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« Vous ne pourrez sortir qu’une fois le vaccin terminé ! » Telle est la mission donnée aux collégiens de 3ème du collège Notre Dame de Bressuire (79). Clara Combaud, professeure de SVT et Bernard Jaud, professeur documentaliste coordonnent un escape game autour de l’immunologie. Source d’une forte motivation parmi les élèves, le jeu d’évasion impose une coopération inhérente à la résolution. Comment se prépare cet événement pédagogique ? Quelles sont les notions scientifiques réinvesties ? Décryptage de ce projet qui rend « indispensable pour les élèves de réfléchir ensemble et de croiser leurs regards pour parvenir à débloquer la situation. »

Quel objectif pour cet Escape Game mené en 3ème ?

Il s’agit d’un projet mené à la fin du thème « Immunologie », dans la partie « Corps humain et Santé », en classe de 3ème, et qui a tenu lieu d’évaluation de fin de séquence. Il a été mené par demi-classe, séparée en deux équipes de 7 élèves environ, qui jouaient en parallèle chacune dans une salle, accompagnées par un maître du jeu.

Le scénario était en lien avec notre thème : « un virus contamine peu à peu le monde entier, vous êtes les derniers individus sains. Vous êtes enfermés dans le bureau d’un scientifique qui a commencé à travailler sur un vaccin avant de disparaître mystérieusement. Vous ne pourrez sortir qu’une fois ce vaccin terminé. »

L’objectif était de mettre les élèves dans les conditions d’un vrai escape game : 1 salle, 1 heure, 1 mission. Après un court briefing, les élèves étaient livrés à eux même, sous la surveillance du maître du jeu, qui n’intervenait que de manière très ponctuelle pour donner des indices. Leur stratégie devait suivre les 3 étapes d’un escape game : la fouille de la salle à la recherche d’indice, le déblocage des indices et la mise en relation des informations obtenues.

Quelles notions scientifiques sont réinvesties au sein des activités à réaliser par les élèves ?

Les notions et compétences scientifiques nécessaires étaient celles que nous avions développées dans le chapitre précédent :

– Utiliser un microscope pour observer une lame, reconnaître qu’il s’agit d’une bactérie

– Résoudre plusieurs QCM en reliant chaque mot à sa définition (par exemple asepsie, antisepsie, contamination, infection …)

– Remplir une grille de mots croisés avec des notions de cours

– Calculer la taille réelle d’un micro-organisme à partir d’une photographie et d’une échelle

– Résoudre un Sodoku avec des symboles de micro-organismes et les reconnaître (virus, champignons microscopiques, bactéries et protozoaires)

Quel matériel a été nécessaire pour réussir le jeu ?

Nous avons utilisé du matériel courant du laboratoire de SVT (microscope, tubes à essai, pipettes, préparations microscopiques du commerce …), du matériel récupéré au sein de l’établissement (livres du CDI, planisphères affichés dans les classes, urnes servant aux élections de délégués, cadenas…), des objets récupérés dans la réserve du laboratoire de SVT ou dans des brocantes pour préciser notre décor et recréer l’ambiance que nous souhaitions en l’occurrence le bureau abandonné d’un scientifique ; sans oublier le matériel que nous avons créé nous-mêmes (cache pour mettre sur la grille de mots croisés et faire apparaître des lettres, carnet de recherche du scientifique …).

Nous avons fait avec les moyens du bord et n’avons pas investi d’argent dans ce matériel, mais cela nous a pris du temps pour tout regrouper, trouver, et organiser, d’autant plus que nous faisions jouer deux équipes en parallèle, nous avons donc dû créer deux salles similaires avec tout le matériel en double !

En quoi l’escape game permet-il la coopération entre élève ? Comment l’évaluez-vous ?

Pour résoudre un escape game, qu’il soit dans un cadre scolaire ou non, la coopération est essentielle. En effet, il y a un gros travail de fouille de la salle de jeu : chacun doit y mettre du sien puis mettre en commun ce qu’il a trouvé.

De plus, la coopération est « forcée » par la complexité des énigmes : le rôle d’un indice dans la procédure de résolution ne saute pas aux yeux, et il est indispensable pour les élèves de réfléchir ensemble et de croiser ses regards pour parvenir à débloquer la situation.

Enfin, la nécessité de coopérer est induite par le temps donné : en 1h, il est impossible pour un élève seul de résoudre toutes les énigmes, les tâches doivent donc être réparties. Mais, une fois résolues, toutes les énigmes doivent être mises en relation les unes avec les autres. Il faut donc communiquer.

Pour l’évaluation de la coopération entre élève, elle s’est faite par l’observation durant le jeu : nous avons été attentifs aux comportements des élèves et aux stratégies qu’ils mettaient en place pour réussir.

Quels conseils donneriez-vous à des enseignants qui souhaitent mettre en place ce type de jeu en fin de séquence ? Des écueils à éviter ?

Je leur conseillerais de ne pas hésiter une seule seconde ! C’est un très beau projet, pour les enseignants comme pour les élèves. Pour les conseils pratiques, je pense que la première chose à faire est un organigramme des indices et de la façon dont ils s’enchaînent et sont à mettre en relation les uns avec les autres pour réussir. Une fois cette trame calée, il ne reste plus qu’à broder autour !

Il est également évident que c’est un projet lourd à mettre en place, qui nécessite du temps en amont, de l’anticipation, et de l’aide. Porter un tel projet seul doit être assez difficile selon moi … La coopération avec un ou plusieurs collègues pour le côté pédagogique, et avec la vie scolaire pour l’encadrement de la demi classe restante par exemple.

Enfin, c’est un plus d’avoir participé à un escape game en tant que joueur, afin de comprendre l’esprit de ce type de jeu et d’avoir expérimenté soi-même les étapes de résolution par lesquelles les élèves vont passer.

Pensez-vous reconduire l’expérience ? Quel sera le thème ?

Bien sûr ! Cette expérience a été vraiment enrichissante pour nous, et les retours des élèves sont très positifs. Je pense donc reconduire le scénario « contagion » en 3ème, avec peut-être quelques améliorations. Nous aimerions par exemple ajouter une énigme finale qui regroupe les deux équipes jouant en parallèle, afin de les mettre en situation de coopération et non de compétition entre équipes. Nous aimerions également penser à des énigmes plus « scolaires » pour que les élèves un peu perdus par l’aspect ludique s’y retrouvent mieux.

De plus, j’aimerais prendre le temps d’en créer un deuxième. J’ai plusieurs idées en tête : une « mission Mars » en 6ème, « Pompéi » ou encore « Alerte cyclone » et « Alerte séisme » en 5ème.

Entretien par Julien Cabioch

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