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La rencontre entre éducation et entreprises peut-elle se faire ? Quelle place pour l’apprentissage ? Quelques questions posées à Laurent Escure, secrétaire général de l’Unsa Education, au cours d’une pause de la conférence sociale.

Le président de la République veut une forte croissance de l’apprentissage. Mais en pleine crise économique, est-ce possible ?

Il y a des freins cachés qui entravent le développement de l’apprentissage. On en a identifié une : la difficulté d’hébergement que rencontrent les jeunes apprentis, particulièrement hors des grandes métropoles. (NDLR : le premier ministre a repris ce sujet et annoncé une aide de l’Etat de 80 millions). On plaide aussi pour le développement d’un portefeuille de compétences qui pourraient être certifiées par étapes ce qui permettrait de lever la barrière entre formation initiale et continue.

Le Cgpme se plaint à la fois du coût croissant de l’apprentissage et des barrières réglementaires qui ont été mises en place récemment. Qu’en pensez-vous ?

On est du coté des apprentis et de l’apprentissage. Le fait qu’un contrat sécurise l’apprenti nous parait faciliter le développement de l’apprentissage. Aujourd’hui l’apprentissage est éclaté entre des apprentis de l’élite, au niveau enseignement supérieur, et une base peu qualifiée. Il faut sans doute développer entre les deux. Et ça passe par développer le goût de l’apprentissage chez les enseignants. Il n’y a pas de raison que dans les filières non professionnelles on échappe à une formation professionnelle. Elle pourrait prendre la forme de modules suivis par els élèves incluant des stages, par exemple en line avec le cours de technologie au collège.

Mais la question est liée aussi à celle du socle. En amont de la formation professionnelle il faut un socle qui permette une orientation choisie. C’est lui qui va permettre ensuite d’avoir une vie professionnelle épanouie. Promouvoir le socle commun c’est aussi arrêter al machine à trier qu’est devenu le collège qui pousse vers le professionnel une partie des jeunes malgré eux. Parmi ceux ci une bonne partie décrochera dès qu’elle aura 16 ans.

Développer l’apprentissage n’est ce pas d’une certaine façon renier à l’Ecole sa capacité à former tous les jeunes ?

Les études du Cereq montrent que depuis 2004 il y a eu un bond de 16 points dans le chômage des jeunes non qualifiés. On est passé à 48% de ces jeunes au chômage. Parallèlement on compte 400 000 emplois inoccupés faite de salarié formé. L’Ecole doit donc prendre sa part dans l’insertion des jeunes. L’apprentissage peut être une piste. C’est ce qu’on voit chez nos voisins où il y a une meilleure adéquation formation emploi.

Propos recueillis par François Jarraud