L’Expresso du 2 décembre 2022
- Le fait du jour -
« On ne voudrait pas revivre le début de la crise sanitaire », nous a dit Benoît Teste, secrétaire général de la FSU, le premier syndicat de l’Éducation nationale. « Les personnels ne veulent pas revivre la désorganisation et la tension subies par les communautés éducatives lors des nombreux épisodes de la gestion de l’épidémie…
Les collégiens occupent différemment leur temps libre, rapporte une nouvelle Note de la Depp. La direction des études du ministère de l’Éducation nationale identifie 6 profils différents de collégiens qui ont à voir avec les inégalités sociales. Le travail scolaire reste très important Il faut lire cette Note de la Depp déjà pour constater à…
- Les disciplines -
« Construire avec les élèves un horizon commun : celui fondé sur des savoirs stabilisés et un idéal fondamental, celui de pouvoir construire une société juste, humaine et fraternelle ». C’est l’objectif du concours « la flamme de l’égalité » dont les résultats vont être dévoilés aujourd’hui. Plus de 5000 écoliers, collégiens et lycéens, de près de 200 établissements,…
- L'élève -
Qu’est-ce que la foule ? Que provoque-t-elle chez nous ? Comment réagissons-nous lorsque nous faisons foule ? La Cité des sciences et de l’industrie vous invite, mercredi 7 décembre 2022 et mercredi 1er février 2023, à un atelier autour de l’exposition « Foules », une exposition temporaire qui se propose de décortiquer les mécanismes, nombreux…
- La classe -
Le numérique peut-il combler la distance entre les parents, les élèves et l’Ecole ? Bruno Devauchelle analyse la relation des parents à l’Ecole mais aussi celle des élèves. Il le fait au regard des publications récentes (Depp et Insee). « Les bulles du métavers ou encore celle de l’intelligence artificielle sont pourtant des signaux qui doivent alerter…
- Le système -
En principe, le vote électronique doit simplifier l’élection et rendre le scrutin plus accessible. Dans un métier comme celui d’enseignant où l’ordinateur n’est pas l’instrument du travail quotidien, ce n’est évidemment pas le cas. Et c’est pire quand l’informatique ne suit pas. Cette année par de panne générale. Mais dès la première journée, la procédure…
En visite à Educatech, Pap Ndiaye a souligné l’importance qu’accorde son ministère au numérique en annonçant l’ouverture de davantage de spécialités NSI. 75% des lycées devront proposer la spécialité NSI en 2027, au lieu de 64% aujourd’hui. La moitié des lycées proposant la spécialité NSI auront deux groupes. Le ministère entend aussi augmenter la part…
« Elle a dû subir les mensonges habituels et les outrances xénophobes de la « fachosphère » et des réseaux « identitaires », bien conformes à la vision réactionnaire et antirépublicaine de l’École portée par l’extrême-droite, pour laquelle la liberté pédagogique au service de l’émancipation de la jeunesse est un principe insupportable. Mais notre collègue…
Selon une étude du NFER (National Foundation for Educational Research) britannique, l’impact du second confinement (2021) est plus grave que celui du premier. L’étude montre que les jeunes expriment moins un sentiment de bonheur que lors du 1er confinement. Cela concerne particulièrement les filles, les enfants du primaire et les jeunes désavantagés. L’école leur a…
- La classe -
- Les disciplines -
Les inégalités de patrimoine selon le genre sont très peu documentées par les économistes. Céline Bessière et Sibylle Gollac cherchent à expliquer leur persistance, dans tous les milieux sociaux, malgré un droit de la famille et de l’héritage formellement égalitaire. Leur vaste enquête, au croisement de la sociologie économique, de la famille, du genre et…
Avec Agora, un jeu imaginé par les enseignants québécois Patrick Péloquin et Alexandre Chenette, vos élèves vont devenir des citoyens de l’Athènes antique et découvrir le fonctionnement de la première démocratie. À la fin, les élèves réfélchissent à cette démocratie et à ce que devrait être une vraie démocratie. Une initiation tout à fait intéressante.…
Le Comité National Français de Géographie (CNFG), en partenariat avec le Ministère de l’Éducation Nationale et l’association Concours Carto, organise un concours intitulé « Olympiades Nationales de Géographie ». Ce concours, constitué de plusieurs épreuves, constitue l’étape de sélection de l’équipe nationale française pour les Olympiades Internationales de Géographie (OIG). Au-delà de cette inscription dans…
L'édito
Amélie, merci !
Alors que les enseignants entament un mouvement social de longue durée, il faut rendre sa part de mérite à Amélie Oudéa-Castéra. Pour avoir incarné aussi visiblement les non-dits du projet éducatif d’Emmanuel Macron, elle mérite un remerciement. Et elle nous donne l’occasion de revenir sur ce projet et ce combat. Depuis 2017, Emmanuel Macron a fait de l’éducation « le combat de notre siècle ». Et, depuis 2017, les enseignants bloquent le projet. Un long septennat de luttes qui nécessite maintenant une réponse de la société.
L’Ecole et Ibiza
A quoi pense Emmanuel Macron ? D’année en année, son choix semble moins sur. Jean-Michel Blanquer avait su déguiser la politique éducative d’Emmanuel Macron sous le masque de la République et de la science. En 2018-2019, au moment de la loi Blanquer, sous la poussée des enseignants, son siège vacillait. Mais, avec l’aide de la droite sénatoriale, il avait réussi à se maintenir en usant de son image de défenseur de l’Ecole. Il fallut Ibiza pour qu’il tombe. Le ministre faisait passer ses vacances avant son travail, la jet-set avant la République.
Avec Amélie Oudéa-Castéra, Ibiza est arrivé dès le premier jour. Mieux que ses prédécesseurs elle affichait sans vergogne ses choix de caste et revendiquait ses privilèges. De déclaration maladroite en formule malheureuse, la ministre a fini par incarner la grande bourgeoisie séparatiste, plutôt VIIème que 6ème. Ce choix, malheureux pour E. Macron, met en évidence les décisions anti sociales de la politique éducative d’E. Macron.
Une seule politique depuis 2017, celle de Macron
Car, depuis 2017, c’est bien la même politique éducative qui essaie de s’installer. On peut même remonter à 2016, où le futur ministre d’Emmanuel Macron, membre de l’Institut Montaigne, la définit. Dans « L’école de demain« , JM Blanquer en fixe les bases. C’est l’autonomie d’établissements scolaires mis en concurrence, dirigés par des chefs managers. C’est la fin du collège unique remplacé par des établissements à autonomie pédagogique. C’est l’éducation réduite aux fondamentaux dans le premier degré et pliant sous leur poids dans le second. Ce sont des enseignants dont les pratiques pédagogiques sont dictées et dont le mérite est estimé annuellement grâce aux évaluations nationales. Cette privatisation de la gestion de l’éducation nationale est proclamée par les gouvernements d’E. Macron. En février 2018, E Philippe promeut l’individualisation des salaires et la libération des managers dans toute la fonction publique. Quelques mois plus tard, E. Macron fait de la transformation de l’Ecole « le combat de notre siècle ». En aout 2022, il revient sur les fondamentaux de 2016 : autonomie des établissements, contractualisation générale des établissements et des enseignants. Cela nous donne le Pacte, le CNR.
Les enseignants sont seuls à faire reculer Macron
Si E. Macron se répète depuis 2018, si ses gouvernements fixent le même cap depuis 2017, c’est que la politique éducative du président peine à s’installer. Certes la loi de transformation de la fonction publique est passée. La loi Blanquer aussi. Le Pacte est mis en place. Mais la grande libéralisation de l’Ecole promise depuis 2016 n’a toujours pas eu lieu.
Les enseignants ont fait reculer Blanquer et sa loi en 2019. Il a fallu la désorganisation issue du confinement pour que la loi Rilhac passe. La transformation radicale du lycée professionnel a été freinée par des années d’opposition réussie des enseignants des L.P. Ils ne s’en rendent pas forcément compte. Mais les macronistes le savent. Les enseignants ont réussi, et eux seuls, à bloquer Jupiter.
Au point de bascule
Aujourd’hui, alors qu’Amélie Oudéa-Castéra entame sa mission ministérielle, les syndicats enseignants sont presque unanimes à écrire que « nous sommes à un point de bascule pour l’Ecole publique« . Sud, Unsa, Fsu, Sgen Cfdt et Cgt appellent ensemble à « une réponse forte qui passe par une action dans la durée« . Ils rejettent la politique présidentielle, jugée « passéiste et conservatrice« . Ils dénoncent « une école du tri social » marquée par la disparition du collège unique et l’affectation des jeunes élèves à des filières séparées. Ce tri social est particulièrement visible au collège et au lycée professionnel.
Particularité française
Alors que, chez nos voisins, la révolution libérale de l’Education a pu se mettre en place, la France résiste. C’est grâce aux enseignants. Mais leur action est possible par l’écho qu’elle rencontre dans la société. Dans un numéro de la Revue de Sèvres consacré à la privatisation de l’Ecole, Xavier Pons relevait cette spécificité française. » Les Français sont pour le libre choix de l’Ecole… Mais une fois mis devant le choix ils se posent des questions », écrivait-il. Parce que la privatisation menace les communs, encourage la fragmentation de la société, colporte des valeurs qui s’opposent aux valeurs collectives. A ce titre, le « nouveau pacte » et la transformation du collège sont une « révolution culturelle » dans la mesure où il attaque les bases de l’école publique.
Puisque nous atteignons le point de bascule, les Français peuvent encore s’opposer à ce projet et défendre leur école. Les enseignants ont besoin d’eux.
François Jarraud