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La journée internationale contre la violence faite aux femmes, le 25 novembre, et le premier jour du Rendez-vous des lettres, nous invite à observer la place des femmes dans les manuels scolaires de français. Une étude réalisée par le Centre Hubertine Auclert apporte un éclairage net de la situation : les manuels scolaires renforcent l’exclusion des femmes du monde littéraire et artistique.

« Que les hommes et les femmes sont belles ». Accord improbable ? Dans Athalie, Racine n’hésite pas à utiliser l’accord de proximité : « Surtout j’ai cru devoir aux larmes et aux prières consacrer ces trois jours et trois nuits entières ». Une règle que l’Académie française a supprimée règle en même temps qu’elle excluait pour 3 siècles les femmes de son assemblée. Pour Racine, le masculin ne dominait pas obligatoirement le féminin dans la grammaire française. De nombreuses féministes, notamment celles de l’association « L’égalité c’est pas sorcier », souhaitent voir revivre l’accord de proximité qui traite également les deux sexes.

Le Centre Hubertine Auclert a déjà analysé les manuels de maths et de sciences, comme le Café l’a signalé en son temps. Le 22 novembre elle publiait un rapport sur la place des femmes dans les manuels de français de seconde.

Première révélation :  » Sur les 13 192 occurrences de noms de femmes et d’hommes réels recensés dans l’ensemble des manuels, il y a 6,1% de femmes contre 93,9% de noms masculins ». Sur les 254 biographies de personnalités recensées à la fin des manuels scolaires, seules 11 sont des biographies de personnalités féminines.  » Le rôle des femmes dans la production littéraire est quasiment imperceptible dans les manuels étudiés. Sur l’ensemble des textes littéraires et théoriques étudiés, seuls 5% ont été produits par des auteures », continue le rapport. « La majorité des textes principaux étudiés en classe sont écrits par des hommes. L’exclusion des femmes du champ littéraire au cours des siècles n’est pas mentionnée dans les manuels. Le rôle des femmes qui tenaient des salons littéraires dans la production de connaissance est largement minimisé. »

La place des femmes dans la littérature est minimisée.  » L’objet d’étude Genres et formes de l’argumentation aux XVIIè et XVIIIè siècles présent dans les manuels de seconde générale et technologique pourrait être davantage investi. Olympe de Gouges n’est pas étudiée. Condorcet ou encore Poulain de la Barre, connus pour s’être engagés pour l’égalité entre les femmes et les hommes ne sont pas mentionnés. En outre, de nombreuses écrivaines et dramaturges, célèbres et prolifiques à leur époque peuvent être davantage mentionnées, parmi elles : Marie de Gournay, Aphra Behn, Antoinette Des Houlières, Marie-Catherine de Villedieu, Delarivier Manley, Susanna Centlive, Louise d’Epinay, Anne-Marie du Boccage, Marie- Jeanne Riccoboni ». Pour le centre Auclert ,  » les manuels scolaires renforcent l’exclusion des femmes du monde littéraire et artistique. Il semble qu’elles n’aient pas droit de cité dans l’histoire littéraire et artistique française car elles sont extrêmement sous représentées dans les manuels scolaires ».

Au final, le Centre ne remettra aucun prix mais des « encouragements » à un manuel qui semble meilleur que les autres mais sans atteindre le niveau minimum exigé par le Centre. Il s’agit du Belin.

F. Jarraud