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« Les résultats ne sont pas si mauvais que cela ». Patrick Lefas, auteur du rapport de la Cour des comptes sur les internats d’excellence relève bien des défauts dans leur déploiement. Mais, alors que le gouvernement lance un nouvel appel aux investissements d’avenir pour un nouveau plan de développement des internats, il jette un regard finalement pas si négatif que cela sur un projet où l’éducation nationale n’a pas particulièrement brillé.

« Dès l’origine ni les publics visés ni les résultats scolaires attendus n’ont été définis de façon lisible et homogène. Il n’y a pas eu d’arbitrage entre une politique destinée à modifier l’offre scolaire et un outil au service des politiques de la ville, de la jeunesse et de la lutte contre les exclusions », affirme la Cour des Comptes dans son rapport remis le 11 février 2014. Lancés en 2010, les internats d’excellence se sont fixé comme objectif la création de 20 000 places d’internat proposés au départ aux jeunes élèves méritants des quartiers qui seraient « exfiltrés » des zep vers des lieux où ils auraient d meilleures conditions d’apprentissage. Cette politique a coûté 600 millions d’euros, dont 400 au titre des investissement d’avenir et 200 fournis par les collectivités locales.

Confusion sarkoziste

Mais très vite le projet sarkoziste a viré à la confusion. Il y a eu une grande hétérogénéité des publics accueillis selon les endroits. Finalement les jeunes des quartiers populaires se sont retrouvé minoritaires. On a assisté aussi à une grande diversité des formes d’établissements. A côté de lieux isolés regroupant les élèves internes, comme Sourdun, on a vu apparaître des places labellisées dans des internats ordinaires. La carte d’implantation n’a pas collé aux besoins mais aux aléas des opportunités. Le coût de chaque place a varié de 1 à 100 : 1582 à Ambérieu mais 152 000 à Douai.

Où est passée la Depp ?

Tout cela aurait dû amener l’education nationale à suivre de près les implantations et à évaluer leur efficacité. Or la cour relève « l’étonnante carence de l’éducation nationale ». Il n’y a eu aucune évaluation de sa part. « Où était la Depp ? », nous a confié P Lefas. Sourdun a été évalué par l’école économique de Paris pour une somme très lourde (700 000 euros). L’évaluation estime que « il est possible d’accroître significativement les compétences et l’ambition scolaires d’élèves d’origine modeste » dans des structures comme Sourdun. Mais à quel prix !

Mais plus globalement, « la vigueur de la programmation immobilière par l’Etat n’a pas été accompagnée d’un effort équivalent de cadrage des moyens de fonctionnement des établissements notamment pédagogiques », souligne le rapport. « La fragilité des modes de financement de l’accompagnement pédagogique pose le problème de la crédibilité même de la politique conduite ».

Des éléments positifs

La Cour des comptes relève des « acquis positifs à préserver » comme « l’appréciation positive des élèves, la modernisation des internats, l’enrichissement des pratiques pédagogiques ». Alors que 8000 places restent à ouvrir la poursuite de la revitalisation de l’offre d’internats publics a été confirmée par la loi de finances pour 2014 (150 millions pour 6 000 places). Les collectivités territoriales y ajouteront 550 millions pour des constructions permettant un accompagnement éducatif des élèves.

La Cour demande surtout de transformer les statuts de Sourdun et Montpellier et d’impliquer davantage l’éducation nationale. « La réorientation de la politique ministérielle a été faite », nous a dit Patrick Lefas. « On avait des internats vieillissants dans des endroits où les besoins étaient rares sans encadrement pédagogique. Les internats de la réussite apportent des réponses à ces difficultés ».

François Jarraud

PS : Cet événement a été tweeté en direct

Le rapport