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« C’est pas moi, ce sont les enseignants ». Pour Bernard Butin, proviseur du lycée Camille Desmoulins du Cateau Cambrésis, la réussite de son lycée tient à la qualité de son équipe enseignante. Comment un lycée d’une petite ville isolée, dans une région économiquement déprimée, avec 68% d’élèves de milieu défavorisé, peut-il devenir un des meilleurs lycées de France ? Une situation qui ne doit rien au hasard et tout à un engagement éducatif.

Deux fois dans les 10 premiers lycées de France

La réussite du lycée Camille Desmoulins du Cateau Cambrésis se lit dans les résultats des indicateurs des lycées du Ministère de l’éducation nationale. En série S non seulement le lycée compte 100% de reçus, mais aussi son taux de réussite est de 15 points supérieur au taux attendu compte tenu de la composition sociale des élèves. Enfin ce résultat est obtenu avec un taux d’accès supérieur au taux attendu : le lycée ne trie pas ses élèves avant de les présenter au bac mais au contraire il les pousse vers le bac et prend des risques. Ce résultat inscrit le lycée dans les 10 premiers en série S. Et c’est renouvelé en série STMG avec là aussi 15 points au dessus du taux attendu.

Pourtant le lycée part avec des handicaps. D’abord l’isolement. Le Cateau Cambrésis est une petite ville de 7000 habitants située au sud du département du Nord, à la limite d’un parc naturel régional. Cette ancienne capitale du textile (le travail de la laine) et de la faïence est en reconversion économique depuis la fermeture de ses filatures et ses usines.

Un lycée familial

Le lycée Camille Desmoulins est un petit établissement de 600 élèves et une cinquantaine d’enseignants. Il compte 5 classes de seconde et au final 4 de terminale générale et technologique (une L, une ES, une S, une STMG) avec une filière professionnelle service et une BTS PME PMI.

Pour Bernard Butin, le proviseur, les bons résultats de l’établissement tiennent à cette dimension. « On a l’avantage d’un petit établissement : les gens se connaissent bien », dit-il. L’établissement garde ses enseignants. Il y a peu de turn over et des professeurs font la plus grande partie de leur carrière dans le lycée, voire y reviennent. Ils ont le temps d’y développer leur pédagogie et de valoriser leur série. « Il y a un petit coté familial » , dit B Butin.

Il faut ajouter que B. Butin n’hésite pas à donner « ses » professeurs en exemple. L’équipe de STMG « valorise sa filière ». La professeure documentaliste est « très active », etc. Tout spontanément c’est la première chose qu’il nous a dite : si lycée fonctionne aussi bien « c’est pas moi, ce sont les enseignants »…

Un vrai accompagnement personnalisé

Mais la réussite tient aussi aux projets pédagogiques de l’établissement. « Depuis 6 ans on a mené une réflexion du l’accompagnement personnalisé », explique B Butin. A leur arrivée en seconde un gros travail méthodologique est fait pour apprendre aux nouveaux lycéens à prendre des notes, à gérer leur agenda, à apprendre à apprendre. Le proviseur fait sa part : l’accompagnement personnalisé est dédoublé dans toutes les classes, sauf petits effectifs, fait rare.

L’accueil des élèves

Le lycée a ouvert aussi une « euro classe  » qui accueille des élèves qui ont fini le collège avec un niveau très juste et qui manquent de confiance en eux. « On va dans les collèges, on rencontre les professeurs principaux et les parents et on propose cette classe pour accueillir des enfants qui hésitent sur la poursuite d’études ». Dans cette classe un gros effort est fait « pour les faire grandir scolairement » et les amener à poursuivre.

Une politique culturelle

Dernière carte de l’établissement. Le Cateau Cambrésis a été une ville prospère. . La ville garde aussi de sa splendeur passée des équipements culturels. C’est là que Matisse est né et il y a créé un musée connu dans le monde entier. « On a une politique culturelle », explique B Butin. Tout cela aide le lycée à lutter contre l’isolement culturel. Le lycée ouvert une option histoire des arts qui marche très bien.

Les bons résultats du lycée tiennent à ses engagements. Rien d’époustouflant. Pas de bling bling. Juste des hommes et des femmes investis pour faire grandir des petits d’homme et lutter contre les déterminismes sociaux. Du beau travail d’enseignant.

François Jarraud