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Les élèves peuvent ils avoir leur mot à dire sur les aménagements ? C’est le pari de la géographie prospective. C’est aussi celui de Jean Marc Saum, professeur d’histoire-géographie au lycée de Lunéville, dans un travail plus facilement transposable portant sur le risque d’inondation en Ile de France.

Votre séquence utilise les smartphones des élèves. Pourquoi ?

Globalement dans mon enseignement je les utilise peu. Mais je ne m’interdis pas de les utiliser. Et l’intérêt du smartphone c’est l’interactivité. Le smartphone est aussi un outil d’information et de connaissance accessible à tous. On doit se soucier que le citoyen sache l’utiliser. En classe il peut y avoir des problèmes avec les smartphones. Mais c’est aussi un outil d’appoint précieux.

Dans votre séquence, les élèves se repèrent sur des cartes. Comment se représentent-ils les risques à partir d’une carte ?

Pour faire cela ils utilisent les ressources de l’IAU d’Ile de France et ses analyses : photos, cartes, paysages à 360° avec Google Earth. Ils passent de la carte à la visualisation.

Je commence par une vidéo d’actualité sur les inondations à Villeneuve Saunt Georges. Et on plonge dans la dimension du géographe avec une analyse géographique et non émotionnelle de ce qui se passe. On part d’une situation concrète pour se mettre dans une perspective géographique et comprendre les inondations en croisant facteurs naturels et humains.

Dans une seconde partie, à Gennevilliers, on se place dans un autre angle, celui de l’aménageur. Les élèves se mettent à la place du maire et essayent de repérer les espaces à risques. Ils proposent aussi des aménagements pour limiter le risque. Les élèves voient que le risque n’est pas que naturelle et comment il touche les populations les plus fragiles. Là ils deviennent acteurs. Certains anticipent des pistes. Certains s’étonnent que tel espace à risque puisse être densément peuplé.

C’est de la géographie ou de l’EMC ?

C’est les deux. Il n’y a pas d’opposition. La géographie est une approche scientifique mais il y a toujours une dimension civique dans ce qu’on travaille en classe. Les deux sont associées.

Les élèves réinvestissent cette analyse portée en classe dans leur vie ?

Je constate que la manière dont ils pratiquent le numérique passe beaucoup par le smartphone. Si grace à l’école ils peuvent l’utiliser différemment c’est bien. Ils voient que le smartphone peut aussi être un outil d’analyse.

Moi-même j’ai appris à repenser la relation au numérique dans mon travail. Par exemple dans la gestion du temps quand on utlise des QR codes. Et aussi dans le rapport à l’espace de la classe. Il faut gérer davantage derrière que devant la classe. Et puis il y a aussi de nouveaux rapports avec les élèves qui apparaissent dans ce type de séance.

Les travaux du CREN ont montré qu’on peut avec le numérique révéler les différences entre les élèves avec un outil qu’on croit bien maitrisé par les élèves. Utiliser le smartphone impose de repenser sa manière d’enseigner. Et faire cela c’est le sel de notre métier.

Propos recueillis par François Jarraud

La séquence