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La question de « l’inflation scolaire » et du déclassement des diplômés agite l’univers éducatif français. Pour certains chercheurs la prolongation de la scolarité, la hausse du nombre de diplômés n’a pas réussi à atténuer les inégalités sociales. Nombre de jeunes diplômés du supérieur se trouveraient « déclassés » sur des emplois non cadres. Dans cette perspective l’effort financier de la nation pour l’Ecole serait exagéré et il conviendrait d’investir dans d’autres politiques pour lutter contre les inégalités. Deux études publiées récemment apportent des éléments nouveaux.

La première, très empirique, vient des Etats-Unis. Le Center for Benefit Cost Studies of Education, du Teachers College de l’université Columbia, étudie la rentabilité de l’investissement éducatif. C’est, à vrai dire, un sujet de controverse. Mais les chercheurs du CBCSE s’en sont tenus à un calcul simple qui tient compte des écarts de revenus selon les diplômes et des coûts sociaux (par exemple dépenses maladies plus faibles chez les diplômés). Résultat : Selon eux, les investissements pour diminuer les sorties sans diplôme du système éducatif américain seraient rentables. « Chaque nouveau diplômés de fin d’étude secondaire apporterait un bénéfice de 209 000 dollars en impôts pour un investissement de 82 000 $… Le bénéfice est 2,5 fois plus grand que le coût« . Suivant ce raisonnement en diminuant de moitié les sorties sans qualification, le gouvernement récupérerait 45 milliards de $.

La seconde étude remet plus profondément en cause la thèse du déclassement. Philippe Lemistre (Lirhe, université Toulouse 1). Selon lui « la combinaison de trois normes de déclassement conduit à diminuer le taux de déclassement en regard des mesures habituelles. Ce dernier concerne 10% des jeunes… Ce taux non négligeable s’avère néanmoins très inférieur à ceux produits habituellement« . De plus le déclassement est davantage lié à l’origine sociale qu’au diplôme (à diplôme égal).

Pour P. Lemistre, la hausse du niveau d’éducation est un impératif économique et se traduits par une productivité accrue. Le déclassement lui même lui semble participer de cette compétitivité. Restent quand même 10% de laissés pour compte.

Etude CBCSE

http://www.cbcse.org/modules/download_gallery/dlc.php?file=27

Etude Lirhe

http://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00131770

L’inflation scolaire dans le Café

http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/larecherche/Pages/80InflationscolaireLaFrancecompte-elletropdediplômés.aspx