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Par Françoise Solliec

Intertice 2009, comme les précédentes éditions, a fait la part belle aux usages pédagogiques des TICE. Ceux-ci atteindraient-ils une certaine maturité, ainsi que les exemples exposés dans les allées du CNIT tendraient à le faire croire ?

L’édition 2009 d’Intertice, organisée cette année par la seule académie de Versailles, a donné à voir une image cohérente du développement des TICE dans les classes, bien équilibrée entre usages pédagogiques, mise à disposition de ressources et utilisation d’équipements nouveaux, avec une forte implication des collectivités locales et un investissement non moins important de l’éducation nationale, symbolisé par la longue présence du recteur Alain Boissinot et de son entourage. « Nous sommes très satisfaits de cette nouvelle édition », nous a déclaré son principal organisateur, Pascal Cotentin, conseiller TICE du recteur, « non seulement parce qu’elle a été très fréquentée, mais surtout parce qu’une bonne moitié des visiteurs y étaient tout à fait nouveaux ».

Côté équipements, les TNI sont toujours en vedette, avec des logiciels de travail collaboratif de plus en plus performants. On trouve aussi différents dispositifs incluant des outils nomades, avec des ultra portables, comme le produit de Gdium, qui propose un terminal avec une clé Linux personnalisable et un site de ressources et d’échanges, ou des classes mobiles comme celle proposée par HP ou encore l’utilisation de baladodiffuseurs non seulement en cours d elangues mais aussi en EPS.

Côté ressources, on admire le logiciel interactif développé par le CRDP de Versailles mis à disposition des élèves des lycées hôteliers, qui vise à les familiariser avec tous les aspects de leurs profession : mise en relation des gestes et des compétences avec les plats servis, caractéristiques financières, video de préparation, etc. La plate-forme Pairfom@nce de formation des enseignants, désormais supportée par le pôle de compétences de l’académie de Toulouse, présente les derniers parcours réalisés dans les académies pour concevoir une séquence pédagogique utilisant les TICE.

Les ENT ont aussi leur place, qu’il s’agisse de l’expérimentation liée au plan général ENC92 des Hauts de Seine ou de l’expérimentation ENCORE menée par le conseil régional d’Ile de France. Une table ronde a d’ailleurs permis mardi de rendre compte des usages et des évolutions liés à la présence d’un ENT dans l’établissement.

Mercredi après-midi, proximité de la semaine de la presse oblige, une table ronde était organisée par le Clemi, le CRDP et la Mission Tice de l’académie de Versailles, sur le thème « Enseignants et journalistes, médiateurs incontournables de l’information et de la connaissance ! ». Elle était animée par Jean-Christophe Ogier, rédacteur en chef à Radio France qui rappela en préambule que 60% des jeunes de 12 à 17 ans utilisent une messagerie instantanée, telle MSN, et qu’un sur trois écrit dans un blog.

Pour Catherine Becchetti Bizot, inspectrice générale, les nouveaux médias sont bien présents dans l’école, mais celle-ci n’ap pas pris le temps de formaliser es concepts et d’apprendre à les utiliser de manière réfléchie, malgré tout le travail effectué par le Clemi. Si les enseignants peuvent assez facilement bénéficier d’une formation continue sur ce thème, la formation initiale ne le prend pas en compte. Il serait pourtant intéressant , comme pour le B2i, d’encourager les activités pratiques sur ce thème de désigner des enseignants référents.

Le sénateur David Assouline estime qu’il s’agit là d’abord d’un débat de société. Aujourd’hui la télèvision et Internet représentent les principaux vecteurs d’information. Même s’il sait que sa proposition de créer un enseignement obligatoire d’éducation aux medias est très controversée, il estime que des modules d’enseignement spécifiques de 10h seraient nécessaires. Pour être efficaces, ces modules devraient de plus faire partie des connaissances évaluées.

Dés sa création, France 5, représentée ici par son directeur des actions éducatives, Jean-Marc Merriaux, s’est positionnée aussi comme outil pédagogique. Ainsi les ressources en libre accès de Curiosphere et celles accessibles sur abonnement du site.tv s’adressent-elles directement aux ensegnants dans leurs domaines d’intérêt et la dernière semaine de la presse a été l’occasion de leur proposer un dossier très fourni d’éducation aux medias.

Pour Laurent Mauriac, directeur général de Rue89, un site d’informations en ligne, les jeunes sont aujourd’hui immergés dans les usages des nouveaux medias. La population branchée peut se décrire en 2 parties : les natifs du numérique (en gros les moins de 30 ans) et les immigrs (les plus de 35 ans). Cela change profondément le rapport du public à l’information et les journalistes sont amenés à en tenir compte.

Si effectivement, chacun peut s’estimer créateur de contenus, le rôle du journaliste est de garantir les valeurs et une certaine tradition éthique, affirme Edwy Plenel, de Mediapart. On reviendra de l’illusion du tout gratuit. Derrière chaque produit de qualité, il y a de l’expérience et du savoir-faire et cela a un coût. L’essentiel du métier de journaliste, c’est d’abord l’enquête. Les analyses, les rédactions d’éditorial, ne viennent qu’après.

Avec e développement des outils nomades, il apparaît important de donner des outils aux élèves et aux enseignants pour que leur liberté puisse s’exercer. En permettant des échanges non hiérarchisés, Internet reflète une société polyforme complexe. Il faut apprendre à discerner d’où vient l’information et quel est son degré de légitimité. Il n’y a pas d’information à l’état brut sur Internet, ni de véritable neutralité. L’enseignant est garant dans sa classe d’un certain nombre de valeurs, de même que le journaliste dans son media.

L’éducation aux medias est un vieux problème, déclare en conclusion Alain Boissinot. Il ya eu maintes tentatives d’ostracisme sur ce qu’on enseigne à l’école, pour ne garder que les formes nobles de la connaissance, les « textes patrimoniaux » selon l’expression de Catherine Becchetti Bizot. Il faut les dépasser et fonder une rhétorique des nouveaux medias, pas nécessairement avec un enseignement obligatoire, qui apparaît comme plutôt dangereux, mais en faisant évoluer les pratiques de discours et d’écriture dans diverses disciplines, comme le français ou la philo.

Intertice 2009