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Par Françoise Solliec

Pour ses vingt-cinq ans, l’association Prisme a souhaité consacrer sa cinquième université d’été des 3 et 4 juillet à la question « Comment tirer des sens des évolutions de la société pour élaborer les projets éducatifs territoriaux de demain ? »

L’association Prisme, Promotion des initiatives sociales en milieu éducatif, est née il y a 25 ans, pour donner corps à un réseau d’élus, agents publics, associations, consultants, tous experts de l’éducation ou de l’ingénierie sociale et éducative. « Mais aujourd’hui, les acteurs ne sont pas les mêmes » nous déclare le président Jean Roucou. « Nous avons suivi les évolutions des territoires en tant qu’acteurs, avec les différents dispositifs, tels que le CEL, les projets locaux, l’école ouverte, etc. De par nos fonctions, nous avons participé à différentes innovations, mais toujours travaillé en partenariat avec les territoires. Les porteurs d’éducation sont aujourd’hui autant dans le champ social que dans le champ de l’éducation, et la perméabilité entre les milieux sociaux et éducatifs est réelle (voir par exemple ces inspecteurs qui deviennent directeurs de l’éducation dans des conseils généraux). Dans notre ouvrage, « Construire des pratiques éducatives locales », nous insistons sur le partage des compétences induites par la décentralisation et donnons quelques exemples de ces pratiques partenariales ».

Dans la table ronde du jeudi 3 après-midi, c’était justement cette question du partage des compétences qui était abordée. « L’Etat local est-il prescripteur, régulateur, entraîneur, animateur ? ». En préliminaire, il est noté que l’Etat (central) n’a jamais été très bien positionné en ce qui concerne le secteur éducatif. Si les acteurs de terrain, notamment les chefs d’établissement et les chefs de services administatifs du rectorat ou du département, ont bien intégré cette dimension, le dialogue est souvent plus difficile entre les décideurs, recteurs et présidents de collectivités locales.

Les secousses occasionnées par le passage des TOS de la fonction publique d’Etat à la fonction publique ne sont pas encore terminées, affirment les responsables de collectivités. Il n’est pas facile de gérer des personnels qui fonctionneellement sosnt sous la responsabilités de personnels d’autre appartenance (gestionnaires et chefs d’établissement). Dans cette double tutelle, les conseils généraux et régionaux regrettent souvent de n’être considérés que comme des financeurs. Du côté des maires, on fait cependant remarquer qu’au niveau de la commune c’est un mode de fonctionnement déjà ancien et bien accepté.

Les représentants des conseils généraux regrettent aussi que le développement des projets éducatifs soit souvent insuffisamment travaillé entre les deux parties. Ainsi pour Monique Delessart (vice-présidente CG 77), la décision d’organiser des heures de soutien après 16 h 30 aura une forte incidence sur le budget du ramassage scolaire (11 millions d’euros à rajouter aux 21 actuellement budgétés ».

Par ailleurs ce manque de dialogue au sommet favorise parfois des initiatives maladroites dans les régions ou les départements qui « flèchent » des crédits pour des établissements souhaitant mettre en œuvre des actions de soutien à des priorités locales. Ces initiatives peuvent renforcer les tensions qu’on sent croître entre Etat et collectivités, selon Didier Bargas, IGAENR.

Pour les participants, la mise en place réelle de l’autonomie de l’établissement serait de nature à faire diminuer les tensions et à faciliter un mode légitime de collaboration. Mais la position de l’Etat sur cette question ne semble guère avoir évolué en 20 ans. S’y surajoute maintenant le retrait de l’Etat en termes de postes et même de services.

Pour Jacques Guyard, secrétaire de Prisme, « le lieu de synthèse nécessaire n’esiste pas. Il faut certes respecter le caractère nationale des programmes, mais le fonctionnement quotidien doit être une responsabilité partagée ».

L’ouvrage « Construire des pratiques éducatives locales » a été spécifiquement conçu pour le 25ème anniversaire de Prisme. Il est le fruit d’une méthode collaborative de travail, qui en a rendu « la genèse un peu chaotique » selon les coordinateurs, mais a permis de brosser un large panorama des acteurs et des partenariats. « On a réussi à se réguler entre les différentes contributions » déclare Jean Roucou. « On aborde le rôle de la parentalité de manière très transversale, et on trace des pistes pour redonner à l’éducation populaire le rôle qui est le sien, alors que les élèves des milieux populaires risquent la surscolarisation ».