« L’erreur a consisté à croire que la terre était nôtre alors qu’en vérité c’est nous qui provenons de la terre ». Cet exergue citant un poète chilien ouvre le premier de ces deux livres engagés pour la planète. Voici un magnifique album documentaire sur les peuples originels et un petit roman qui nous entraîne dans une ZAD au cœur des montagnes.
Origine, de Nat Cardozo, Ed. Rue du monde
Dès la couverture, le visage de cet enfant à la chevelure paysage nous plonge dans un monde inconnu et familier à la fois. Au singulier dans le titre, Origine, renvoie à « nos » origines. L’auteur, plein de questionnements sur notre relation avec la planète, s’est tourné vers les peuples autochtones, ou encore dits « indigènes » ou originels, qui ici et là dans le monde maintiennent une relation avec la nature basée sur le respect, la cohérence et la gratitude. Sami, Evenk, Inuit, Cherokee et Touareg mais aussi, moins connus, Anangu, Moren, Mbuti ou Q’Ero. Parmi les plus de 5000 peuples originels qui vivent actuellement dans le monde, 22 sont présentés ici, sur leur territoire, désert, jungle ou toundra, territoire support de leur existence dans toutes ses dimensions : nourriture, mode de vie, coutumes, langue, identité culturelle. Notre société de consommation qui s’approprie les ressources naturelles sans se soucier du sort de ces peuples comme de l’état de la planète, aurait tout à gagner à mieux connaître les sociétés menacées et à s’en inspirer. Tout d’abord dans le respect de la nature à laquelle ils ont du et su d’adapter, et dans laquelle ils ne prennent que ce dont ils ont besoin. Le lien à la nature est fort, comme le dit un enfant Ngati Hau « je suis la rivière, la rivière est moi » ! Il y a aussi beaucoup à réfléchir en termes des valeurs qui régissent ces sociétés. Chez les !Kung, un des plus vieux peuple d’Afrique, le chant, la danse et le rire sont utilisés pour résoudre les conflits. Pour les Evenk, la générosité est une valeur essentielle, un principe d’équilibre qui régit les relations entre tous les êtres vivants. Chez les Mosuo, les tâches agricoles et ménagères sont partagées par tous. Les illustrations sont somptueuses, avec de magnifiques visages d’enfants, traversés par leur environnement et leur culture, réalisés en pyrogravure.
Si j’étais un arbre, de Catherine Zambon, Ed. Actes Sud Jeunesse
Violette a 15 ans, elle vit seule avec sa mère, et proche de sa grand-mère. Une famille de femmes, donc, dans laquelle débarque soudain un grand-père disparu dans la nature depuis 40 ans. La méfiance avec laquelle la jeune fille accueille ce nouveau venu va pourtant faire place à la curiosité face aux découvertes soudain possibles. En effet, Violette, qui adore les arbres, va passer l’été à la montagne chez celui qu’elle choisit de nommer « Pajim », dans un refuge à l’orée d’une forêt. Forêt menacée par un projet de scierie industrielle et dans laquelle se sont installés de nombreux activistes défenseurs des arbres. Avec Cassandre, qui ne se sent ni fille ni garçon, Violette rencontre des militants de la ZAD qui préparent une action, et décide d’y participer. Grimper dans les arbres devient, plus qu’un jeu, un engagement, une lutte. Les thèmes, très actuels, de la non-binarité, de la protection de la nature, traversent cette histoire mais n’en sont pas les seuls éléments. Un roman qui se lit avec plaisir, dans une langue vivante, avec une narratrice qui nous emmène, au fil du récit, sur sa vie d’adolescente : ses relations avec sa mère, son amour pour Cassandre, ses interrogations familiales et identitaires, sa fascination pour la nature et la vie sauvage, la découverte de la lutte, de la violence.
Marianne Baby
Origine, de Nat Cardozo, Ed. Rue du monde
Si j’étais un arbre, de Catherine Zambon, Ed. Actes Sud Jeunesse
