« Nous vivons une véritable rupture d’égalité ! » dénoncent les familles des lycéennes et lycéens de Vaulx-en-Velin. Avec les personnels du lycée Doisneau, elles expriment une grande colère et inquiétude face aux nombreux manques de leur établissement : professeurs non remplacés, personnel manquant. La réalité serait loin de la déclaration du président Macron du mois de mars 2023 : « Je veux qu’à la rentrée prochaine, on puisse remplacer, du jour au lendemain, les professeurs dans les classes des élèves. » A l’heure des DHG dans les établissements du Second degré, ce lycée comme beaucoup d’établissements fait le compte des heures manquantes … qui s’ajoutent au problème des remplacements. Car le pacte, malgré les annonces et la communication, ne saurait masquer le problème du remplacement, qui vient du manque de personnel.
Mardi 11 février, près de 70% des enseignants et 100% des assistants d’éducation du lycée Doisneau étaient en grève. Les professeurs sont partis à la pêche au rectorat, dont ils sont rentrés bredouilles. « Les eaux du Rectorat sont polluées depuis plusieurs années et on n’y pêche plus rien : polluées par les restrictions budgétaires, par des politiques qui ont noyé l’éducation nationale dans les eaux glacées du calcul égoïste, par le manque de considération des personnels et des élèves des lycées des quartiers populaires, par la sortie des lycées de l’éducation prioritaire » écrivent-ils dans leur communiqué.
2000 heures manquantes
Depuis la rentrée 2025, les représentants des parents d’élèves du lycée Doisneau de Vaulx-en-Velin ont compté 2000 heures manquantes dont les ¾ n’ont pas été remplacées : « par exemple, sur les 10 semaines de cours entre la rentrée des vacances de la Toussaint et Noël, certains élèves de 1ère ont eu 95 heures de cours perdues sur les 330h prévues; ce qui représente près de 28% des heures non assurées! D’autres élèves, notamment de terminale, concernés par ces absences non remplacées, se sont vu priver parfois pendant plusieurs semaines de cours dans l’une de leurs 2 spécialités à très fort coefficient pour le baccalauréat (comme mathématiques ou biologie)! Autre exemple, plusieurs classes de seconde n’ont pas eu presque la moitié des heures prévues en mathématiques depuis le début de l’année! » Ils déplorent aussi l’absence d’un poste de CPE et d’AED « qui contribue à affaiblir l’équipe éducative et dégrader les conditions pour un bon climat scolaire ».
Des conditions de travail difficiles et dégradées
En novembre, l’ensemble des professeurs avaient exercé leur droit de retrait. Le lycée compte de nombreux arrêts de travail, de burn out. Pour les professeurs, les conditions d’enseignements avec des classes chargées ne sont pas réunies pour faire réussir les élèves avec des effectifs de 35 élèves. Pour les personnels en grève mardi 11 février : « le Rectorat nous accorde des moyens encore en baisse et ne tient pas compte de nos alertes sur la situation très dégradée dans notre lycée. Il prévoie ainsi des effectifs par classe de 35 élèves dans les deux premières STI2D qui sont justement les classes qui dysfonctionnent le plus cette année. Au vu des éléments à notre disposition, la DHG qui semble nous être octroyée est très loin de pouvoir satisfaire aux besoins des élèves de notre établissement et de notre territoire et d’apporter une réponse sérieuse au climat scolaire préoccupant sur le lycée. »
Pour l’équipe pédagogique, les moyens du lycée restent en-deçà des besoins liés aux difficultés du territoire qui concentre des inégalités sociales et scolaires.
Djéhanne Gani
