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Le ministre de l’éducation nationale a inauguré le 13 octobre son nouveau club politique appelé “le laboratoire de la République”. Il publie son manifeste et quelques textes de JM Blanquer et de N Elimas. Le thème central semble être la dénonciation des mouvements anti racistes, du mouvement décolonial et de l’écriture inclusive. Le laboratoire de la République penche bien à droite.

Un manifeste flou

Pas facile de savoir qui participe à ce nouveau club politique. Seuls les noms de JM Blanquer et Nathalie Elimas apparaissent sur le site. Facile par contre de connaitre l’orientation du club. Elle transparait dans les quelques textes qui y sont publiés.

Le Manifeste du Laboratoire reste assez flou. “A travers le débat d’idées, l’action et l’engagement public, le « Laboratoire de la République » a vocation à rassembler tous les femmes et les hommes qui, sans se définir par rapport à un parti, à un clan, veulent consolider la République et le Pacte républicain autour des valeurs qui les fondent. Il ne s’agit pas seulement de protéger notre République contre ceux qui voudraient la voir vaciller mais d’apporter des réponses concrètes aux défis actuels afin de tracer un chemin pour les générations nouvelles en liant pensée et action.”

Mais des ennemis désignés à gauche

Tout le monde peut souscrire à un tel projet. C’est dans les autres textes que l’on trouve ce qui caractérise ce club. “C’est sur les bases de ce flou conceptuel que surgissent de nouvelles formes de racisme : je veux parler du racialisme indigéniste, venu des États-Unis, qui prolifère en France et trouve un écho particulier au sein de notre jeunesse. Certains en effet, sous couvert de théories décoloniales, réactivent le concept de race, non pas pour démonter les rouages de la discrimination, non pas pour faire œuvre de discernement, mais bien pour faire œuvre de division, pour fragmenter la société en communautés adverses : les racisés et les non racisés. Il faut dire les choses : quand on parle de « racialisme », on prône la séparation”, explique un texte publié sur le site.

On a même cet extrait stupéfiant : “Quand j’entends parler de racisme d’État, en tant que membre du gouvernement, comme en tant que citoyen, je me dois d’exprimer toute ma colère face à de telles idées aussi fausses que malhonnêtes. Est-il besoin de rappeler devant la représentation nationale, que c’est la République qui, par deux fois, a aboli l’esclavage en France ? A quelques jours du 80ème anniversaire de la création du statut des Juifs par Vichy, on ne peut qu’être révolté de l’emploi du terme de racisme d’État”.

Contre l’écriture inclusive

Un autre texte s’attaque à l’écriture inclusive. “nous ne parlons pas d’un petit sujet, d’une lubie de quelques personnes isolées qui se seraient prises de passion pour un nouveau jeu littéraire, un nouvel idéal oulipien. L’écriture inclusive n’a rien à voir avec un exercice de style. Elle est un enjeu de société, un enjeu à la fois éducatif et politique, c’est-à-dire un enjeu qui nous préoccupe tous… A l’université, et désormais à l’école, de plus en plus d’élèves l’emploient dans leurs copies, et nos professeurs se trouvent bien en peine de les corriger, souvent désemparés et dépassés par l’ampleur du phénomène… L’écriture inclusive participe d’une idéologie qui, comme toute idéologie, ne souffre pas la contestation et cherche à imposer ses vues à tous. Cette idéologie oppose les hommes et les femmes, les dominants et les dominés. Elle fait du terrain linguistique un champ de bataille où deux camps viennent s’opposer face à face”. L’inversion de raisonnement est le même que pour le racisme.

Au service d’une ambition

On le voit la Laboratoire de la République est un nouveau club conservateur, obsédé par l’extrême gauche, par le souvenir colonial et assez conservateur pour se hérisser devant la remise en cause du patriarcat littéraire.

Jean-Michel Blanquer a maintenant son outil politique. C’est encore un petit instrument. Mais s’il en a ressenti le besoin c’est qu’il a des ambitions politiques. Et qu’il veut compter ses forces.

François Jarraud

Le laboratoire de la République