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Démocratiser l’enseignement supérieur, en faire une arme pour le redressement du pays et sa compétitivité, voilà les deux objectifs complémentaires que Geneviève Fioraso, ministre de l’enseignement supérieur, s’est fixé. C’est une réorganisation profonde de l’enseignement supérieur qu’elle met en branle. Elle s’accompagne d’un rééquilibrage entre universités et formations plus nobles. Une révolution douce mais déterminée qui devrait impacter les lycéens rapidement.

La France est en retard pour la démocratisation de l’accès à l’enseignement supérieur par rapport à de nombreux pays européens. Actuellement 45% d’une génération poursuit au-delà du bac mais seulement 30% en licence. Le retard augmente avec les degrés universitaires , la France accusant, selon l’OCDE, un net déficit de docteurs. Parallèlement la sélection sociale s’accroit. Il n’ya que 13% de CSP défavorisées en licence, 9% en master et 5% en doctorat. Enfin on sait que les jeunes des milieux les plus favorisés se regroupent dans des filières d’élite souvent non universitaires. Comment inverser la tendance ?

Lier prépas et universités

La loi d’orientation pour l’enseignement supérieur devrait créer de vastes ensembles universitaires (une trentaine pour toute la France) avec lesquels devraient contracter les classes préparatoires. Leurs élèves devront donc obligatoirement s’inscrire en université. Parallèlement, la ministre, qui a obtenu 5 000 créations de postes, entend remettre ces vastes ensembles au niveau européen en les ouvrant sur leur environnement et en améliorant l’accueil et l’encadrement des étudiants. Une progressivité dans la licence facilitera par exemple les réorientations.

Faciliter l’accès des bacheliers pros et technologiques

Aujourd’hui en concurrence avec le bacheliers généraux, les bacheliers technologiques ont du mal à pénétrer en IUT et les bacheliers professionnels en STS. La ministre entend favoriser leur entrée dans le supérieur. Elle estime pour cela ne pas avoir besoin de quotas. Le système APB devrait permettre davantage d’orientation. L’objectif c’est 60% de bacheliers professionnels en STS (toutes STS confondues industrielles et tertiaires) et 45% de bacheliers techno en IUT.

Le développement du numérique

La démocratisation passe aussi par la numérisation des contenus. Chaque université aura son « vice-président numérique » et une agence universitaire nationale travaillera à la mise à disposition de contenus.

Et la vie étudiante ?

Comme d’autres points (les ESPE par exemple) , la vie étudiante n’est pas abordée par la loi d’orientation. Elle fera l’objet de négociations après le vote de la loi. La loi prévoiera l’entrée des docteurs dans la haute fonction publique ce qui ressemble à un camouflet adressé aux grandes écoles. Elle exigera aussi la parité chez les présidents d’université. Les aides aux logement et les bourses seront l’objet de décrets et de négociations. Le projet de loi devrait être adopté cet été.

François Jarraud