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« La redéfinition des zones d’éducation prioritaire et des territoires de politiques de la ville ainsi que la mise en place d’une péréquation entre les territoires sont indispensables ». Des élus de Seine6Saint-Denis demandent à l’Etat la mise en place de la péréquation des moyens pour affirmer leur rôle.

De nombreux courriers d’élus et de responsables syndicaux parviennent au ministre le de l’Education nationale, Vincent Peillon, alertant quant à la situation de leur territoire en matière d’éducation. L’occasion pour eux de réclamer le rétablissement des postes supprimés au sein du Réseau d’Aide Spécialisée aux Elèves en Difficultés (RASED), des postes supplémentaires d’enseignants, de personnels de santé manquants, les conditions déplorables d’accueil d’enfants en situation de handicap et des personnels qui les encadrent les EVS et AVS, etc…C’est à dire tout ce qui fait cruellement défaut aux écoles, notamment dans la perspective de la rentrée prochaine.

La coordination des élus en charge de l’Education en Seine Saint Denis a pour objet d’échanger sur nos pratiques, nos expérimentations en matière d’accompagnement éducatif, nos dispositifs variés et nos difficultés … La Seine-Saint-Denis est un territoire largement observé. Nous en voulons pour preuve les nombreuses visites du candidat aujourd’hui Président de la République. Il est aujourd’hui un des territoires clés pour les réformes que vous envisagez. A ce titre, nous sommes en attente de décisions et d’actions, non pas symboliques, mais fortes, pérennes et partagées.

Bien que les besoins dans nos villes soient grands nous ne cherchons pas à nous engager une concurrence avec d’autres communes ou territoires, ni d’opposer les difficultés rurales aux difficultés urbaines. Les décisions à venir, garantiront, nous n’en doutons pas, le service public et l’égalité républicaine dans chaque école. Et pourtant, l’urgence sociale et éducative est une réalité chez-nous.

Dans ce département le plus jeune et le plus pauvre de la France métropolitaine, nous connaissons un retard réel et identifié, mais toujours aussi révoltant. Il est aussi riche de sa diversité et de sa créativité. Souvent décrit sous des aspects inquiétants vu de l’extérieur, il est pourtant incroyablement attachant. Les initiatives sont très nombreuses, le talent débordant, l’entraide et la solidarité ne sont pas de vains mots ici.

Ce retard représenté en chiffre c’est : A peine 10 % des actifs disposent d’un niveau bac + 2, contre 40 % à Paris ou 30 % dans les Hauts-de-Seine. Près de 30 % des actifs du département n’ont aucun diplôme, soit le double de Paris et des Hauts-de-Seine. (source Le Monde 2011). Le coût d’un élève pour l’Education Nationale en Seine-Saint- Denis est inférieur de 47% à celui de Paris. Chaque année des centaines de lycéens bons élèves migrent vers les lycées parisiens faisant baisser la moyenne de nos résultats scolaires.

Pour les réformes à venir, la redéfinition des zones d’éducation prioritaire et des territoires de politiques de la ville ainsi que la mise en place d’une péréquation entre les territoires sont indispensables. Les juxtapositions de territoires, de pouvoirs de décisions et de dispositifs pénalisent souvent les actions. Les réformes de la décentralisation et celles de la politique de la ville sont également très attendues par les élus pour porter ces changements.

Le territoire de la Seine Saint Denis a connu ces dernières années l’installation de nombreux sièges sociaux de grandes entreprises, dans le secteur tertiaire mais aussi dans le secteur de l’innovation et du numérique. Ces entreprises profitant d’un foncier peu cher, sont arrivées avec leurs salariés – près de 70% viennent des départements voisins – et quand elles recrutent elles ont du mal à trouver les profils adaptés localement, ingénieurs, informaticiens, techniciens…Tandis que nos quartiers connaissent un taux de chômage de 40% !

Il est urgent pour le ministère définissie des réponses précises pour stopper cette spirale infernale qui pénalise notre jeunesse, par la formation aux usages du numériques dans nos écoles, par des formations professionnelles adaptées, par la création de filières novatrices en phase avec le développement économique territorial, par des plans d’aides pour l’équipement et la modernisation de nos structures scolaires en Nouvelles Technologies, structures qui connaissent un retard considérable par rapport aux départements limitrophes.

Nos populations subissent durement la crise et ce depuis longtemps. Nous ressentons quotidiennement l’accentuation de cette paupérisation et devons pour y répondre procéder constamment à des arbitrages dans l’exercice de nos missions, dans la gestion de nos budgets municipaux et de nos budgets scolaires. Depuis les nombreux désengagements de l’Etat et la suppression de la taxe professionnelle, nous répondons aux besoins des familles avec toujours plus de difficulté.

Chacun fait des choix, certains d’entre nous renforcent les taux d’encadrement des élèves, d’autres encouragent l’accès à tous à la culture et au sport, d’autres encore équipent en matériel numérique, construisent de nouvelles écoles modernes et durables écologiquement… Tout cela avec le même engagement d’un service public préservé, pour le bien être des élèves, leur épanouissement, leur réussite éducative par la mise en œuvre de bonnes conditions d’apprentissage et d’enseignement.

Cette crise terrible s’est traduit ici, par l’explosion de demandeurs du RSA, la baisse des transactions immobilières qui a également affecté notre partenaire le Conseil général. Avec lui nous portons de nombreux projets, de la petite enfance au collège, des projets de construction, de soutien à la parentalité, de développement des usages numériques et de prévention à la santé, son affaiblissement et son devenir nous inquiètent énormément.

Dans ce contexte, que le ministère et les services académiques connaissent bien, nous voulons être des partenaires, non pas pour un plan de rattrapage, mais pour accompagner, partager, participer pleinement à cette grande refondation du système éducatif. Avec les propositions du candidat et la nomination d’une ministre déléguée à la Réussite éducative, nos attentes sont grandes, partout dans notre territoire nous avons à partager nos expériences, nos PEL, nos CEL, et d’autres dispositifs qui fonctionnent bien.

Face aux nombreux dossiers qui nous attendent, celui de la réforme des rythmes scolaires et donc de la journée de l’enfant, fait de nous des acteurs impliqués et déterminants. La concertation annoncée sera nécessaire.

Pour cette réforme qui est annoncée pour la rentrée de septembre 2013, nous voulons mettre à profit toutes ces expériences liés à nos projet et dispositifs locaux. Partout, nous avons imaginé, créé et porté des projets pour l’école et nos élèves, nous avons essayé, tâtonné, souvent de manière isolée, avec nos services et nos agents. C’est la richesse de ces expériences portées par les villes qui peuvent nourrir la réflexion du gouvernement et permettre de construire l’école de demain.

Nous savons bien que cette réforme n’est pas qu’une question de nombre d’heures et de jours de classe, mais bien l’occasion enfin de redéfinir ensemble le temps de l’enfant, de respecter ses rythmes, celui du temps de travail des enseignants et des besoins des parents.

Nous pouvons participer à la co-éducation avec nos partenaires que sont les associations de l’éducation populaire, les associations sportives et culturelles, et les parents d’élèves …

Chacun va pouvoir partager ses savoirs, pour rééquilibrer la journée de l’enfant et se doter d’outils efficaces contre l’échec scolaire et garantir l’égalité d’accès à la culture, au sport, former à la culture numérique et à la citoyenneté.

Seul le cadre national et la péréquation permettront de garantir l’égalité sur l’ensemble du territoire. Sans ce cadre, nous ne pourrons conduire nos projets artistiques, numériques, culturels ou sportifs avec les mêmes moyens que Neuilly, Versailles ou Paris …L’ Etat et ses représentants seront les garant de cette égalité républicaine qui, depuis tant de décennies, pénalise les perspectives et l’avenir de nos enfants en Seine-Saint-Denis. Nous aussi nous avons des talents à faire émerger !

Nous sommes, dans cette coordination, issus de villes moyennes et grandes, porteurs de diversité d’innovation et de créativité que nous souhaitons valoriser. Nous sommes convaincus que la Réussite éducative de nos jeunes passe par une ambition commune que nous partageons tous.

Nos villes et nos territoires sont en grande mutation, avec la construction de logements, les nombreuses réflexions urbaines, de déplacement, de développement économique, le projet du Grand Paris, la conception de ville intelligente… Ce département peut-être un formidable laboratoire et délivrer toutes ses promesses, mais cela ne doit pas se faire au détriment de sa population et encore moins de sa jeunesse. Garantir le droit à l’instruction pour tous prend tout son sens ici chez nous.

Nous avons des connaissances multiples, à nous tous de les capitaliser pour construire ensemble l’école de demain. Ce défi est majeur et passionnant. Nous serons là pour le relever.

La coordination des élus en charge de l’éducation de Seine-Saint-Denis

Aubervilliers, Aulnay-sous-Bois, Les Lilas, Le Pré st Gervais, Montreuil, Noisy-Le-Grand, Noisy-Le-Sec, Pantin, Pierrefitte, Saint-Denis…