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2019, l’année du grand changement ? C’est ce que pensent Francette Popineau et Régis Metzger, co-secrétaires généraux du Snuipp. Le premier syndicat du primaire a insisté sur les mutations de fond enclenchées par JM Blanquer à cette rentrée. Le syndicat estime qu’elles n’aideront pas l’école notamment en ce qui concerne les ajustements de programme et les nouvelles évaluations.

Des ajustements qui imposent une nouvelle philosophie

« C’est subtil. C’est une transformation profonde qui ne va pas déranger dans un premier temps le quotidien de la classe. Mais derrière il y a un rouleau compresseur ». Pour Francette Popineau, co-secrétaire générale du Snuipp, « la rentrée se manifeste par un changement de paradigme, une volonté de transformation profonde » de l’école. Cette volonté est imposée par « l’idéologie d’un homme qui avance tout seul », JM Blanquer.

Qu’est ce qui justifie aux yeux du Snuipp cette vision ? D’abord les « ajustements » de programme. Relevant que les programmes précédents n’ont pas été évalués et même pas réellement acquis, F Popineau estime que les ajustements « tombent du ciel » sur les enseignants. « Le ministre a juré qu’il ne participerait pas au yo-yo des programmes mais il n’a pas pu résister. Il détricote la philosophie des programmes » avec les ajustements.

Le Snuipp en est convaincu : les nouveaux programmes ne vont pas aider les élèves les plus fragiles car ils ne leur apporte pas de solution. « Leur problème ce n’est pas le décodage mais la compréhension comme le montrent les évaluations internationales », estime F Popineau en faisant allusion à Pirls. « Ce n’est pas en travaillant le code qu’on comprend un texte ». Le Snuipp annonce l’arrivée prochaine des repères annuels qui « vont casser les cycles ».

Des dédoublements qui ne répondent pas toujours aux besoins

Pour le syndicat les dédoublements de CP et Ce1 en Rep+ sont positifs. Mais il oublient des élèves : 70% des élèves défavorisés ne sont pas en Rep+. D’autre part ils ne concernent que deux niveaux. Le Snuipp a calcul qu’avec 2000 postes supplémentaires on pourrait ramener à 20 élèves par classe tous les niveaux des Rep+. Il relève aussi que le dédoublement de Ce1 se passe pas très bien : les communes n’ont souvent plus de locaux.

Et puis le dispositif ne répond pas toujours aux besoins. « On a des enfants qui sont dans des situations sociales ou des souffrances telles que la pédagogie ne suffit pas » remarque F Popineau. « Des enfants malnutris, mal soignés. Il n’y a rien pour eux à cette rentrée », remarque-t-elle.

La mise en place du pilotage par les résultats

Mais le grand moteur du changement ce sont les évaluations, multipliées cette années en Cp et Ce1. « On a pas le contenu des tests », remarque F Popineau qui se rappelle que l’année dernière les syndicats avaient relevé des erreurs grossières dans les tests préparés pour le CP. « L’évaluation est un outil du maitre. C’est lui qui connait les élève set peut proposer une remédiation », estime-t-elle. « Quand il ne comprend pas les difficultés de l’élève , il a besoin d’un enseignant spécialisé, d’un médecin ou d’une assistante sociale. Tout cela n’est pas abordé », rappelle le Snuipp. « Dans ce cas on peut évaluer ça sert à quoi ? »

F Popineau rappelle le pilotage par les tests dans de nombreux pays et l’absence de résultats. Le meilleur exemple à ses yeux est la Suède : elle est allée le plus loin et a vu ses résultats chuter. En Angleterre les parents ont carrément obtenu le retrait des évaluations de CP qui stressaient trop des élèves trop jeunes.

Un thème sur lequel le Snuipp va revenir ce trimestre avec un colloque sur le thème « Enseignants exécutants ou concepteurs » en novembre et une université d’automne qui traitera du « pouvoir d’agir des enseignants ».

« On encadre de plus en plus les enseignants. On les dépossède de leur culture pédagogique. Le métier va changer », estime R Metzger. « Si les enseignants attendent du positif de cette rentrée ils n’en trouveront pas. Ils ont le gel du point d’indice, la journée de carence et les plus mauvais salaires de l’OCDE ». Inquiétante rentrée…

François Jarraud

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