Ecole française : des réussites et un défi
Un peu de bonheur ! Dès la publication des Indicateurs de l’Ocde, un ouvrage qui permet une Ă©tude comparative des systèmes Ă©ducatifs des pays dĂ©veloppĂ©s, le CafĂ© n’a pas hĂ©sitĂ© Ă rĂ©percuter les dĂ©fauts de l’Ecole française. Le 13 septembre nous avons parlĂ© des inĂ©galitĂ©s sociales dans l’Ă©cole. Le 20 de la dĂ©gradation de la scolarisation en prĂ©Ă©lĂ©mentaire. Aujourd’hui, il est temps de parler des rĂ©ussites et aussi des dĂ©fis, tels que les met en Ă©vidence le mĂŞme Indicateur.
RĂ©ussites d’abord. La France fait partie des pays de l’Ocde qui ont vu le pourcentage de diplĂ´mĂ©s du secondaire progresser le plus rapidement. Moins de 60% des 45-54 ans disposent d’un diplĂ´me de ce type. C’est 80% des 25-34 ans. Et il n’y a aucune raison de penser que ces diplĂ´mes soient plus aisĂ©s Ă acquĂ©rir en France. L’Espagne, la Grèce, le Portugal ont progressĂ© plus vite mais arrivent moins haut. La Belgique et l’Irlande arrivent Ă faire aussi bien que la France. Seule la CorĂ©e du Sud a obtenu un gain nettement supĂ©rieur : elle passe de 57 Ă 97% ! Il y a lĂ un message sur lequel nous reviendrons. On retrouve une progression identique pour le tertiaire (l’enseignement supĂ©rieur). Seule la CorĂ©e du Sud a progressĂ© plus vite : de 18 Ă 50% !
Ces rĂ©sultats sont encourageants. Ajoutons que notre pays a encore de la marge de manoeuvre : il est juste au niveau de la moyenne pour le taux d’obtention d’un diplĂ´me de fin d’Ă©tudes secondaires et il a un taux d’obtention de diplĂ´mes tertiaires plutĂ´t faible pour les formations universitaires de type traditionnel (sans les BTS et DUT).
Le dĂ©fi c’est que certains font mieux. Et d’abord en Asie de l’est. Pour Barbara Ischinger, de l’Ocde, « le plus frappant, toutefois, c’est que l’Europe comme les États-Unis sont de plus en plus dĂ©passĂ©s dans le domaine Ă©ducatif par les pays de l’Asie de l’Est. L’exemple de la CorĂ©e montre qu’il est possible de mettre en place des amĂ©liorations Ă un rythme soutenu : il y a tout juste deux gĂ©nĂ©rations, ce pays avait le niveau de vie de l’Afghanistan aujourd’hui et ses performances dans le domaine de l’Ă©ducation figuraient parmi les plus faibles des pays de l’OCDE. Aujourd’hui, 97 % de tous les CorĂ©ens âgĂ©s de 25 Ă 34 ans ont achevĂ© le deuxième cycle du secondaire ».
CorĂ©e et Japon posent un dĂ©fi qualitatif. Ces deux pays arrivent Ă faire rĂ©ussir presque tous les Ă©lèves. Il y a lĂ une leçon Ă retenir Ă la fois pĂ©dagogique et sociale. C’est une rĂ©ponse Ă apporter Ă ceux qui mettent en doute le paradigme de l’Ă©ducabilitĂ©. C’est aussi la preuve que certains pays savent lutter contre les inĂ©galitĂ©s sociales Ă l’Ă©cole. « Selon l’enquĂŞte du PISA, le rĂ´le que joue le milieu social dans la dĂ©termination des performances des Ă©lèves est encore plus marquĂ© dans des pays comme l’Allemagne, la France et l’Italie qu’aux États-Unis. Par ailleurs, aussi bien en Europe qu’aux États-Unis, les inĂ©galitĂ©s socioĂ©conomiques sont plus importantes que dans n’importe quel pays d’Asie pour lequel des donnĂ©es comparables sont disponibles » observe l’Ocde.
Compte tenu du poids dĂ©mographique de certains Ă©tats (Chine 1,3 milliards d’habitants, Inde 1 milliard), ils posent Ă©galement un dĂ©fi quantitatif. Ainsi la Chine a plus que doublĂ© son nombre d’Ă©tudiants de 1995 Ă 2004. Aujourd’hui elle produit deux fois plus de diplĂ´mĂ©s du secondaire et du tertiaire que l’Union europĂ©enne. L’Inde compte autant de diplĂ´mĂ©s du secondaire chaque annĂ©e que toute l’Europe.
Les consĂ©quences Ă©conomiques de cette marĂ©e de diplĂ´mĂ©s asiatiques seront sans doute très importantes. L’Asie pourra proposer des diplĂ´mĂ©s de haut niveau Ă un coĂ»t limitĂ© et en volume croissant.
Alors le sens de cet Ă©ditorial n’est pas de se satisfaire de nos lauriers. Plus que jamais les pays europĂ©ens vont devoir relever le dĂ©fi de la qualitĂ© et de l’Ă©quitĂ©.
L’indicateur de l’Ocde
http://www.oecd.org/document/24/0,2340,fr_2649_37455_37329304_1_1_1_37455,00.html
Rappel : L’Expresso du 20/09
http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2006/09/index200906.aspx
Rappel : L’Expresso du 13/09
http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2006/09/index130906.aspx
Un rapport officiel appelle Ă renforcer le poids hiĂ©rarchique des inspecteurs d’acadĂ©mie
 » L’IA-DSDEN est au coeur de deux mouvements qui entrent en tension : un mouvement de dĂ©centralisation qui transfère des compĂ©tences et des dĂ©cisions au plus près des citoyens ; un mouvement de modernisation de l’État et d’optimisation de la dĂ©pense publique qui pousse Ă la reconcentration des services de l’État. La dĂ©finition des rĂ´les est très inĂ©galement assurĂ©e sur le terrain. Cela rend malaisĂ©e la situation des inspecteurs d’acadĂ©mie et de leurs services ». Partant de ce constat, l’Inspection gĂ©nĂ©rale, sous la plume de Jean-Paul Delahaye, Pierre Antonmattei et Martine Safra, appelle Ă redĂ©finir et rĂ©affirmer le rĂ´le des inspecteurs d’acadĂ©mie particulièrement auprès des chefs d’Ă©tablissement.
 » La situation de l’IA-DSDEN doit ĂŞtre mieux dĂ©finie dans ses deux dimensions : il est un collaborateur direct du recteur, membre de l’Ă©quipe de direction de l’acadĂ©mie. Il est en mĂŞme temps le directeur des services dĂ©partementaux et incarne l’autoritĂ© hiĂ©rarchique pour les inspecteurs de l’Éducation nationale, chargĂ©s d’une circonscription du premier degrĂ©, et pour les chefs d’Ă©tablissement du second degrĂ©… La mission propose de faire de l’inspecteur d’acadĂ©mie l’interlocuteur premier des Ă©tablissements… Il est proposĂ© Ă cette fin :
– de confier explicitement aux IA-DSDEN l’animation, le suivi et la rĂ©gulation des EPLE, comme c’est dĂ©jĂ le cas des circonscriptions primaires ;
– de les installer plus nettement, sous l’autoritĂ© des recteurs, dans le rĂ´le de responsables des personnels de direction, de la lettre de mission Ă l’Ă©valuation ;
– d’Ă©tendre le cas Ă©chĂ©ant, après Ă©valuation des expĂ©riences conduites dans quelques acadĂ©mies, la politique de dĂ©concentration de la gestion des moyens des lycĂ©es vers les inspections acadĂ©miques ».
Les inspecteurs d’acadĂ©mie pourraient voir leur autoritĂ© nettement renforcĂ©e dans le secondaire. Le rapport invite à « confier aux inspecteurs d’acadĂ©mie la responsabilitĂ© d’assurer un pilotage rĂ©el des Ă©tablissements : analyse de leurs performances, Ă©valuation de leur fonctionnement et rĂ©gulation chaque fois que nĂ©cessaire, animation structurĂ©e au niveau des bassins ». Enfin les inspections acadĂ©miques deviendraient un guichet unique pour les usagers de l’Ă©cole.
Le rapport invite donc l’Etat Ă affermir son pilotage du système en redĂ©couvrant l’importance de l’Ă©chelon dĂ©partemental. Une dĂ©marche qui pourrait ĂŞtre contrariĂ©e sur le fond par une tendance plus lourde que le rappel de la hiĂ©rarchie centralisĂ©e : celle de la dĂ©centralisation et de l’affirmation des acteurs locaux dans la vie quotidienne des Ă©tablissements.
http://media.education.gouv.fr/file/69/3/2693.pdf
Grève du 28 : mobilisation assez faible
« Une très large partie des personnels a prĂ©fĂ©rĂ© aujourd’hui rester mobilisĂ©e au service des Ă©lèves… C’est la meilleure manière e faire bĂ©nĂ©ficier l’Ecole des nombreuses ressources dont elle dispose ». Gilles de Robien se fĂ©licite de la mobilisation assez faible du 28 septembre. Le ministère estime que 15 Ă 18% des enseignants ont fait grève.
Du cĂ´tĂ© syndical, on chiffre Ă 29 Ă 30% le pourcentage de grĂ©vistes. « C’est une mobilisation mĂ©diocre,il faut le reconnaĂ®tre, pour autant les problèmes et les inquiĂ©tudes demeurent » estime J.-L. Villeneuve, pour le Sgen Cfdt. Pour le Se-Unsa « la mobilisation apparaĂ®t globalement modeste… pour autant on constate que les motifs et revendications de cette journĂ©e d’action rencontrent un large assentiment des enseignants ». Le Snes estime que ces rĂ©sultats « mettent en Ă©vidence la dĂ©termination d’une partie importante des personnels ».
Les parents de la Fcpe participaient aux cortèges. La Peep, deuxième association de parents d’Ă©lèves, « regrette que la grève soit systĂ©matiquement utilisĂ©e comme moyen de protestation des personnels de l’Education nationale; qu’une nouvelle fois les enfants soient privĂ©s de leur droit Ă l’Ă©cole; que les familles soient prises en otage et doivent trouver seules des solutions pour la prise en charge de leurs enfants ».
http://actu.voila.fr/Depeche/ext–francais–ftmms–emploieducation/Budget-Education-plusieurs-milliers-de-manifestants-a-Paris.html
http://www.snes.edu/snesactu/article.php3?id_article=2239
http://www.peep.asso.fr/actualite.php?id_actu=103&PHPSESSID=b8a8c35cef12e2f7f5b04fa9b0b51676
Les médecins scolaires en grève le 19
« D’un cĂ´tĂ©, les pouvoirs publics prĂ´nent la prĂ©vention, le dĂ©pistage des troubles des apprentissages, le repĂ©rage des troubles psychiques, l’accueil des enfants malades ou handicapĂ©s Ă l’Ă©cole et l’aide aux familles, et de l’autre, ils mettent en voie de disparition le corps des mĂ©decins de l’Education nationale. Alors qu’il n’y a eu aucune crĂ©ation de postes en 2004 ni en 2005, il n’y a pas de prĂ©vision concrète de recrutement en 2006 pour occuper les postes vacants. En outre les politiques rectorales de l’emploi, dans le cadre des nouvelles contraintes budgĂ©taires, se font au dĂ©triment de la mĂ©decine scolaire et l’on assiste actuellement dans plusieurs acadĂ©mies au licenciement brutal des mĂ©decins vacataires de l’Education nationale. Ceux-ci assurent pourtant 40% des tâches et remplissent les mĂŞmes missions que les mĂ©decins titulaires. Ainsi des centaines de mĂ©decins manqueront Ă la rentrĂ©e dans les Ă©tablissements scolaires. La situation est catastrophique ». Les syndicats Unsa, Fo, Ucsmf des mĂ©decins scolaires appellent Ă une manifestation le 19 octobre.
http://snmsu.unsa-education.org/Petitions/?petition=1
MalgrĂ© les amendes l’absentĂ©isme explose en Angleterre
L’absentĂ©isme continue sa progression en Angleterre. Selon BBC News, en 2005-2006, le taux d’absentĂ©isme a lĂ©gèrement (de 1%) dans le secondaire. Mais il connaĂ®t une hausse de 7% dans le primaire. La stabilisation dans le secondaire n’est pas un bon rĂ©sultat puisque le nombre d’absentĂ©istes est passĂ© de 566 664 Ă©lèves en 2001-2002 Ă 794 877 en 2005-2006.
Des chiffres qui ont un grand intĂ©rĂŞt puisque l’Angleterre est le modèle dont s’inspire le gouvernement français sur ces questions. Bien avant l’adoption, ici, du « contrat parental »,le gouvernement anglais a crĂ©Ă© des sanctions financières pour les parents des absentĂ©istes. Il est mĂŞme allĂ© plus loin puisque ceux-ci sont passibles de prison. L’Ă©chec de ces mesures de responsabilitĂ© familiale est patent.
http://news.bbc.co.uk/1/hi/education/5365416.stm
http://news.bbc.co.uk/1/hi/education/5367240.stm
Quatre mois de prison…
http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2006/08/index140806.aspx
Pas de lycée musulman à Décines
Le Conseil acadĂ©mique de l’Ă©ducation nationale a confirmĂ© la dĂ©cision du recteur de Lyon. Le lycĂ©e-collège musulman projetĂ© Ă DĂ©cines (69) n’ouvrira pas. Le recteur avait avancĂ© un problème de sĂ©curitĂ©. Depuis l’Ă©tablissement a perdu son directeur.
http://actu.voila.fr/Depeche/ext–francais–ftmms–emploieducation/060922164043.4ehfzmbp.html
http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2006/08/index300806.aspx
Tentations traditionalistes dans l’enseignement catholique
« AdhĂ©rant sans rĂ©serve, par paresse ou pusillanimitĂ©, Ă une modernitĂ© largement marxisĂ©e dans son fond comme dans sa forme, l’enseignement catholique est incapable d’apprĂ©hender la postmodernitĂ© qui se construit et ne peut ainsi comprendre la place qui est offerte Ă une vraie pĂ©dagogie chrĂ©tienne ». Selon La Croix, l’archevĂŞque d’Avignon, Jean-Pierre Cattenoz, veut « recentrer  » l’enseignement catholique dans son diocèse.
Il demande « une catéchèse intégrale » dans les établissements et exige une acceptation de ce projet par les enseignants et les élèves, strictement sélectionnés selon leur démarche religieuse.
Des propos qui rompent avec la rĂ©alitĂ© et les projets de l’enseignement catholique et qui sont en totale contradiction avec la loi DebrĂ© qui conditionne le contrat avec l’Etat Ă la neutralitĂ© religieuse de l’enseignement et du recrutement et avec la rĂ©cente loi Censi sur le statut (public) des enseignants des Ă©tablissements sous contrat.
http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2282069&rubId=4078
Les textes sur l’enseignement privĂ© ne passeront plus par le conseil des ministres
Un dĂ©cret publiĂ© au J.O. du 15 septembre Ă©tablit une liste de textes relatifs Ă l’enseignement privĂ© qui n’auront plus besoin de passer en conseil des ministres.
http://www.legifrance.gouv.fr/WAspad/UnTexteDeJorf?numjo=MENX0600098D