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« On part du constat de la souffrance des professeurs et du sentiment de ne pas y arriver. Et on propose 5 petites transformations ». Comment améliorer son enseignement en histoire-géo ? Professeur d’histoire-géographie en France, Alain Dalongeville propose, avec son collège québécois Marc André Ethier, 5 changements clés capables de changer le rapport des élèves aux savoirs disciplinaires et d’améliorer la réussite des élèves et le plaisir des enseignants. 5 changements à introduire par étape ou pas, totalement ou pas, mais qui font réfléchir sur l’enseignement de l’histoire et de la géographie. Un petit livre agrémenté de nombreuses fiches pratiques. Alain Dalongeville explique sa démarche.

L’ouvrage propose 5 transformations de ses pratiques pédagogiques, comme travailler les représentations des élèves, proposer des documents contradictoires ou remplacer les questions par une mission. Comment avez vous défini ces 5 transformations comme des leviers de changement ?

C’est une réflexion en lien avec mon travail sur les situations problèmes. L’idée de ce livre c’est plutot que proposer une révolution pédagogique de faire de micro changements qui peuvent se faire indépendamment les uns des autres ou qui peuvent s’enchainer. On souhaite que les enseignants fassent ces micros ruptures et que ca leur donne une base d’appui de réussite pour aller plus loin.

Travailler les représentations des élèves avant de faire cours ,par exemple, ce n’est pas une perte de temps puisque ce sont souvent des choses fausses ?

C’est faire le point de ce qu’ils ont en tête sur un concept. Leur conception est souvent un obstacle à intégrer ce qui se travaille en classe. Si on ne le travaille pas leur conception de départ va rester. Ce n’est pas un eperte de temps bien au contraire et ça permet aussi de définir l’axe du cours. On ne comble pas des vides mais on prend en compte l’existant qui est une source d’erreur et d’échec chez l’élève.

Proposer des documents contradictoires, votre seconde proposition, c’est le B A BA du métier d’historien. Mais est ce aussi utile en géographie ? Et est ce compatible avec l’ordre scolaire qui veut que l’enseignant donne la vérité ?

C’est une évidence en histoire mais ce n’est pas souvent utilisé en classe ! Il suffit de regarder les manuels scolaires qui offrent rarement des documents contradictoires alors qu’on nous rabat les oreilles avec la formation à l’esprit critique. Cela concerne aussi la géographie car on étudie des aménagements avec des acteurs qui ont des intérêts et des positions souvent différents. Il est d’ailleurs dommage que la notion de conflit d’usage ait disparu des programmes. La réalité est contradictoire et il est utile que les élèves en fassent l’expérience. Cela crée aussi une dynamique dans le cours et un sentiment de réussite chez l’enseignant.

Troisième changement : remplacer les questions par une mission. Pourquoi ? N’est cepas un simple changement cosmétique ?

C’est essentiel. Les documents sont proposés aux élèves avec des questions rédigées par des enseignants. Les élèves lisent et arrivent aux questions et là apparait unhiatus entre leur compréhension du document et les questions arrivées après coup. On propose de donner des missions aux groupes d’élèves. Par exemple écrire une lettre, réaliser une scénette. Du coup ils utilisent le document pour réaliser la mission et le lisent autrement.

Qu’est ce qui peut amener un enseignant à changer sa pratique ?

La formation est indigente, on ne peut donc pas compter sur elle. Ce qui motive c’est l’inconfort de l’enseignant. Certains professeurs retournent au cours magistral. D’autres essaient de changer pour sortir du sentiment d’échec.

Peut on faire cela avec comme seul appui un livre ?

On peut s’appuyer sur des mouvements pédagogiques ou des collègues. Mais le livre propose des éléments précis en histoire et en géographie. Il contient pour chaque changement une fiche pratique en histoire et en géographie sur un sujet précis au programme. On peut se servir aussi du site qui fournit d’autres exemples.

Si on suit les 5 changements au final qu’est ce qui a bougé ?

On espère que ce qui aura changé c’est l’estime de l’enseignant pour lui-même. Le livre veut montrer qu’on peut réussir dans ce métier. Du coup il invite aussi à changer de regard sur les élèves. On peut développer une complicité avec eux. Et aussi se rendre compte que l’histoire -géo porte des enjeux actuels pour la formation de l’esprit critique.

Propos recueillis par François Jarraud

Dalongeville Alain / Éthier Marc-André, Réussir dans ma classe. 5 changements-clés. Chronique sociale. ISBN : 978-2-36717-648-2

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