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 » Comment continuer à faire des mathématiques avec le programme actuel, les outils actuels, les élèves actuels ? » Un sondage réalisé par la Commission inter IREM Université, sous la direction de Pascale Sénéchaud, dresse un tableau très sombre de la réforme du lycée en série S. Les enseignants dénoncent les failles énormes en calcul. L’introduction de l’algorithmique creuse l’écart entre les élèves au bénéfice des plus forts plutôt qu’accrocher davantage d’élèves au train des maths.

Moins de capacités à calculer

Le sondage réalisé par la Commission inter IREM Université avec le soutien de l’Apmep reste très limité. Il touche un peu moins de 300 professeurs enseignant très majoritairement en première et terminale S.

Mais sa tonalité est très négative pour la réforme du lycée.  » Le malaise des enseignants est grand face à une situation difficile. La satisfaction du professeur qui fait progresser ses élèves existe-elle encore ? Soit c’est facile et l’élève aurait pu comprendre tout seul, soit c’est un peu plus dur et c’est évacué dans les problèmes posés au bac », conclue la commission.

Les enseignants  » notent tous des lacunes, des failles énormes en calcul algébrique et littéral dès la seconde puis en première et en terminale. Ces difficultés ne sont pas nouvelles, mais elles ont été sans aucun doute amplifiées par la réforme. Elles empêchent les élèves d’avancer dans des démarches calculatoires et ils deviennent incapables de faire aboutir une résolution de problème ». 80% des enseignants notent une dégradation des aptitudes des élèves en ce domaine depuis la réforme.

L’algorithmique contre le raisonnement

L’accent mis dans les programmes sur le raisonnement et la logique est accueilli très froidement. Pour les professeurs il s’agit « d’incantations stériles… Les élèves ne raisonnent pas mieux ».

L’introduction de l’algorithmique est jugée aussi sévèrement alors que la quasi totalité utilisent la calculatrice en cours et une très forte majorité l’informatique.  » Les professeurs sont d’accord pour dire que cela creuse encore plus les inégalités entre les bons et les plus mauvais élèves. Les élèves moyens pouvant aussi bien en tirer parti qu’être défavorisés », écrit la Commission.  » C’est beaucoup de temps pour peu de gain en logique et raisonnement. Pour les meilleurs élèves c’est un plus : les algorithmes une fois compris permettant d’ordonner ses idées, pour les autres c’est une (grosse) perte de temps ».

La disparition de la géométrie, résultat de l’introduction de l’algorithmique, est mal vécue par 62% des enseignants qui déplorent un effet négatif sur le raisonnement des élèves, particulièrement le raisonnement hypothético déductif.

L’enquête