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Avec « Eduquer après les attentats », Philippe Meirieu nous offre un des livres phares de cette rentrée. Vingt ans après « L’école ou la guerre civile », P. Meirieu développe une réflexion sur l’éducation à la démocratie et au vivre ensemble. Il invite les enseignants à reprendre le flambeau des apprentissages et à persister dans un travail sans cesse à recommencer : semer le rationnel, instruire, partager. Un livre d’espoir.

Eduquer à la démocratie

Comment ne pas être ébranlé par la violence radicale qui surgit au coeur de notre société ? Devant cette situation, les enseignants se retrouvent en première ligne. Parfois accusés, bien à tort. Plus souvent, interpellés par des jeunes qui refusent la confrontation avec la science et la raison. Il sont confrontés à l’attraction que le passage à l’acte peut exercer sur une partie de la jeunesse.

Philippe Meirieu, qui s’appuie sur ses chroniques publiées dans Le Café pédagogique, développe l’idée d’une éducation qui « permette de préparer un monde où nos enfants pourront ensemble s’efforcer de « faire société » plutôt que s’entre tuer ». Cela l’amène à réfléchir aux finalités de l’éducation. Mais aussi à ouvrir des pistes pour construire une autre Ecole où on retrouvera des idées que P Meirieu a déjà défendues.

Finalité de l’éducation : c’est pour lui croire qu’une éducation à la démocratie est possible. Il en définit les outils : s’appuyer sur le débat, élargir les sujets au niveau mondial, s’appuyer sur l’art et la littérature dont les fonctions civilisatrices sont saluées.

Déprolétariser le travail enseignant

C’est lancer l’Ecole dans « un combat politique mais aussi institutionnel et pédagogique » prévient l’auteur.

Et cela commence avec le socle commun, un outil qui met « l’exigence de la démocratisation de la réussite au coeur du système ». Là P Meirieu prend position contre « l’école centrifugeuse » qui écrème sans cesse les élèves. Mais il invite aussi à ne pas « enseigner le socle ». Il veut garder « la saveur des savoirs » et défend une pédagogie exigeante, celle des « chefs d’oeuvre » réalisés par les élèves.

Plusieurs chapitres font réfléchir à des débats actuels de l’Ecole. Par exemple l’évaluation , où P Meirieu dénonce « le laxisme » de la notation. Il défend l’idée de la « classe verticale », c’est à dire un groupe d’élèves suivi sur un temps long par un même groupe d’enseignants. Cette réorganisation légère du collège , par volontariat, apporterait à la fois de la liberté pédagogique et ouvrirait toute une dimension éducatrice à la fonction enseignante.

On retrouve là une autre idée forte de P Meirieu, qui revient tout au long du livre, celle de « déprolétariser » le travail enseignant. Lui redonner de l’espace et du temps afin qu’il retrouve du plaisir et de la saveur. C’est aussi ce qui l’amène à évoquer une certaine autonomie des équipes pédagogiques quand il invite à « être jacobins sur les finalités de l’Ecole et girondins sur ses modalités ».

Contre l’école libérale et le fatalisme

P Meirieu aborde aussi la question de l’éducation à la responsabilité, une dimension bien peu prise en charge dans le système actuel. Il évoque l’influence libérale sur l’Ecole et les dégâts que cela créé.

« Oui enseigner après les attentats , pour enseigner contre les attentats, c’est possible », affirme P Meirieu en conclusion. »Il nous faut surmonter pour y parvenir bien des tentations : le découragement, le schématisme, la fatalisme, l’excommunication et la dérision. Il nous fait prendre notre part d’un problème qui nous dépasse ».

Remarquablement écrit, ce ouvrage se termine sur cet appel. Il porte un espoir mais aussi toute la culture pédagogique et la réflexion d’un penseur majeur de l’Ecole.

François Jarraud

Philippe Meirieu, Eduquer après les attentats, ESF Sciences humaines, 255 pages, ISBN 978-2-7101-3175-5

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