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« Allégations mensongères », « cécité délibérée » : en plein état d’urgence, le ministère de l’éducation nationale critique violemment, dans un communiqué de presse, Le Figaro pour avoir mis en doute l’efficacité de la « Grande Mobilisation de l’Ecole pour les valeurs de la République ». Un acte rarissime qui interroge sur sa finalité en plein état d’urgence.

Qu’a bien pu dire la journaliste du Figaro pour recevoir une condamnation officielle et publique ? Elle estime que les mesures ministérielle restent « incantatoires ou bien abstraites ». Et elle s’appuie sur des témoignages. Ainsi P Tournier, secrétaire général d’un syndicat plutôt bienveillant envers le ministère, pense que ces mesures sont « sur du long terme » et qu’il faudra « 20 ans pour réparer les fractures de la société ». Il juge le discours ministériel sur la laïcité « inaudible ». La journaliste dit aussi que la réserve citoyenne fonctionne mal. Il semble que la démonstration, quoiqu’en pense le ministère, en a été faite aux autorités le 3 décembre en Sorbonne… Bref, il n’y a rien d’extraordinaire dans cet article. Un an après le lancement de la « Grande Mobilisation » il reste beaucoup à faire.

Mais la question est ailleurs. Le ministère a tout a fait le droit de communiquer sur ses actions. Et il ne s’en gêne pas. Mais ça ne lui donne pas le droit de condamner un média, même quand il s’agit d’un titre proche de l’opposition. Ou alors c’est dire que la parole ministérielle est du même registre que l’écrit journalistique. Rassurez moi : on n’en est pas là ?

Enfin il y a une faute de sujet et de tempo. Le tempo c’est l’état d’urgence. Le gouvernement a promis que les articles de la loi de 1955 sur le contrôle des médias durant l’état d’urgence ne seraient pas appliqués. On peut au moins dire que l’état des esprits semble faire incliner le ministère en ce sens. Ensuite il y a faute sur le sujet parce qu’il s’agit des valeurs de la République. A priori la liberté de la presse en fait partie. Et historiquement, le Figaro, celui de Beaumarchais, a déjà beaucoup dit sur les rapports pouvoir exécutif et média.

François Jarraud

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