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A peine réformé , déjà « aménagé ». Dans une lettre envoyée le 6 janvier, JM Blanquer valide plusieurs aménagements proposés par le Comité de suivi de la réforme du lycée. Cela concerne le français, avec un nombre de textes diminué, l’anglais, avec l’annonce d’une nouvelle spécialité et les maths, avec la constitution de « groupes de compétences » et en fin l’organisation des conseils de classe et les professeurs principaux. Pour le ministre il s’agit d’offrir « davantage d’accompagnement et de progressivité ». JM Blanquer valide plusieurs propositions du comité de suivi. Certaines sont attendues par les enseignants. D’autres vont décevoir.

Français

En français, le ministre réduit le nombre de textes étudiés en première générale à « entre 20 et 24 textes » et « 13 à 16 textes » en première technologique. Plus important encore : « le programme sera dorénavant renouvelé par quart chaque année ». Jusque là le programme devait être renouvelé par moitié chaque année, imposant aux enseignants, qui ont déjà perdu la liberté de choix, une course perpétuelle à la préparation chaque été. Dans aucune autre discipline les enseignants sont soumis à une telle course. La décision ministérielle sera accueillie avec soulagement et cela diminuera le profond mécontentement des professeurs de français vis à vis de programmes jugés souvent catastrophiques.

Anglais

En anglais, le ministre répond à la critique portant sur la dimension trop littéraire de la spécialité . Dès la rentrée 2020, en 1ère et terminale, sera proposée une nouvelle spécialité « anglais monde contemporain » qui fera « une place de choix à la lecture de la presse et à l’expression orale ». Apparemment les deux spécialités seront proposées mais il est probable que ce rajeunissement de l’enseignement absorbe la spécialité vieillotte imposée actuellement.

Maths

En maths, le ministre ne veut pas revenir sur la spécialité jugée trop difficile pour la majorité des élèves et qui risque d’être largement abandonnée en terminale. Il propose donc d’offrir dans chaque établissement l’option maths complémentaire proposant ainsi « des parcours mathématiques divers ». Pour le reste il estime que « la réponse est d’abord d’ordre pédagogique » et il invite à « travailler la constitution des groupes de compétences ».

Sur ce terrain l’écart est grand entre ce que demandent les enseignants, par exemple par le biais de l’APMEP, et les propositions ministérielles. L’option maths complémentaires , comme toutes les options, est financée sur les heures de chaque établissement. En clair, chaque option ouverte fera fermer une autre option ou supprimer des heures d’accompagnement personnalisé. C’est déshabiller pierre pour habiller paul et augmenter les tensions dans les lycées. Quant au recours aux « groupes de compétences », qui seraient en fait des groupes de niveau, c’est une solution qui consiste à abandonner sans le dire les élèves faibles en les installant dans un échec plus ou moins bien caché.

Conseils de classe

Le ministre intervient aussi sur les conseils de classe. On sait que ceux ci sont devenus infaisables du fait de la réforme chaque classe comptant maintenant, dans la plupart des lycées, un nombre d’enseignants trop importants. Echappent à cette règle les établissements d’élite, très spécialisés ou les petits lycées. Le ministre valide la création de conseils de spécialités c’est à dire l’éclatement du conseil en 2 ou plusieurs conseils successifs. Ce qui se joue dans cette affaire c’est le partage du regard des enseignants dans le suivi de chaque élève, ce que permettait le conseil de classe, et au final le suivi des élèves qui en ont besoin.

Le ministre propose de faire évoluer la fonction de professeur principal en « professeur référent d’un groupe d’élèves ». Il ne précise pas combien de professeurs principaux « référents » seraient rémunérés par classe. On ne voit pas un enseignant suivre plus d’une dizaine d’élèves. Cette solution remédie partiellement à la question du suivi des élèves. Mais elle ne remplace pas pour les élèves les plus problématiques l’éclairage du tour de table de l’ancien conseil.

Ces modifications interviennent alors qu’un très vif mécontentement se cristallise dans les lycées avec le refus de participer aux épreuves de janvier des E3C. Elles veulent désamorcer une partie de cette opposition. Elles montrent surtout la légèreté avec laquelle a été imposée la réforme du lycée, sans tenir aucun compte jusque là des remarques et des demandes des enseignants aussi bien à travers leurs syndicats que leurs associations professionnelles.

F Jarraud

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