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Comment améliorer le cadre de vie des lycéens par un projet de développement durable ? Annaig Anquetil, enseignante de SVT au lycée Roza Parks de Montgeron (91) encadre le club “Lycée Vert” qui rassemble des élèves porteurs de projets. Avec la présence de 2 vaches, 4 brebis et de 4 chèvres au sein de l’établissement, la mise en place de l’éco-pâturage a permis de réhabiliter le parc du lycée. A l’aide d’une association locale, le projet implique toutes les forces vives de l’établissement. « Les élèves peuvent s’installer de façon prolongée dans le parc et même travailler à proximité des enclos », souligne l’enseignante. Avec ses 11 années d’existence, le club s’adapte au gré des réformes qui obligent « à repenser l’organisation disciplinaire du projet ».

Quels sont les projets du club Lycée Vert ?

Le club a des projets très variés qui vont de l’activité ponctuelle au projet porté par les élèves et présenté au conseil d’administration de l’établissement. Tous ont en commun de sensibiliser la communauté scolaire aux questions en relation avec le développement durable : mieux connaître, protéger et augmenter la biodiversité locale, réduire nos déchets, faire preuve de solidarité… Cela passe de l’atelier de confection de produits de soin bio et zéro déchet à la mise en place d’un éco-pâturage au lycée en passant par la réalisation et l’installation de nichoirs. Nous essayons de former les éco citoyens de demain et de répondre au besoin que manifestent certains élèves d’agir pour transformer le lycée afin de le rendre plus durable.

Comment se met en place un éco-pâturage au sein d’un établissement ?

Il faut bien entendu que l’idée émerge. Pour nous ce fut à la faveur d’une rencontre: notre cheffe des services administratifs et financiers, qui est aussi référente Développement Durable, a rencontré Alain Divo qui gère l’entreprise Ecoterra dont l’objectif est de développer l’éco-pâturage comme alternative à la gestion des parcs, jardins et paysages. Il favorise les animaux domestiques, rustiques, de races locales françaises à petit effectif ce qui permet d’assurer la pérennité de ces races victimes de la sélection agricole massive.

Elle a soumis l’idée au club et les élèves ont été immédiatement enthousiastes. Un tel projet nécessite également de convaincre les agents chargés de l’entretien des espaces verts et nous avons la chance d’avoir une équipe qui s’est montrée très réceptive au projet. L’implication des agents a même été au delà de nos espérances puisqu’ils ont non seulement assuré l’accueil des animaux (préparation des enclos, des abris, ravitaillement en eau…) mais ils ont tenu à faire de ce projet d’éco pâturage un projet 100% durable en utilisant des matériaux de récupération aussi souvent que possible. Ils ont fabriqué les portails des enclos fabriqués à partir de palettes récupérées par exemple.

Quelles espèces sont présentes ? Comment gérez-vous l’alimentation et le soin nécessaires aux animaux ?

Nous avons accueilli au printemps 2019 2 vaches et 1 velle (des bretonnes pie noire et pie rouge), 2 brebis de Ouessant (qui ont eu chacune un petit depuis leur arrivée), 2 brebis et un bélier d’ile de France accompagnés de deux agneaux ainsi que 4 chèvres et un chevreau des fossés. L’alimentation et le soin des animaux est assuré par nos agents et Alain Divo effectue des visites ponctuelles pour s’assurer que tout se passe bien. Il répond aussi à nos interrogations diverses concernant les animaux. Pendant les vacances scolaires, une association locale assure l’entretien et la surveillance des animaux.

En quoi la réhabilitation du parc du lycée a-t-il influencé le climat scolaire ?

Nous avons la chance de travailler dans un lycée qui est situé au sein d’un très grand parc de 27 ha. Avant l’accueil des animaux dans notre parc, les élèves s’y rendaient très peu et ils avaient tendance à rester dans les bâtiments ou à leur proximité immédiate. Depuis la mise en place de l’éco pâturage les élèves se sont réappropriés le parc. Il est fréquent désormais, pendant les récréations, la pause déjeuner et même le matin avant le début des cours, de voir des groupes d’élèves descendre dans le parc pour rendre visite aux animaux. L’éco pâturage notamment en permettant une meilleure répartition des élèves sur le site, favorise un climat scolaire apaisé. Par ailleurs, des fauteuils de type Adirondack et des tables ont été installés à proximité des enclos. Ainsi, quand la météo le permet, les élèves peuvent s’installer de façon prolongée dans le parc et même travailler à proximité des enclos. Les retours des élèves concernant ces aménagements sont très positifs.

Comment avez-vous vécu l’évolution de la sensibilisation au développement durable au sein du lycée ? Et au cours de la nouvelle réforme du lycée ?

Notre club a fêté ses 11 ans cette année. Au départ il s’agissait d’un petit groupe d’élèves sensibles aux questions environnementales qui se réunissaient une fois par semaine pour préparer des expositions, effectuer un inventaire naturaliste (plantes, oiseaux, chauves souris…) ou participer à des sorties thématiques (crapauduc, visite du jardin écologique du jardin des plantes…). Depuis quelques années, il a pris une belle ampleur, notamment à la faveur d’un changement récent de direction de l’établissement, qui a permis de concrétiser beaucoup de nos idées. Petit à petit, le nombre d’élèves et d’enseignants impliqués a augmenté ce qui a permis au projet de dépasser les limites du club. Depuis l’an dernier, nous avons des écodélégués au lycée et notre projet est inscrit au projet d’établissement pour les 5 années à venir.

La réforme du lycée nous contraint à repenser l’organisation disciplinaire du projet : de nombreuses activités en relation avec nos jardins ou notre poulailler étaient jusque là proposées à nos élèves dans le cadre de l’enseignement de SVT ou des sciences de laboratoire (SL). Les contenus en relation avec le développement durable sont désormais plus rares en SVT et l’enseignement de SL a disparu. Il nous faut repenser le projet. Réinventer ce projet pour qu’il perdure et continue à prendre de l’ampleur c’est donc notre objectif principal en cette rentrée 2019. La surcharge de travail occasionnée par la mise en place de plusieurs nouveaux programmes en même temps en septembre freine un peu notre dynamique mais nous avons envie que le projet perdure et même qu’il continue à se développer alors nous allons essayer de davantage impliquer les instances représentatives des élèves, les parents d’élèves et les partenaires associatifs cette année.

Quelques mots sur les prolongements du projet au Bénin…

Grâce à Mme Slop, professeure d’histoire-géographie au lycée à la retraite et membre de l’ADRP (Association pour le Développement de la région de Possotomé), le lycée organise des actions en faveur du Bénin depuis de nombreuses années. Elle animait un club Bénin lorsqu’elle était encore en activité au lycée, club avec lequel le lycée vert travaillait souvent et après son départ à la retraite nous avons souhaité poursuivre la collaboration.

Elle anime donc désormais des conférences afin de leur faire découvrir les enjeux du développement durable au delà de nos frontières et propose une exposition sur le Bénin dans le hall de l’établissement dans le cadre de la semaine du développement durable. Nous organisons aussi plusieurs manifestations dans l’année afin de soutenir le projet de développement agricole et le centre de rééducation nutritionnel de Possotomé.

Entretien par Julien Cabioch

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