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L’après-midi est consacré aux enjeux et à l’actualité derrière la transmission de valeurs et l’affiliation. Mais quelles valeurs transmettre ? Pourquoi parler « d’empowerment » ? Pourquoi ne pas parler de socialisation ? Quelques questions lancées en début de séance par l’animatrice, Hélène Bézille, université Paris Est Créteil (UPEC).
Alain Coulon, de Paris 8, nourri de sociologie interactionniste, introduit le propos en tant que « premier utilisateur » de l’expression « affiliation », définie comme ce travail actif d’apprentissage où l’individu apprend à l’intérieur d’une communauté, mais aussi processus pour acquérir un nouveau statut social et une nouvelle identité. Alain Coulon, essayant de comprendre l’échec massif des étudiants à l’entrée à l’université, insiste sur les allant de soi et les routines nécessaires pour « devenir étudiant », qu’il juge « toujours dissimulés dans les pratiques des enseignants du supérieur ». L’étudiant doit donc être initié et passer par trois stades : le temps de l’étrangeté, de l’apprentissage et de l’affiliation institutionnelle. L’affiliation ne peut pas être une intériorisation. On est membre quand on catégorise le monde de la même façon que les membres de la communauté. On appartient à une liste, on a une perspective.

Jonathan Kaplan, du laboratoire de psychologie des acquisitions et interactions en contexte, parle des cercles d’études. Dans ces organisations, on est libre d’envisager une formation, de choisir ce qu’on a envie d’apprendre et se donner les moyens de l’organiser. Il y a des règles de vie commune choisies, pas de domination ou d’hégémonie, mais l’acceptation de la subjectivité.

Laura Vidal (UPEC) évoque les communautés en ligne et les expériences d’apprentissages sur le monde et les medias. Elle présente la communauté virtuelle Global Voices online (dont le slogan est : « the world is talking, are we listening ? ») et le journalisme citoyen. Selon son expérience, il suffit qu’une information ne soit pas relayée par un groupe de presse mais par un individu pour qu’elle soit considérée comme plus authentique…

Véronique Fortin est formatrice d’enseignants spécialisés (UPEC) et elle a créé un espace en ligne ouvert au moment de la formation, avec des forums de discussion. On voit depuis peu une évolution exponentielle d’outils, fleurir des groupes formels ou informels pour partager, échanger. A partir d’un cas particulier, tout le groupe va essayer de trouver des éléments de réponses à ce stagiaire. Et cette formation en ligne développe le sentiment d’une communauté.

Denis Morin, au ministère québécois de la jeunesse, rapporte comment, dans un réseau d’écoles, on est entré dans un apprentissage entrepreunerial. Il attribue toutes les qualités à cet apprentissage « expérientiel, actif, responsabilisant, coopératif, réalisé en équipe, socio-construit et réflexif ». La liste est longue… Les élèves confrontés à des difficultés demandent « un agir autrement ». Ils ont un meilleur sentiment d’appartenance à une communauté, d’être au cœur des apprentissages qu’ils mènent. Ils sont plus motivés et persévérants. Les enseignants ont un plus fort sentiment d’efficacité personnelle. Développer ce goût d’entreprendre est selon lui très fort en ce moment…

C’est la fin de la journée, les rangs se sont éclaircis. Laissons la parole finale à une militante pédagogique qui, de la salle, interpelle les intervenants avec cette question : « On parle de quoi : apprendre, transmettre par les réseaux sociaux ou bien retisser du lien social, se réassurer… On réinvente les cercles d’études qui datent du 19ème siècle, on redécouvre la pédagogie du projet et du travail d’équipe… »
« – Nous redécouvrons que nous sommes des êtres sociaux », répond l’intervenant. Les machines ne règlent pas tout…