’accompagner les projets de mobilités européenne en éducation et tout au long de la vie ainsi que l’orientation. Vingt années après sa création il était donc légitime qu’un temps soit consacré, non seulement à fêter cet évènement mais aussi à le ponctuer d’une réflexion sur les évolutions actuelles de l’orientation et de la mobilité en lien, en particulier avec le développement du numérique. Si la matinée fut largement consacrée au programmes européens d’éducation tout au long de la vie, l’après midi fut principalement consacrée à une table ronde sur les outils numériques au service de l’orientation et de la mobilité. L’ensemble de la journée a permis, outre de rassembler des acteurs de l’ensemble des institutions relais et partenaires d u réseau Euroguidance, de faire un point sur certains sujets importants que les changements politiques actuels ne manqueront pas de faire évoluer et en particulier les politiques européennes pour la formation tout au long de la vie.

L’ouverture de la journée par Antoine Godbert, directeur de l’Agence Europe Education Formation France, Jean Robert Pitte, Délégué Interministériel à l’Orientation et Hervé Tilly, sous-directeur aux affaires européennes et multilatérales (MEN MESR) a été l’occasion de saisir l’importance actuelle des impulsions et des actions de l’Europe dans les programmes d’éducation, d’orientation et de mobilité toute au long de la vie. Antoine Godbert ouvre la journée. La très (trop ?) longue présentation du réseau pour les politiques d’orientation tout au long de la vie (ELGPN) a mis en évidence le poids technocratique de l’Europe tout en ouvrant des perspectives. Les initiatives de ce réseau permettent de rapprocher les acteurs de l’orientation et de la mobilité (transcrite dans le Kit de ressources européen et présent sur la base de données : http://www.elgpn.eu/elgpndb/) et de partager les expériences sont le fil rouge de l’activité de ce réseau. Parmi les perspectives, outre la diffusion du kit, l’ambition est de faire en sorte que l’Europe fasse de l’orientation tout au long de la vie une politique à part entière. En conclusion un exemple illustre bien l’importance de ce travail, le souhait de développer, pour toute l’Europe l’accès des filles aux filières scientifiques.

La suite de la journée a permis de présenter plusieurs témoignages d’actions. Pour la Suède, on a pu découvrir un dispositif de formation à distance des acteurs de l’orientation, pour la Belgique cela a été l’occasion de voir quelques outils du web 2.0 (wiki, twitter) comme pouvant accompagner des actions d’orientation. Un témoignage d’une expérience vécue de mobilité (programme académia) par une conseillère d’orientation psychologue, continuée par la présentation de l’action d’accompagnement des programmes européens dans une université (Lille 1) ont permis de comprendre la nécessité d’élargir ces actions du fait des effets très positifs ressentis.

La table ronde qui constituait le principal temps de l’après midi a mis en évidence le développement essentiel d’outils numériques (portails d’aide aux acteurs professionnels, outils d’aide aux élèves – webclasseur) au service de ces projets. Parmi ceux-ci Euroguidance a présenté le futur didacticiel d’aide à l’entretien de mobilité qui sera disponible au printemps prochain, l’Onisep a présenté un point d’étape sur le webclasseur qui se généralise en ce moment dans l’enseignement scolaire en France. La région Auvergne et la Région Bretagne ont présenté leurs outils en ligne (extranet) d’accompagnement des acteurs de l’orientation de leurs territoires.

Un temps a été consacré à l’évolution des politiques européennes dans les programmes Erasmus. Certes l’évolution du budget global qui passerait de 9 à 19 milliards d’euros a rassuré. Malheureusement, le peu d’informations disponibles sur l’avenir de ces programmes n’a pas permis aux participants de pouvoir clarifier leur vision du programme qui, outre un changement de nom, vise surtout à un regroupement des programmes diversifiés en vue de mieux répondre aux besoins en simplifiant les procédures (ce mot simplification est une sorte de leitmotiv de la journée). Le programme nommé pour l’instant « erasmus pour tous » rassemblerait les dispositifs antérieurs sous trois axes : développement de la mobilité à des fins d’apprentissage, coopération pour l’innovation et les bonnes pratiques, et soutien aux politiques publiques. Des données encore bien floues pour en retirer des formes d’action qui devraient se préciser dans les prochains mois.

Sandrine Dickel présente l’évolution du programme Erasmus. En conclusion de cette journée, on peut constater que le numérique entre lentement dans la culture des acteurs de l’orientation et de la mobilité. La journée a été l’occasion de constater qu’il y avait une sorte de tension entre l’orientation, comme nécessité pour tous, et la mobilité internationale plutôt réservée à des jeunes de préférence en poursuite d’étude. C’est presque une confusion qui n’est pas sans poser de problème pour les jeunes les plus en difficulté pour lesquels les questions d’orientation sont d’abord locales avant d’être internationales, même si des continuités peuvent se développer. On sent bien, à l’issue d’une telle journée que l’idée du « tout au long de la vie » porté par l’Europe depuis bien longtemps aussi bien pour l’orientation, la mobilité internationale ou même l’éducation et la formation reste encore à construire. Au-delà du discours convenu des transitions professionnelles que chacun devra affronter, il semble nécessaire d’aller plus loin. Les acteurs de l’orientation et de la mobilité semblent encore trop éloignés des autres acteurs qu’ils soient dans les milieux académiques ou de l’entreprise. On pressent bien que l’avenir de ces actions ne peut se concevoir sans de plus fortes relations opérationnelles plutôt qu’une juxtaposition d’actions et d’échelons de décision que d’aucuns ont rappelé dès le début de la journée en évoquant la culture du millefeuille propre à notre pays. Mais le reste de la journée à confirmé qu’il y avait du travail et que les outils numériques pouvaient aussi bien favoriser les rapprochements, qu’inviter les usagers (trop peu présents dans cette journée) à contourner les organismes en place en utilisant les ressources directement accessibles sur Internet.

Bruno Devauchelle

Euroguidance