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Par Françoise Solliec

La mixité sociale est-elle un facteur nécessaire à la réussite scolaire du plus grand nombre ? La région Ile-de-France pose délibérément cette hypothèse et lance la réflexion avec une conférence sur le lien mixité sociale et réussite scolaire au salon de l’éducation.

En introduction, Henriette Zoughebi pose la question : les actions engagées par le conseil régional ont-elles du sens pour la réussite de tous ? La table ronde organisée ce 26 novembre permet de croiser la parole d’acteurs aux multiples compétences, afin de bénéficier d’une meilleure vision de la réalité et du soutien de la recherche. Il faut explorer ensemble des pistes d’action, car »on aura besoin de concertation tout au long de cette mandature ».

Pour Laurent Lafon, maire de Vincennes, c’est le teme réussite scolaire qui a besoin d’être précisé, car il renvoie souvent à une conception élitiste de la réussite, au lieu de renvoyer à l’épanouissement personnel. La commune de Vincennes est très attentive à la lutte contre le décrochage scolaire et travaille en intercommunbalité avec les municipalités voisines, notamment pour la construction d’un nouveau lycée à Fontenay.

Pour Eric Poux, maire de La Courneuve, la mixité sociale ne saurait être décrétée. L’école reproduit les inégalités sociales et il y a de vraies difficultés à construire des dynamiques dans une commune pauvre où le taux de rotation des enseignants est très élevé. Le terrain industriel a été fort dans les années 70, mais il s’agit maintenant d’accompagner des populations très déshéritées alors que les moyens dédiés à ll’éducation prioritaire sont en régression.

La ville de Paris présente de très fortes inégalités, souligne Colombe Brossel, adjointe au maire chargée des affaires scolaires. L’assouplissement de la carte scolaire a créé de profonds bouleversements et tend à vider des établissements qu’on essaie de remplir en y promouvant la mixité sociale et en y encourageant les projets. La ville entend maintenir une présence et un accompagnement au travers de dispositifs comme Action collégiens, qui vise à soutenir les élèves les plus fragiles.

De quoi parle-t-on avec la mixité sociale ? Agnès van Zanten estime que la constitution des territoires n’est pas toujours mécanique et que l’école peut cvontribuer à réimplanter une certaine diversité dans les catégories sociales. Mais ce terme de mixité recouvre des notions assez floues, quoique plutôt généreuses, et il est important d’évaluer correctement les effets de la mixité. Il ne faut pas négliger la place de mécanismes de transferts entre les élèves, mais si on n’apprend pas aux professeurs et aux élèves à travailler ensemble dans des classes hétérogènes, on peut obtenir des résultats très décevants.

Le SNPDEN a réalisé récemment une étude sur les effets de l’assouplissement de la carte scolaire, précise Jean-Claude Lafay, le coordinateur régional. Les premiers résultats indiquent une mise en concurrence des établissements qui profite aux élèves les plus favorisés et introduit très peu de diversité dans les lycées favorisés, alors que les effets sont assez dévastaterurs dans les établissements d’éducation prioritaire. Il semble très difficile de sortir du système actuel, mais la mise en place de l’observatoire régional sera sans doute une piste de réponse.

Les représentants des syndicats et mouvements de jeunes estiment que la réussite scolaire est à la fois un problème culturel et d’orientation. Ils ne sont pas assez accompagnés aux points de croisement et on ne les rend pas assez acteurs de leur éducation. L’accès à la culture, au sport, à la santé sont autant de champs où la région met en place des actions et des soutiens qui vont dans le bon sens.

Pour ce qui est des syndicats enseignants, Roland Hubert, du SNES, estime lui aussi qu’il est important de travailler sur les représentations des voies de formation, notamment au collège, où il faut donner aux élèves les moyens de travailler leur orientation. Il est également nécessaire de donner du temps aux équipes pour arriver à appréhender l’élève dans sa globalité.

L’orientation est aussi une forte préoccupation des fédérations de parents d’élèves. La représentante de la PEEP déplore le nombre d’orientations subies et et les effets négatifs des palmarès médiatiques des établissements. Jean-Jacques Hazan, FCPE, rappelle l’importance du diplôme pour l’accès à l’emploi. Un objectif de réussite scolaire partageable lui semble être 85% d’une classe d’âge au bac, pas de sorties sans qualifications et 50% d’une classe d’âge dans l’enseignement supérieur. Comme la ségragation sociale s’établit dès la fin de la 3ème, il demande à la région d’agir pour favoriser l’autonomie des élèves et leur accès à la culture.

En conclusion, Henriette Zoughebin revient sur l’incontournable partenariat avec l’éducation nationale, même s’il y a parfois des déaccords sur les orientations politiques. L’Ile-de-France est la région la plus riche de France, mais c’est aussi celle où les inégalités sont les plus fortes. L’attente par rapport à l’école est énorme, car l’éducation est porteuse d’espoir de réduction des inégalités. Cette table ronde est un premier rendez-vous, d’autres temps de travail suivront régulièrement, car on a besoin de productions et du contact avec les équipes de terrain pour alimenter le futur observatoire de la mixité sociale et de la réussite scolaire.