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On se souviendra de ce premier trimestre de l’année scolaire 2012-2013 comme un des plus actifs et des plus créatifs de l’histoire de l’Ecole. Laissera-t-il le souvenir du trimestre qui a déterminé la refondation de l’Ecole ? Ce sont les semaines à venir qui le diront.

Rarement on aura vu autant d’activité rue de Grenelle comme en cette fin d’année 2012. En trois mois, Vincent Peillon et son équipe ont mené au pas de course une vaste consultation (la concertation), une négociation tous azimuts et la rédaction d’une loi d’orientation qui associe une vision de l’Ecole à un texte réglementaire. En trois mois il a fallu trouver le point d’équilibre sur des questions aussi importantes que la formation des enseignants, la distribution de milliers d’emplois, l’ouverture de concours de recrutement, la réorganisation du numérique éducatif, de nouvelles relations entre l’Etat et les collectivités territoriales et jeté les bases d’une réforme pédagogique. Tout cela en intervenant aussi sur une multitude de points précis comme l’histoire-géo en terminale S ou les programmes de SES.

Tout cela s’est fait avec style. Celui de Vincent Peillon. Le ministre connait l’Ecole et il sait en parler. Ses discours portent une vision de l’Ecole. Ils marquent une rupture avec les ministres précédents. Enfin les choses de l’Ecole sont prises au sérieux. Le ministre parle des valeurs de l’Ecole. Il parle de pédagogie. On a l’impression, perdue depuis une dizaine d’années, d’une communion de pensée entre le ministre de l’éducation nationale et ses personnels.

Pour autant rien n’est conclu. D’abord parce que la loi d’orientation sera au final ce que les parlementaires voudront bien en faire. Et on sait qu’ils sont travaillés par tous les lobbys imaginables. On sait aussi qu’ils ont des visions différentes et une connaissance fort variable de l’Ecole. Surtout, la loi d’orientation renvoie à des décrets ou de simples circulaires bien des arbitrages sur des sujets de désaccord.

Enfin, V Peillon va devoir relever un nouveau défi. Celui de combler le fossé creusé par ses prédécesseurs entre l’institution et les enseignants. Ils peuvent être touchés par la parole ministérielle. Mais celle-ci est contredite au quotidien par l’exercice du métier dans des conditions qui n’ont pas changé avec l’alternance. Les relations entre l’encadrement et les enseignants, toute la culture bureaucratique du système n’ont pas bougé d’un pouce non plus. Pour sortir les enseignants du repli intérieur où ils se sont installés, les discours ne suffiront pas. Il faudra des actes qui montrent que le ministre se soucie de leurs conditions de travail et qu’il leur donne les moyens d’exercer pleinement leurs responsabilités. Comment concilier ces exigences avec celles du redéploiement des moyens et du recadrage budgétaire impulsé récemment ? C’est un nouveau travail et une nouvelle étape pour l’équipe de V Peillon.

François Jarraud