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« Nous avons obtenu un beau budget sur 3 ans. Il permettra d’honorer les engagements du président de la République et de créer les effectifs indispensables sur le terrain pour faire face à la hausse démographique et aux réformes « . En faisant cette fausse annonce lors de la passation de pouvoir avec N Vallaud-Belkacem, Benoît Hamon ministre cadre la nouvelle ministre. Il instrumente aussi les restrictions de 2016 et 2017…

1,1 milliard

« Le budget augmentera pour l’année qui vient de 1 milliard cent millions ». La phrase de Benoît Hamon a été largement reprise par les médias alors que l’annonce avait déjà été faite le 10 juillet avec la publication des documents budgétaires. Benoît Hamon a effectivement bien défendu son budget et obtenu une rallonge importante pour 2015, environ le double de ce que Vincent Peillon avait obtenu pour 2014 (600 millions).

Dans un communiqué, B Hamon s’était félicité de « la progression des moyens de l’éducation nationale » qui « traduit la volonté politique du gouvernement d’ancrer l’école comme l’un des moteurs essentiels de la lutte contre les inégalités ». Il annonçait même une hausse de 1,5 milliard. Le projet de budget présenté par Bercy prévoit en effet 29 644 créations d’emplois d’ici 2017 qui, ajoutés aux 24 261 déjà budgetés aboutiraient aux 54 000 postes attendus par la loi d’orientation. Pour 2015, ce sont 9 421 emplois qui seront créés. S’y ajouteront 69 000 contrats aidés, 10 000 emplois d’avenir professeurs et 48 300 emplois d’assistants d’éducation. 2150 postes d’assistants d’éducation seront créés d’ici 2017 dans les Rep. La programmation triennale prévoit aussi 420 créations de postes dans l’enseignement agricole.

Et après 2015 ?

Mais comment concilier 18 milliards d’économies du budget de l’Etat sans toucher l’Education nationale ? A l’évidence ce n’est pas aisé puisque l’Education nationale est de loin le premier ministère par son budget (68 milliards).

Effectivement le budget de l’Education nationale passera de 68 milliards en 2014 à 69,2 milliards en 2015. Mais après 2015 il se stabilise : 69,4 pour 2016 et 69,8 pour 2017. Or 2016 et 2017 devraient voir davantage de créations de postes que 2015 pour attendre les 29 644 programmés par Bercy. Comment concilier les créations de postes avec un budget quasi stabilisé ? Il y aura là une opération bien difficile pour la nouvelle ministre…

Mais le doute ne s’arrête pas là. Les prévisions du Dossier ministre réalisé par la Dgesco montrent que les 54 000 postes ne suffiront pas pour faire face à la fois à la croissance démographique et aux objectifs de la refondation. L’observation du recrutement montre que le ministère ne réussit pas à embaucher le nombre d’enseignants prévu. De nombreux postes restent non pourvus et les plafonds budgétaires ne sont pas atteints. Bercy a-t-il prévu cette réalité en bloquant le budget de l’Education nationale après 2015 ? Dans tous les cas la nouvelle ministre voit son action déjà encadrée par cette programmation.

François Jarraud

Le budget 2015

La programmation triennale