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L’annonce par Jacqueline Gourault de la départementalisation de la santé scolaire et du passage des gestionnaires sous l’autorité partagée des départements a pris de court les syndicats. Ils nous disent ne pas avoir été consultés et avoir eu des assurances contraires du ministre de l’Education nationale. Le silence du ministre de l’éducation nationale devient insupportable.

Les infirmières contre la départementalisation

« On n’a pas été consultés », nous dit Saphia Guereschi, secrétaire générale du Snics Fsu le principal syndicat des infirmières de l’éducation nationale. L’annonce le 16 décembre par J Gourault, dans Les Echos, de la départementalisation de la médecine scolaire la surprend d’autant plus que JM Blanquer avait donné des assurances. « Le ministre lui-même nous a dit qu’il n’était pas favorable à cette éventualité et qu’il soutient le maintien de la santé scolaire dans l’Education nationale ». Apparemment le gouvernement passe outre l’avis de JM Blanquer.

Pour S Guereschi la départementalisation chassera les infirmières des établissements. « Ce sera un grand retour en arrière, à avant 182, où on ne faisait que du dépistage. Cela a été abandonné car ça ne répondait pas à la demande des élèves ». Là dessus le Snics s’appuie sur les 18 millions de consultations infirmières données chaque année. « On travaille au succès scolaire des jeunes. Une collectivité territoriale ne pourra pas faire cela ». La principale activité des infirmières est de recevoir le jeune et de voir avec lui si sa santé a un impact sur son niveau scolaire. Dans les établissements elles participent fortement au climat de l’établissement en écoutant et en aidant les élèves en lie avec l’équipe pédagogique. Ce sont d’ailleurs souvent le seul professionnel de santé accessible à l’élève.

Le Snics promet de réagir et d’interpeller la ministre des territoires et le premier ministre. « Ce n’est pas maintenant que tout le monde s’inquiète de la santé des jeunes avec le confinement qu’on peut faire disparaitre les consultations des infirmières ».

Les médecins scolaires déçus

Du coté des médecins scolaires la surprise règne également. Claudine Nemausat, secrétaire générale du Snmsu Unsa, le principal syndicat de la profession, rappelle que les médecins scolaires ont des compétences spécifiques. « On a une vision globale de l’enfant », nous dit-elle. « On peut apporter des éléments sur le pronostic scolaire de l’enfant. On peut faire des propositions aux familles et à l’équipe pédagogique ». La départementalisation ferait disparaitre ces savoir faire. « On perdra une partie du métier ». Le Snmsu n’a pas plus été consulté que le Snics Fsu et s’avère fort déçu. « On n’est pas favorable à la départementalisation ».

Les gestionnaires craignent d’être pris entre la marteau et l’enclume

J Gourault a aussi annoncé le passage des gestionnaires des établissements sous l’autorité partagée des départements. « On n’est pas d’accord », nous dit Jean Marc Boeuf, secrétaire général de A&i Unsa, le syndicat majoritaire. « Au ministère on nous adit que le ministre est contre ». La surprise est donc là aussi de taille. « Si nos collègues sont sous l’autorité conjointe du chef d’établissement et du conseil départemental, ils seront pris entre l’enclume et le marteau ». Une situation très inconfortable. Pour A&I Unsa les problèmes locaux qui peuvent arriver peuvent trouver des solution dans des conventionnements. « On est prêt à discuter et à améliorer les conventionnements ».

La déclaration de J Gourault a bien pris les fonctionnaires concernés par surprise. La ministre des territoires annonce un projet de loi qui prend le contrepied des promesses faites par le ministre à ses agents. Ces mesures s’apparentent à un début de démantèlement de l’Education nationale et auront un impact sur les élèves et le climat scolaire. Le silence de JM Blanquer s’entend très fort.

François Jarraud

La déclaration de J Gourault