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« La continuité pédagogique a été un leurre ». Pascal Vivier, secrétaire général du Snetaa FO, un syndicat d’enseignants de la voie professionnelle, a trouvé la formule pour définir ce que ses collègues du Snuep Fsu (J. Dammerey et A Benoist) ou de la CGT (JF Petit) ont déclaré devant la Mission d’information sur le cadre juridique et statutaire de l’enseignement hybride ou à distance de l’Assemblée nationale. Pour les trois syndicats, l’urgence n’est pas à adapter le statut des professeurs de lycée professionnel (PLP) à cette forme d’enseignement. Elle est inadaptée aux lycéens professionnels. L’urgence c’est de compenser les lacunes à la formation des jeunes qui auront « un bac en carton ».

L’hybridation inadaptée au professionnel

Le 24 juin, après les personnels de direction et les inspecteurs, la Mission entend les trois principaux syndicats de la voie professionnelle sur l’évolution du statut des enseignants nécessitée par l’expérience du confinement et de la « continuité pédagogique ».

Là dessus les 3 syndicats (Snuep Fsu, Snetaa FO et CGT) sont unanimes : ce n’est pas une question pour l’enseignement professionnel car l’enseignement à distance n’est pas adapté aux lycéens professionnels.

« Il est difficile de demander à des élèves de pratiquer des gestes professionnels à distance », explique Pascal Vivier (Snetaa FO). « Quand bien même les PLP ont été inventifs en envoyant des vidéos, au bout de 3 semaines les limites ont été trouvées pendant le 1er confinement. On avait perdu la moitié des jeunes. Cela s’explique par des raisons matérielles mais aussi par le parcours de ces jeunes. Ils ont besoin d’une pédagogie différente ».

Sur le confinement suivant, « l’enseignement à distance n’a pas eu lieu. On s’est donné comme objectif de maintenir le lien. Faire cours à distance à ces élèves est une gageure ». Il remarque qu’il y a des différences selon les filières, la situation la pire étant par exemple en hotellerie restauration. « On a laissé tomber un tiers des enseignement. On s’est limité aux enseignements généraux et aux enseignements professionnels sans pratique du geste. La continuité pédagogique a été un leurre ».

« On a des élèves qui sont là sans le vouloir », remarque JL Petit (Cgt). « Ils ont besoin qu’on soit hyper présent à leur coté pour avancer. Ceux qui sont motivés sont là pour toucher la matière. Et la théorie au bout d’un moment ça ne marche plus ».

Jérome Dammerey (Snuep Fsu) met en garde contre l’adaptation de la formation à distance des adultes. « Il ne faut pas penser que parce que ça se développe pour des adultes ça peut être mis en place pour les élèves des LP ». Pour Axel Benoits (Suep Fsu) « l’hybridation est une fausse solution ».

Une année de remise à niveau ?

Et les syndicats tirent les conséquences de cette situation. « Ceux qui poursuivent des étude sont un bac en carton », explique Jean FRançois Petit (Cgt). « Ils n’ont pas eu beaucoup de stage. IL manque un bout de leur formation ». « Au-delà des résultats du bac, on sait que ces jeunes ont eu des difficultés pour acquérir les compétences professionnelles », explique J Dammerey. « IL y a un an de retard dans la formation des jeunes », affirme Pedro Sanchez (Snetaa FO). Comment va-t-on les rattraper ? » « On va avoir des jeunes sur le marché du travail qui ne sont pas au niveau », dit P Vivier.

Que faire ? JF Petit envisage « un bac pro en 4 ans », durée qu’il faisait à l’origine, soit une année de plus que prévu. « IL faut des classes passerelles vers les BTS », demande P Vivier. « La nation doit leur donner les moyens de leur mise à niveau ». Dans l’immédiat le Snetaa FO demande une journée banalisée pour faire un retour d’expérience sur la période. « On ne voit rien venir ».

François Jarraud