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La publication des premiers résultats des concours de recrutement 2018 donnent à penser que près de 1200 poste ne seront pas pourvus à la rentrée. Alors que le ministère a annoncé la stabilité du nombre de postes d’enseignants, il semble que l’on va assister à une première baisse de leur nombre. Après des années de recrutement en hausse du nombre d’enseignants depuis 2012, le ministre amorce un tournant gestionnaire pour l’Education nationale.

Premier degré

Dans le premier degré, les résultats des épreuves d’admissibilité au concours externe de professeur des écoles mettent en lumière l’aggravation de la crise du recrutement dans les académies de Versailles et de Créteil.

A Créteil, 1379 candidats ont été déclarés admissibles. Or 1450 postes sont offerts cette année au concours. Même en ayant diminué de 150 places le nombre de postes cette année, il est clair que tous les postes ne seront pas couverts. Le déficit devrait dépasser 71 postes. En reprenant le ration admis / admissibles de l’an dernier (80% d’admis) on obtiendrait environ 1100 admis soit un déficit d’environ 350 postes. L’année dernière 489 places n’avaient trouvé preneur.

Sur Versailles la situation est bien pire. On compte 1657 admissibles pour 1700 postes proposés. Il est clair que 43 postes ne seront pas couverts. Mais en reprenant le ration d’admis de 2017 (85%) on obtiendrait 1408 admis. Dans cette hypothèse ce sont environ 300 postes qui en seront pas couverts. L’année dernière le déficit n’a été que de 74 postes.

Au total ce sont près de 700 postes qui ne seront pas couverts dans le premier degré et qui vont manquer dans les classes.

Dans le second degré

Au capes externe d’anglais seulement 1521 candidats ont été reconnus admissibles en 2018. Cela semble suffisant pour les 949 postes offerts en 2018. Rappelons que 1190 postes étaient proposés en 2017. Mais l’expérience des années antérieures laisse attendre un taux de refus de 56% des admissibles. On devrait donc avoir en 2018 environ 852 candidats admis et donc près de 100 postes non pourvus.

Cette estimation vient après celles des autres disciplines. Les résultats de l’admissibilité au Capes externe montrent aussi des déficits à venir en lettres, allemand et maths. En lettres classiques on compte 105 admissibles (autant qu’en 2017) pour 183 postes. Il est clair qu’ils ne seront pas couverts. Si on reprend le ration admis / admissibles de 2017 on compterait 85 admis seulement (comme en 2017) c’est à dire que 53% des postes ne trouveraient pas preneurs alors que le nombre de postes a été fortement réduit (183 au lieu de 230).

En lettres modernes, on a 1390 admissibles soit 150 de moins qu’en 2017. Cela pourrait donner 1029 admis pour 1040 postes. Là le ratio s’améliorerait par rapport à 2017 mais du simple fait d ela forte réduction du nombre d e postes (1040 au lieu de 1288).

En allemand on compte 228 admissibles cette année, contre 224 l’an dernier, pour 275 postes proposés. Avec le taux de 2017 cela ferait 125 admis soit 45% de postes non pourvus. A l’évidence le rétablissement des classes bilangues n’a pas eu d’impact sur l’attractivité du métier.

En maths, on compte 1760 admissibles pour 1183 postes. Cela semble suffisant. Mais l’expérience des années précédentes montre qu’un fort pourcentage d’admissibles ne sont pas admis. En 2017 on n’a compté que 55% d’admis chez les admissibles. Dans ce cas on compterait seulement 968 admis en 2018 soit un déficit de 215 postes, un pourcentage un peu inférieur à celui de 2017.

Un budget sincère ou comptable ?

Le ministère avait annoncé la stabilité du nombre des postes en 2018 avec une hausse dans le premier degré et une baisse dans le second. Il avait cela par la volonté d’avoir un budget « sincère » et d’ajuster le nombre de postes ouverts à la réalité de la demande.

Finalement on constate toujours de fortes différences dans de nombreuses disciplines du secondaire et un déficit au primaire. Ce n’est pas une stabilité du nombre de postes qui se dessine en 2018 mais bien une baisse. Le ministère renoue ainsi avec une politique que l’on avait oublié depuis 2012 : la réduction du nombre d’emplois d’enseignants.

Le ministre promet de favoriser les pré recrutements prochainement. C’est une bonne idée . Mais il a aussi annoncé vouloir distinguer entre réussite au concours et recrutement. Appliquer cette idée serait-il sans effet sur l’attractivité du métier enseignant ?

François Jarraud

Les résultats 1er degré

Les résultats 2d degré

Sur le budget 2018