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Ça y est, je me suis lancée dans les « créa-maths » pour la première fois ! Ma collègue Marie, qui les pratique dans sa classe, m’en parlait depuis le début de l’année, mais je ne me sentais pas encore prête. Et puis, elle m’a fait suivre un lien pour regarder un documentaire sur l’école de Mons-en-Baroeul, qui fonctionne entièrement en pédagogie Freinet, et que j’avais visitée il y a quelques années. Dans ce film, il y a une séquence que j’ai trouvée exceptionnelle, où à un moment, un petit garçon se met à comprendre ce que l’un de ses camarades vient d’expliquer lors de la présentation de sa création mathématique. Ça se passe en plusieurs temps : d’abord il ne comprend pas, puis l’enseignante demande à sa voisine (qui a compris) de le lui expliquer. Il semble ne pas mieux comprendre. Puis il recommence son calcul et on le VOIT comprendre. Il dit à mi-voix, d’ailleurs : « J’ai compris ! ». Et son visage s’illumine. Il rayonne de joie : magique !

Enfin, autre déclencheur de motivation : j’ai lu le « moment champagne » paru ici de Philippe Gilg, « Les mathématiques… ou le plaisir de chercher », qui parlait aussi de créations mathématiques et du plaisir qu’elles avaient procuré… aux élèves comme aux enseignants

Stimulée par ces différentes sources d’inspiration, je me suis dit qu’il fallait que j’essaie.

Le lundi, j’ai ma classe de CM1 en demi-groupe pendant une heure, et d’habitude, j’utilise ce moment pour faire de l’informatique et des textes libres. Le week-end dernier, j’ai donc décidé de remplacer l’informatique par un moment de « créa-maths ». Pour le tester, sans me mettre la pression, juste pour donner plus de sens aux enseignements en mathématiques, dont je ne suis jamais très satisfaite. Je suis une littéraire et j’avoue qu’en maths, j’ai parfois l’impression de « perdre » certains élèves plutôt que de leur apporter de l’envie et de la compréhension…

Je me suis dit que j’allais essayer « à petite dose », comme un plus à ce que nous faisons avec le manuel (qui me rassure… et m’angoisse en même temps car j’ai l’impression de ne pas aller assez vite !)

J’ai donc évoqué la présence de cette nouveauté lors de la présentation du programme de la journée aux élèves. Au début de la séance, j’ai distribué à chacun une feuille blanche et leur ai demandé d’« inventer quelque chose de mathématique en utilisant des chiffres, des lettres, des signes mathématiques, les lignes, des points ». Ils m’ont regardée avec des yeux interrogateurs. Je leur ai répété la consigne et leur ai dit de se lancer, comme en texte libre… Je leur ai annoncé que je ramasserai leur production dix minutes plus tard. Certains ont commencé à écrire. J’ai circulé parmi eux pour les encourager, regarder leurs idées. En ramassant les feuilles, je leur ai expliqué que nous allions regarder de plus près une création, que j’allais afficher au tableau, et qu’ils allaient la commenter, à l’exception de son auteur, qui expliquerait en dernier ce qu’il avait voulu faire.

Les échanges ont été vraiment passionnants, intéressants, questionnants. Nous n’avons eu le temps d’observer et de commenter que deux productions (dont une, ci-jointe en photo). Je pense que je les photocopierai, pour que ceux qui le désirent puissent poursuivre leurs recherches dessus…

Ce nouveau moment m’a semblé comme une pépite. Je ne sais pas encore comment il évoluera, ce qu’il deviendra dans la classe cette année, l’an prochain… mais je sens déjà que les maths prennent une autre saveur !

Charlotte Marin

Article Philippe Gilg

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