Langage de la maison, langage de l’Ecole ?Dans l’atelier pilotĂ© par S. Chevillard, on travaille aussi l’acquisition du langage scolaire. On s’est mis en groupe vraies situations, en s’intĂ©ressant au passage du langage ordinaire au langage de l’Ecole. Les participantes explorent des phrases issues de situations de classe, et cherchent Ă faire le tri. On se questionne, voire se demande si on a bien compris la situation et ce qu’il y a Ă faire. On appelle Ă l’aide, on rĂ©explicite. On croise les rĂ©fĂ©rences des uns et des autres sur le langage. Ici aussi, pas facile de se mettre d’accord sur le sens des mots qu’on emploie. Difficile pour accĂ©der aux classements, aux concepts qui permettent de synthĂ©tiser, au-delĂ des Ă©changes informels du groupe.
L’animatrice coupe le travail des groupes pour installer l’Ă©change final : « Alors, langage du quotidien, langage de l’Ecole, quelles ruptures ? ». « Parfois, les Ă©lèves donnent les bonnes rĂ©ponses, mais pas avec les mots attendus : « bout de papier » n’est pas « ticket », « copine » n’est pas « identique ». Et « pisser », inscrit dans la norme du dictionnaire, est-il acceptable dans la normativitĂ© scolaire ?
Quelle attention fait l’Ecole Ă tous ces mots du quotidien, pour les « dire », les « parler », les nommer, les classer ensemble dans la classe ? Et pourquoi parle-t-on d’un ticket de mĂ©tro, mais d’un billet de train ? Bentolila et son « un mot par jour » sont montrĂ©s du doigt : le vocabulaire ne se rĂ©duit pas au « juste » ou au faux »… Et la norme scolaire ne s’impose pas : elle implique apprentissage de la rĂ©flexivitĂ© sur le langage.
« Mais comment faire ? » demande une enseignante. S. Chevillard renvoie aux idĂ©es de « pratiques langagières » issus de Paris 8 : on met en mot ce dont on est porteur, dans sa propre histoire et celle de son milieu, au sens de Wallon. Les pratiques langagières sont Ă rĂ©fĂ©rer au couple primaire/secondaire : qu’on utilise au quotidien et ce qu’on utilise pour rĂ©flĂ©chir. « Selon l’activitĂ© qu’on dĂ©ploie, on change de registre, parce que les mots-concepts sont nĂ©cessaires pour prĂ©ciser ce dont on parle et l’Ă©crire ». Ce n’est pas en simplifiant ou en banissant les mots du quotidien que les Ă©lèves pourront comprendre la diffĂ©rence entre « ce que je dis Ă mon copain » et « ce qu’on attend de moi Ă l’Ecole ». C’est en installant la nĂ©cessitĂ© d’y avoir recours dans l’activitĂ© de pensĂ©e, en prenant progressivement la mesure du fait que le langage est un outil pour penser Ă plusieurs, qui oblige Ă confronter sa manière de dire Ă la manière de dire des autres… « Il n’y a pas le bon et le mauvais usage du langage, il n’y a que plusieurs usages, plus ou moins adapatĂ©s au lieu oĂą on les utilise ». Dire ce qui est identique, et ce qui est diffĂ©rent, trouver des critères. Pourquoi cet objet dans la mĂŞme catĂ©gorie, et celui-lĂ non ? Communiquer ma manière de penser le monde, c’est bien le sens du langage dans les pratiques sociales. C’est valable de la petite section Ă la formation continue des enseignants… PossĂ©der le langage, c’est toujours une arme sociale que les dominants ne sont pas prĂŞts Ă partager?
Le dĂ©bat n’est pas clos, et le mĂ©tier toujours Ă rĂ©inventer Ă plusieurs…
L’animatrice coupe le travail des groupes pour installer l’Ă©change final : « Alors, langage du quotidien, langage de l’Ecole, quelles ruptures ? ». « Parfois, les Ă©lèves donnent les bonnes rĂ©ponses, mais pas avec les mots attendus : « bout de papier » n’est pas « ticket », « copine » n’est pas « identique ». Et « pisser », inscrit dans la norme du dictionnaire, est-il acceptable dans la normativitĂ© scolaire ?
Quelle attention fait l’Ecole Ă tous ces mots du quotidien, pour les « dire », les « parler », les nommer, les classer ensemble dans la classe ? Et pourquoi parle-t-on d’un ticket de mĂ©tro, mais d’un billet de train ? Bentolila et son « un mot par jour » sont montrĂ©s du doigt : le vocabulaire ne se rĂ©duit pas au « juste » ou au faux »… Et la norme scolaire ne s’impose pas : elle implique apprentissage de la rĂ©flexivitĂ© sur le langage.
« Mais comment faire ? » demande une enseignante. S. Chevillard renvoie aux idĂ©es de « pratiques langagières » issus de Paris 8 : on met en mot ce dont on est porteur, dans sa propre histoire et celle de son milieu, au sens de Wallon. Les pratiques langagières sont Ă rĂ©fĂ©rer au couple primaire/secondaire : qu’on utilise au quotidien et ce qu’on utilise pour rĂ©flĂ©chir. « Selon l’activitĂ© qu’on dĂ©ploie, on change de registre, parce que les mots-concepts sont nĂ©cessaires pour prĂ©ciser ce dont on parle et l’Ă©crire ». Ce n’est pas en simplifiant ou en banissant les mots du quotidien que les Ă©lèves pourront comprendre la diffĂ©rence entre « ce que je dis Ă mon copain » et « ce qu’on attend de moi Ă l’Ecole ». C’est en installant la nĂ©cessitĂ© d’y avoir recours dans l’activitĂ© de pensĂ©e, en prenant progressivement la mesure du fait que le langage est un outil pour penser Ă plusieurs, qui oblige Ă confronter sa manière de dire Ă la manière de dire des autres… « Il n’y a pas le bon et le mauvais usage du langage, il n’y a que plusieurs usages, plus ou moins adapatĂ©s au lieu oĂą on les utilise ». Dire ce qui est identique, et ce qui est diffĂ©rent, trouver des critères. Pourquoi cet objet dans la mĂŞme catĂ©gorie, et celui-lĂ non ? Communiquer ma manière de penser le monde, c’est bien le sens du langage dans les pratiques sociales. C’est valable de la petite section Ă la formation continue des enseignants… PossĂ©der le langage, c’est toujours une arme sociale que les dominants ne sont pas prĂŞts Ă partager?
Le dĂ©bat n’est pas clos, et le mĂ©tier toujours Ă rĂ©inventer Ă plusieurs…
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