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Etienne Butzbach, coordinateur du réseau mixité à l’école pour le CNESCO présentait le 19 octobre le rapport sur la mixité sociale à l’Université d’Autonome (UDA) du SNUipp-FSU. Ce rapport (« L’éclairage de terrain de certaines politiques locales de mixité à l’école ») publié en 2018 faisait suite à la conférence de comparaison internationale sur cette thématique organisée par le CNESCO en 2015. La commande était simple : inventorier les expérimentations existantes sur le territoire afin d’établir un référentiel des conditions de réussite d’une politique de mixité scolaire. Etienne Butzbach en a présenté quelques-unes, dont celles de Toulouse ou encore Lyon.

La mixité scolaire pour apprendre à faire société

Avant toute chose, Etienne Butzbach a tenu à rappeler l’enjeu d’une mixité scolaire et sociale. « Comment faire société si nous ne sommes pas capables de vivre ensemble ? L’école est l’un des lieux fondamentaux pour cela ». Mais ce n’est pas simple dans les faits au niveau des écoles primaires car elles sont des lieux de proximité. Pourtant certaines communes essaient, comme Belfort, une ville dont il a été maire. Aussi, les expérimentations qu’il présente se rapportent à des collèges.

Un choix ambitieux : Toulouse

Toulouse a eu la politique la plus radicale : fermer deux collèges ségrégués. Deux collèges pour lesquels il y avait un fort phénomène d’évitement y compris des classes populaires. « Il faut savoir que lorsqu’un collège est fortement ségrégué, il y a non seulement une fuite des familles les plus favorisées, peu nombreuses, mais des moins favorisées, notamment celles qui sont particulièrement soucieuses de l’avenir scolaire de leur enfant. Et cela accentue le problème de mixité car bien souvent, ces élèves qui fuient le collège de quartier sont ceux qui seraient têtes de classe ». Dans un premier temps, la collectivité a re-sectoriser cinq écoles de l’un de ces collèges vers cinq collèges plutôt favorisés de centre-ville. À partir de cette année, ce sont trois autres écoles du second collège qui ont été orientées vers six autres collèges. C’est donc, de fait, une nouvelle sectorisation. Etienne Butzbach donne l’exemple de l’école du Mirail, à peu près deux cents enfants, qui est aujourd’hui sectorisée sur le collège Ferma, l’un des collèges les plus favorisés de la ville.

Associer parents et équipe pédagogique pour lever les inquiétudes

Ce choix ambitieux s’est heurté à de multiples inquiétudes et cela, à plusieurs niveaux. Au niveau des familles des collèges qui fermaient, par exemple. L’éloignement mais aussi la façon dont seront accueillis leurs enfants étaient sujet à nombre d’inquiétudes. Comment seront-ils accueillis ? Seront-ils relégués en fond de classe ? Du côté des familles de centre-ville, la qualité du climat scolaire était le centre de leurs préoccupations. La situation s’est apaisée quand Ils ont compris qu’il s’agit d’accueillir de nouveaux élèves et non d’envoyer leurs enfants dans les collèges enclavés.

Les enseignants, aussi, ont formulé plusieurs craintes. Comment accueillir une telle hétérogénéité d’élèves sans un accompagnement de l’institution ? Des inquiétudes levées grâce à leur volonté d’implication. Les parents ont été rassurés lorsqu’ils ont compris que la décision était mûrement réfléchie avec la mise en place de transport scolaire mais aussi d’un accompagnement des enseignants dans l’accueil de leurs enfants. Du côté des équipes pédagogiques, c’est en termes de moyens que l’institution a fourni des garanties. Pas plus de vingt-cinq élèves par classe, par exemple. Mais aussi, des maîtres supplémentaires inter-degrés pour une meilleure liaison et un meilleur accompagnement entre école et collège. Les garanties se sont aussi formalisées par des formations et le recrutement d’AED (Assistants d’éducation). Des moyens existants aujourd’hui mais qui doivent être pérennisés et généralisés comme le reconnait Etienne Butzbach. « Il faut une volonté forte et que tout cela soit gravé dans le marbre ».

Il termine son propos en rappelant que la mixité scolaire dans les établissements doit être une opportunité pédagogique pour les enseignants et l’institution qui devront s’en saisir pour contribuer à la réussite de tous les élèves.

Quand il fait le bilan, le conférencier note que pour une ville comme Toulouse, pratiquement 100% des familles suivent aujourd’hui leur affectation mais aussi que le recours aux établissements privés est en baisse. Mais il reconnaît aussi des limites à ce qui est possible. Comme réussir une mixité sociale quand toute une ville est enclavée et en difficulté en donnant l’exemple de Vaulx-en-Velin. « La volonté de mixité scolaire doit absolument s’inscrire dans une politique de la ville ambitieuse ».

Lilia Ben Hamouda

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