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D’où vient le découpage en cycles de la formation scolaire ? Au moment ou la commission éducation du Sénat propose d’inscrire dans la loi un nouveau découpage, Claude Lelièvre en rappelle l’histoire. Pour lui les oppositions sur ce sujet remontent aux années 1960…

Pour beaucoup, cette question des cycles date d’un quart de siècle et de la loi d’orientation ‘’Jospin’’ de 1989. En réalité, elle date pour le moins d’un demi-siècle et de l’institution en 1963 du CES ( collège d’enseignement secondaire ) qui comporte deux cycles : un « cycle d’observation » ( la sixième et la cinquième ) et un « cycle d’orientation » ( la quatrième et la troisième ). Une longue histoire, mouvementée et pleine de surprises…

La volonté très affirmée de mettre effectivement en « cycles » l’ensemble des enseignements scolaires est venue très rapidement. Dans la déclaration finale du 17 mars 1968, les membres du colloque d’Amiens ( tenu par des hauts fonctionnaires et des chercheurs en éducation, et clôt par le ministre de l’Education nationale très gaullien Alain Peyrefitte ), il est notamment affirmé qu’il faudrait « individualiser les rythmes de progression » et que le contenu des enseignements devrait « être fixé par cycles et non plus par année scolaire, cette souplesse d’organisation rendant nécessaire la constitution d’équipes de professeurs adoptant une stratégie pédagogique concertée ».

L’année précédente – en février 1967 – un projet de réforme démocratique de l’enseignement avait été dûment décidé et publié par le Bureau politique du Parti communiste français, qui est alors la principale force d’opposition. Il convient de s’y arrêter, car ce n’est pas sans signification, loin s’en faut, en premier lieu pour ce qui concerne les débats actuels en matière de cycles. Le cours préparatoire est rattaché à l’école maternelle. Suivent ensuite quatre cycles successifs : le premier cycle ( qui correspond aux classe de CE1, CE2 et CM1 actuelles ), le deuxième cycle ( correspondant aux classes de CM2, 6° et 5° actuelles ), le troisième cycle ( correspondant aux classe de 4° et 3° actuelles), et enfin un quatrième cycle ( correspondant aux classes de secondes, premières et terminales actuelles ). Signe symbolique qui ne trompe pas sur les intentions des auteurs de ce projet, les classes ne sont plus nommées selon un compte à rebours vers le baccalauréat ( 9°, 8° ,7°,6° etc. ) mais année après année ( première année, deuxième année, troisième année, etc. ). Il y a lieu de noter qu’il est écrit que « les enseignants du deuxième cycle [ correspondant à nos classes de CM2, 6° et 5° actuelles] seront en général des maîtres titulaires de licences semi-spécialisées ( exemples : français et sciences sociales, ou mathématiques et sciences de la nature ) » alors que « les enseignants du second cycle [ correspondant à nos classe de 4° et 3° actuelles ] seront pour l’essentiel des maîtres titulaires de licences spécialisées ».

Mais, peu après, en 1967 également, une direction proche du PCF l’emporte à la tête du SNES ( principal syndicat de professeurs agrégés et certifiés ). Et, dans les années suivantes ( surprise pour ceux qui croyaient au ‘’léninisme’’ du PCF de 1967 ), ce n’est pas le Bureau politique du PCF qui s’impose au Bureau national du SNES ; mais c’est le Bureau du SNES qui l’emporte ( porté par toute la tradition du secondaire long, les yeux rivés sur le baccalauréat, incorporée dans les corps enseignants du secondaire, certifiés et agrégés ).

Finalement, où en est-on dans l’actualité immédiate ? Le Sénat vient de publier l’ensemble des amendements votés par la commission de la Culture, de l’Éducation et de la Communication. Leur présentation indique le groupe auquel appartient le ou les sénateurs qui les ont présentés, sauf lorsqu’ils l’ont été par la rapporteure Françoise Cartron.

Pour ce qui concerne l’épineux problème des cycles, toujours renouvelé, l’article 23 du projet de loi issu de l’Assemblée nationale prévoyait que « le nombre des cycles et leur durée sont fixés par décret ». Un amendement écologiste remplace cette phrase par : « La scolarité en école maternelle comprend un cycle unique. La dernière année de l’école élémentaire est couplée avec la première année du collège en un cycle commun. Les autres cycles et leur durée sont fixés par décret ». A suivre…

Claude Lelievre