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Le Café pédagogique l’avait annoncé en exclusivité le 9 juillet. C’est maintenant officiel : Jean-Marc Huart quitte la direction générale de l’enseignement scolaire (Dgesco). Il est remplacé par Edouard Geffray, jusque là DRH du ministère. Sept recteurs sont également nommés à Lyon, Bordeaux, Toulouse, Nancy-Metz, Clermont, Dijon et Amiens. Ces nominations interrogent sur la politique suivie par JM Blanquer.

Edouard Geffray nommé Dgesco

L’information donnée en exclusivité par le Café pédagogique le 9 juillet, et que le ministère n’avait pas voulu confirmer, était bien exacte. Jean Marc Huart, nommé en 2017 par JM Blanquer à la tête de la puissante direction générale de l’enseignement scolaire, quitte le ministère. Le Conseil des ministres du 24 juillet l’a nommé recteur de la région académique Grand Est, recteur de Nancy-Metz, en remplacement de Florence Robine, elle-même ex-Dgesco. Edouard Geffray, DRH du ministère, énarque, ancien directeur du cabinet de F Bayrou à la Justice, est nommé directeur de l’enseignement scolaire (dgesco).

Six nouveaux recteurs

Le Conseil des ministres a aussi procédé à la nomination de 6 autres recteurs. Olivier Dugrip, un juriste, ancien recteur de Dijon (2005), Toulouse (2008) puis Bordeaux (2013) est nommé recteur de la région Auvergne Rhône Alpes, recteur de Lyon. Il remplace Danièle Campion.

Anne Bisagni-Faure, ancienne conseillère de M Valls et G Fioraso, rectrice de Toulouse (2018) est nommée rectrice de la région Aquitaine, rectrice de Bordeaux. Elle hérite d’un rectorat où la réforme territoriale suscite de vives réactions.

Benoit Delaunay, un juriste, recteur de Clermont (2018) est nommé recteur de Toulouse. Karim Benmiloud, un hispaniste, devient recteur de Clermont-Ferrand. Nathalie Albert-Moretti, juriste, est nommée rectrice de Dijon où elle remplace Frédérique Alexandre Bailly, nommée en 2016. Stéphanie Dameron, agrégée de sciences économiques et de gestion, est nommée à Amiens où elle remplace Béatrice Cormier, nommée en 2018.

Les contraintes d’une nomination

On a pu s’étonner du moment du départ de JM Huart. En effet, il a préparé la rentrée 2019, qui s’annonce particulièrement délicate. L’école maternelle va devoir appliquer la loi Blanquer sur l’instruction obligatoire et notamment l’accueil des petits de 3 ans avec des obligations légales nouvelles. La rentrée au collège s’annonce elle aussi délicate faute de moyens. Quant au lycée le nouveau Dgesco devra à la fois essuyer les platres d’une réforme sans moyens et de l’hostilité ouverte de nombreux enseignants. La nomination de JM Huart en aout 2017 marquait surtout la précipitation du nouveau ministre d’imposer ses hommes à la tête du ministère. V Peillon avait attendu novembre (2012) pour remplacer JM Blanquer à la tête de cette même Dgesco.

Plusieurs noms circulaient début juillet pour le poste. Le choix d’E Geffray, comme celui des recteurs, est une marque de confiance de l’Elysée envers JM Blanquer. Car c’est bien cette question qui était posée par le départ soudain de JM Huart.

Après les crises générées par deux articles de la loi Blanquer (l’article 1 et l’EPSF), après les fermetures de classe dans le rural où le président a du monter au créneau, après des perturbations sans précédent lors du bac, JM Blanquer pouvait apparaitre au sein de la majorité davantage comme un problème qu’une solution. Le remplacement du Dgesco, véritable numéro 2 du ministère, donnait l’occasion à la majorité d’encadrer JM Blanquer.

Très clairement le choix d’E Geffray et des recteurs montre que cette hypothèse est levée. JM Blanquer reste seul maitre dans son ministère avec l’aval de l’Elysée.

Une gestion personnelle

Mais ce choix a aussi ses revers. La direction générale de la vie scolaire  » élabore la politique éducative et pédagogique et assure la mise en œuvre des programmes d’enseignement des écoles, des collèges, des lycées et des lycées professionnels ». Elle règne sur tout l’enseignement primaire et secondaire. C’est un immense empire au sein du ministère qui gère tout ce qui est pédagogique mais aussi la formation, la gestion des programmes budgétaires et des moyens d’enseignement. La particularité d’E Geffray c’est qu’il est nouveau à l’Education nationale ce qui n’aide pas pour penser une politique éducative et controler une administration aussi vaste.

L’éducation nationale ne manque pourtant pas de cadres chevronnés connaissant l’éducation et les bureaux. Après la nomination d’une ingénieure de l’armement à l’action pédagogique, le choix fait par JM Blanquer pour administrer la direction scolaire de son ministère est aussi une marque personnelle pour le destin de l’Ecole.

François Jarraud

Exclusif : Jean-Marc Huart quitte la Dgesco