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Par François Jarraud

Promesse présidentielle, la suppression de la carte scolaire est en route au nom de la liberté et de l’égalité. Profite-t-elle réellement aux habitants des quartiers défavorisés ? Quels effets sa suppression pourrait avoir sur la carte scolaire ?

Un rapport ministériel dénonce les effets de la suppression de la carte scolaire

Supprimer sans réguler c’est ghettoïser. Voilà ce que démontre un rapport officiel, réalisé par les inspecteurs généraux Jean-Pierre Obin et Christian Peyroux, mis sous le boisseau depuis octobre dernier,mais dont Le Monde du 17 juin publie des extraits.

Selon ce rapport, les nouvelles dispositions prises par le président Sarkozy au printemps 2007, qui consistent à faciliter les dérogations, ont entraîné une baisse de la mixité sociale, accéléré les phénomènes de ségrégation sociale et renforcé la ghettoïsation ethnique.

Pour les inspecteurs généraux,  » dans la plupart des départements visités, la question de la survie de certains collèges est ouvertement posée… C’est aux deux extrémités de la hiérarchie des établissements que la mixité sociale est mise le plus rudement à l’épreuve : dans les établissements les plus convoités, il y a peu d’élèves de condition modeste ; dans les collèges les plus évités, ce sont les catégories favorisées qui ont disparu. »

Alors que le ministre a promis la suppression de la carte dès la rentrée 2008, les recommandations des inspecteurs sonnent comme une urgence. Ils relèvent que  » l’objectif d’amélioration de la diversité sociale n’a en général pas été l’objet d’une attention prioritaire » et demandent une politique volontariste en ce domaine sous la forme d’un indicateur de suivi de la mixité sociale donnant droit à des aides et de la fermeture des établissements ghetto.

C’est que les pays qui pratiquaient la liberté de choix totale (la Belgique, l’Angleterre) en sont revenus et sont en train d’instaurer des règles. C’est cette gestion régulée que préconisait aussi Nathalie Mons, dans un article écrit pour le Café. « Tout dépend de la façon dont est conduite la réforme de la carte scolaire » écrivait-elle. « La recherche que j’ai menée sur les politiques de libre choix de l’école montre que dans les pays de l’OCDE il existe deux grandes voies de réforme de la sectorisation classique. Dans un premier cas, que j’ai appelé « le libre choix total », les familles choisissent l’école de leurs enfants et les établissements sélectionnent les élèves qu’ils souhaitent recruter. Il n’y a pas de médiateur entre les parents et le chef d’établissement qui – lorsqu’il est à la tête d’un établissement prestigieux – s’avère être le décideur final… La carte scolaire peut également être réformée selon une seconde logique que j’ai qualifiée de « libre choix régulé ». Dans ces pays, si le choix des parents s’impose comme la règle de base de l’organisation, les inscriptions sont cependant régulées en aval par les autorités locales en charge de l’affectation des élèves… Dans le premier cas, le libre choix total conduit à des inégalités sociales renforcées sans que l’efficacité du système en général soit améliorée ». C’est apparemment bien vers cela que nous emmènent les choix gouvernementaux.

L’article du Monde

http://www.lemonde.fr/politique/article/2008/06/17/la-suppression-d[…]

Sur le Café, le dossier carte scolaire

http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/lesysteme/Pages/Doss[…]

Sur le Café, le cas belge

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2008/01/07012008Accueil.aspx

Sur le Café, le cas belge

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2008/05/19052008Accueil.aspx

Paris : la suppression de la carte scolaire a-t-elle favorisé le brassage social ?

Alors que les opérations d’affectation des futurs lycéens de seconde parisiens sont closes, tout le monde se félicite. Le recteur, M. Quénet, estime, dans Le Monde,que c’est « un très grand succès » et « une avancée républicaine ». Pour la FCPE de Paris, c’est l’aboutissement de « 10 ans de combat » et « un tournant ».

C’est qu’à l’occasion de la suppression de la carte scolaire, la FCPE a obtenu la fermeture du « marché aux élèves », l’ancien procédé d’affectation qui voyait les proviseurs des lycées prestigieux sélectionner, dans l’ombre d’un sous-sol du rectorat, les élèves qui pourraient entrer chez eux.

Pour la première fois, les affectations ont été traitées par informatique en fonction des critères de niveau et de proximité et des vœux des familles. 93% des élèves ont pu être affectés, souligne la Fcpe, « sur des critères clairs ».

Pour l’association de parents,  » La page du marché aux élèves, générateur d’inégalités et de discriminations au sein du système scolaire parisien, et qui stimulait les demandes de dérogations dès l’entrée en 6ème, est définitivement tournée. Cela permettra d’atteindre l’objectif d’une plus grande équité entre les lycées parisiens et d’une amélioration non seulement des résultats des lycéens parisiens mais aussi de leur bien-être ».

Dans Le Monde, la sociologue Marie Duru-Bellat estime que « si l’Etat ouvrait des classes dans les écoles les plus attractives et fermait les établissements désertés, ce serait différent… En réalité c’est une mesure destinée à faire plaisir à une frange de consommateurs favorisés. » Dans cette académie qui tourne le dos à la banlieue, si 80% des élèves ont eu le lycée de leur premier vœu, cela veut-il dire pour autant que les lycéens défavorisés aient vu leur chances d’accéder en CPGE augmenter ? Réponse dans trois ans.

Article du Monde

http://www.lemonde.fr/politique/article/2008/[…]

Sur le Café, le marché aux élèves

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2008/03/17032008_FCPE75.aspx

Sur le site du Café