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Blandine Raoul-Réa

Formations scolaires aux technologies de l’information et de la communication : Enjeux, paradoxes et perspectives ; telle était la conférence de Georges-Louis Baron, professeur en Information-Communication, Paris V. Comment, dans l’enseignement obligatoire, prendre en compte le fait que les jeunes doivent s’approprier des méthodes de traitement d’information numérisée ? Cette intervention présente, en se fondant sur des résultats de recherche, une réflexion sur les enjeux de la formation des citoyens face à la diffusion d’instruments de traitement de l’information incorporant de manière croissante des fonctionnalités de travail coopératif.

Bertrand Labasse, directeur du CECP, Lyon, enseignant Lyon I et professeur associé de l’université de Laval (Québec) intervenait sur les médias, source pédagogique ou objet pédagogique ? dans une communication sans complaisance à l’égard des professeurs documentalistes. En commençant par poser la question des données pouvant être reliées à la « Société de l’information » (SI), il montre que l’explosion de l’offre d’information ne date pas d’hier, mais bien avant l’arrivée d’Internet (avec le développement de la presse d’information). On peut alors considérer que les références de la société de l’information sont plutôt dans la combinaison de la profusion de l’information et de l’émission des savoirs qui de plus en plus sont diffusées vers/pour des microcommunautés. Par exemple si dans les années soixante-dix, on créait un magazine pour le ski, en 2005 on va créer un magazine pour le snow (soit une micro communauté). Si une seule donnée devait caractériser la SI, ce serait une donnée en négatif : l’effondrement de l’audience de la presse d’information générale en 1987-1999, combinée à la croissance de la presse spécialisée grand public. Observant ces développements, on a pensé que les médias égaliseraient les chances, mais les études ont montré qu’il se passe l’inverse. Plus il y eu médiatisation, plus les écarts s’accroissent… ce qui n’est pas complètement négatif car l’ensemble de la population accroît son niveau général de culture.

B Labasse

B Labasse

Il faut enseigner avec, sur et parfois malgré les médias

Quel peut être le rôle de ces acteurs de la SI ? Si on observe un individu né avant 1960 : où a-t-il appris le SIDA, la chute du mur de Berlin, … C’est les médias qui apportent la majorité des connaissances. Or la société des médias bat de l’aile. Donc quelle citoyenneté s’ouvre à nous ? Il ne faut peut-être pas chercher la frontière entre l’école et les médias, mais sur l’ensemble qui nous apporte des informations sur le monde tenu comme vrai = école + média d’information. Ainsi regardé, il faut alors enseigner AVEC les médias. Il faut aussi enseigner SUR les médias et même parfois MALGRE les médias. Or la question qui se pose aux médias est la suivante : A quoi bon informer le citoyen s’il ne veut pas être informé ? Il n’y a pas de sens s’il n’y a pas un effort de construction du sens et s’il n’y a pas construction de sens, s’il n’y a pas d’intérêt… c’est là l’importance du rôle des documentalistes dans la scolarité. L’école a à apprendre aux journalistes. Elle le peut car elle a une recherche praxiologique (tournée vers l’action). La presse, elle, ne capitalise pas ses questionnements. Les médias ne sont pas capables d’évoluer car ils réfléchissent aux problèmes de leur profession avec des questions de journaliste. Le principe de base reste « je peux rendre compte du monde ». Les journalistes sont de faibles lecteurs des travaux de recherche sur leurs pratiques. Ils (comme les autres) lisent le monde écrit par des journalistes (circulation circulaire de l’information). « Je ne suis pas là pour apprendre, mais pour informer », dit le journaliste ! C’est en se posant la question des conditions d’appropriation des connaissances qu’on en vient à entrer « en matière médiatique ». Dépasser la dénonciation car elle ne permet pas de comprendre. Dépasser la description, car elle ne permet pas de se distancier des contenus. Mais plutôt comprendre les logiques : réfléchir à l’épistémologie médiatique (il y a une façon médiatique de produire la vérité ou encore, y a-t-il une vérité médiatique ?) et étudier les outils. Voilà qui permet de comprendre comment la connaissance du monde est produite.

Travailler sur/avec les médias met en jeu la totalité des disciplines. Pourquoi ? Parce que ça met en jeu LA VIE. Travailler sur/avec les médias permet d’instituer un locuteur, tierce personne entre l’enseignant et l’élève. « Je te dis – tu apprends », devient « Le journaliste te dit que… ». C’est comme ça que fonctionne la société, comme ça que l’élève, après l’école pourra continuer à apprendre. Travailler avec/sur les médias permet de relier les savoirs de façon qui fait sens et de produire du savoir être car cette formation amène à mettre en jeu les questions de vérité, d’altérité…

Développer l’esprit critique Ce qui permet de développer l’esprit critique est de

  1. comprendre les médias
  2. comprendre les cadrages en oeuvre qu’ils soient de l’ordre du cognitif, social (contexte et enjeux de l’information), ou épistémologique.

Nous percevons le réel en fonction d’un cadre préétabli. Il ne faut pas l’imputer à une dérive médiatique ou journalistique. Les élèves doivent en avoir conscience mais on peut ne peut demander à personne de ne pas avoir de cadre. Exemple : un bébé dans une maternité ne s’étonne pas de voir une infirmière avec des gants de boxe (il ne sait pas ce qu’est une infirmière), la maman du bébé, si.