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Photo Morguefile

“Il y a trop d’enfants qui ne vont pas à la cantine car ils n’en ont pas les moyens et ne mangent pas ou mal quand ils rentrent chez eux”. Les maires de Drancy et du Bourget (93) ont annoncé la gratuité de la cantine dans les écoles primaires de leurs villes. Le maire de Drancy, Jean-Christophe Lagarde, a déposé une proposition de loi pour instaurer la gratuité de la restauration scolaire pendant toute la durée de la scolarité obligatoire. La mesure semble répondre à une urgence. De fait de nombreux enfants des quartiers défavorisés sont mal nourris. A titre d’exemple, on compte à Clichy-sous-Bois 16% d’enfants scolarisés souffrant de surpoids et 2% de sous-nutrition.

L’idée apparaît donc utile et généreuse. Elle fait pourtant l’objet de critiques de la part de l’Association nationale des directeurs de l’éducation des villes de France (Andev). Pour celle-ci, “l’accueil en restauration scolaire est contraint par la question des locaux… La gratuité en tendant au développement de la demande de fréquentation risquerait ainsi de s’accompagner d’un augmentation des refus d’accès, privilégiant souvent les parents qui travaillent et non pas forcément les plus modestes. Enfin et surtout, depuis de nombreuses années, une majorité de commune a mis en place un système de tarification en fonction des ressources des familles. Leur objectif est celui évoqué par le député : il s’agit de faciliter la fréquentation pour tous. Dans ce cadre, certaines ont choisi la gratuité pour les familles aux ressources les plus faibles… La gratuité pour tous, favoriserait donc essentiellement les familles dont les revenus sont les plus confortables. Ainsi, sous couvert d’une mesure sociale, cette proposition correspond en réalité à une mesure de politique familiale, d’aide a l’éducation des enfants, que l’Etat mettrait en oeuvre a peu de frais au détriment des finances locales. La mesure proposée qui ne concerne que 140 des 700 repas pris chaque année par un enfant est donc à la fois irréaliste et inadaptée. Elle remet totalement en cause la libre administration des collectivités locales sur ce sujet”.

Effectivement de nombreuses municipalités réservent l’accès de la cantine aux enfants des couples dont les deux parents travaillent et qui peuvent présenter un titre de propriété ou de location. Ces deux mesures excluent de fait les parents les plus pauvres.

En novembre 2005, l’Unicef France avait demandé un projet de loi garantissant l’accès de tous à la cantine et particulièrement aux enfants de chômeurs, ou dont la famille est en détresse, incapable de payer la cantine, ou les enfants des familles de sans papiers incapables de fournir les justificatifs demandés. Le financement des travaux et des frais occasionnés aurait été pris en charge par l’Etat. Reconnaissons que l’initiative du maire de Drancy a le mérite de relancer ce débat.
Article du Monde
Rappel : Unicef