La technologie a de l’avenir ! Plus de 600 collégiens ont été impliqués l’an dernier sur le programme « J’invente demain » dans l’académie de Grenoble. L’enseignant de technologie en est partie prenante mais il est ouvert à toutes les disciplines. La réforme du programme de technologie encourage à concevoir et fabriquer. « J’invente demain » invite à renforcer les parcours scientifiques et technologiques, en travaillant avec la recherche. Guillaume Vincenzi, enseignant dans un collège de Jarrie (38) et Nicolas Laverdure, inspecteur, répondent aux questions du Café pédagogique.
Pouvez-vous présenter le programme « J’invente demain » qui a lieu dans l’académie de Grenoble ?
Nicolas Laverdure : Ce programme « J’invente demain » existe depuis 2018. Il est le fruit d’une collaboration entre l’académie de Grenoble et le CEA et CEA jeunes de Grenoble, notamment son pôle d’innovation YSPOT. Il s’intègre aujourd’hui complétement dans le nouveau programme de cycle 4 en technologie sur le thème 3 (« Imaginer, concevoir et réaliser une ou des solutions en réponse à un besoin, à des exigences dans une démarche de créativité ») et donne donc à voir un exemple de mise en œuvre de cette partie qui n’existait pas dans l’ancien programme. Ce thème renforce la volonté pour cette discipline de valoriser la créativité, l’innovation, l’imagination et la coopération pour relever les défis de demain.
Lors de la session 2024, 42 professeurs de 12 disciplines dans 15 établissements avec 600 élèves ont participé à « J’invente demain ». 8 formateurs répartis sur les 5 départements de l’académie ont accompagné leurs collègues dans la prise en main des propositions pédagogiques durant des formations qui se déroulent dans un environnement « IdeasLab & FABLAB ». Cet atelier de créativité et d’expérimentation permet de vivre toute la démarche de créativité au cœur de ce programme « J’invente demain ». Un site dédié permet à chacun de retrouver les ressources pour s’engager dans la démarche. Le Festival « J’invente demain » clôture le programme dans les locaux du CEA à Grenoble devant un jury composé de représentants des partenaires du projet.
Pourquoi ce programme ?
Nicolas Laverdure : Pour développer les compétences scientifiques et technologiques, développer la créativité, la coopération, l’esprit critique, et promouvoir les formations scientifiques et technologiques auprès des jeunes filles et garçons pour inventer demain.
Mais aussi limiter le gaspillage à la cantine, soigner son animal de compagnie blessé, sécuriser les déplacements à vélo, recharger son téléphone dans un lieu isolé du réseau, ramasser automatiquement les déchets plastiques en mer… On propose aux élèves d’apprendre en proposant leurs solutions à des problèmes qui les préoccupent.
Quelle est la démarche suivie ?
Nicolas Laverdure : Concrètement, les élèves sont invités à identifier un problème ou un besoin lié aux objectifs du développement durable de l’ONU pour lequel ils sont en empathie. L’empathie est un élément clé car elle est source de motivation, y compris pour des élèves qui éprouvent habituellement peu d’appétence pour les activités scolaires. Après un travail de recherche de données fiables au sujet de ce problème et de ses causes, plusieurs phases de travail individuel et collectif mènent les élèves à émettre des idées plus ou moins réalistes et efficaces jusqu’à aboutir à une solution qui sera détaillée, représentée, fabriquée et programmée. Durant ces étapes, ils devront réinvestir et approfondir leurs compétences scientifiques et techniques. Les élèves réalisent une vidéo pour présenter le travail réalisé.
Guillaume Vincenzi : Cette année, j’ai encouragé les élèves de 4ème à déterminer des problématiques liées aux objectifs du développement durable de l’ONU à l’échelle de notre collège. Des groupes se sont formés par empathie autour de sujets comme le gaspillage alimentaire à la cantine, le manque d’infrastructures pour faire de l’activité physique dans la cour, l’accueil de la biodiversité au sein du collège ou encore aider les élèves à choisir des voies d’orientation moins genrées…
En plus de travailler les compétences du référentiel de technologie, ce travail contribue activement à la démarche de labellisation E3D dans laquelle mon établissement est engagé en rendant les élèves acteurs du changement.
Comment s’est déroulé le projet ?
Guillaume Vincenzi : Les élèves travaillent en équipes de 3 ou 4. Ils commencent par chercher des informations fiables auprès de personnes ressources (gestionnaire, agents, collectivité…) pour bien identifier les leviers d’action. Ensuite, ils imaginent une solution qui intègre un objet capable d’interagir avec son environnement et se répartissent les tâches pour le dessiner, le fabriquer le programmer et communiquer autour de leur projet.
Je dispose d’un laboratoire de technologie équipé de tout le nécessaire pour mener à bien de tels prototypages : imprimante 3D, découpeuse laser, cartes programmables.
Quel bilan faites-vous de ce projet ?
Guillaume Vincenzi : C’est un projet ambitieux, qui demande de l’énergie et une gestion du temps rigoureuse pour aboutir. Il est toutefois une telle source de motivation pour des élèves qui se révèlent, prennent des initiatives, et développent de nombreuses compétences que je reconduis l’expérience chaque année.
En tant que formateur pour d’autres enseignants qui s’impliquent à leur tour dans ce projet, c’est une grande satisfaction de pouvoir transmettre cette démarche. Les outils que nous proposons évoluent au gré des formations qui se déroulent en interdisciplinarité. Ce sont des moments particulièrement stimulants pour nous et qui développent également notre propre créativité !
Propos recueillis par Djéhanne Gani
