Pour répondre à cette question Yaëlle Amsellem-Mainguy, sociologue chargée d’études et de recherche à l’Institut National de la Jeunesse et de l’Education Populaire (Injep), membre de la commission d’écriture du programme EVARS, était l’invitée de Quentin Lafay dans son émission « Questions du soir » sur France Culture ce mardi 13 mai. Une belle occasion de faire le point sur les objectifs de ces programmes, qui de la maternelle à la terminale, cherchent à accompagner les élèves dans la construction de leur vie affective, relationnelle, et, à partir du collège, dans la construction de leur vie sexuelle.
De l’éducation sexuelle, à l’éducation à la vie affective relationnelle et sexuelle
La sociologue rappelle que depuis très longtemps en réalité, et notamment depuis la circulaire Fontanet de 1973, l’éducation sexuelle fait partie des missions de l’Ecole. D’abord centrée sur des questions hygiénistes, ou des questions de reproduction, elle a peu à peu évolué, pour inclure les questions de contraception, et plus récemment « toute la dimension sociale de la sexualité, la dimension relationnelle, la construction de l’intimité, et la question du consentement, des violences et de leur prévention ». D’éducation sexuelle, elle est ainsi devenue « Education à la vie relationnelle, affective et sexuelle ».
Un nouveau programme ? Un programme, tout court !
Mais si la loi de 2001 en a formalisé le cadre (trois séances obligatoires par an et par niveau du collège au lycée), sa mise en œuvre n’en a été que très aléatoire. Le Conseil économique, social et environnemental (Cese) évalue d’ailleurs actuellement à moins de 15 % les élèves qui en bénéficient réellement. Manque de moyens, manque de formation ? Certainement, mais aussi… manque de programme, tout court. Car, explique Yaëlle Amsellem-Mainguy, les contenus de celui-ci n’avaient jamais été formalisés, et cette absence de programme collectif « qui sert de cadre et protège à la fois les enfants, les élèves et les enseignants » mettait en insécurité. C’est désormais chose faite, et voté à l’unanimité par le Conseil supérieur des programmes en janvier 2025, il sera (on l’espère) appliqué à la rentrée 2005-2026.
Place aux questions
Quel rôle peut jouer l’EVARS ? Comment le programme a-t-il été conçu ? Pourquoi l’Ecole ne manque-t-elle pas à son obligation de neutralité en le mettant en place ? De quoi y parle-t-on et de quoi, contrairement à ce que colportent certaines fake news, n’y parle-t-on pas ? Quand et comment sont abordées les questions d’identité de genre ? Pourquoi est-il si important d’acquérir les bons noms et un vocabulaire commun, adapté à chaque âge, pour parler d’intimité ? Famille, ami.es, personnels éducatifs, ressources en ligne : à qui les ados font-iels appel et comment l’Ecole peut-elle les aider à apprendre à trier les informations ? …
En 25 minutes, ponctuées de documents sonores qui permettent de mesurer le chemin parcouru (ou pas !) depuis les années 60, l’émission éclaire avec justesse et clarté toutes ces questions, loin des indignations infondées et inutiles. Une réussite.
Claire Berest
EVARS : quand un collège décide de passer à l’action. A retrouver sur le site du Café pédagogique.
