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Catherine Berthillier a été longtemps journaliste d’investigation pour Envoyé Spécial notamment, parcourant la planète pour dénoncer les dictatures, les maux qui mitent le monde. Et un jour elle en a eu assez. Enquêtant en Inde sur un trafic d’organes, elle rencontre dans un village dépourvu d’électricité, un homme qui a mis au point une lampe solaire, une invention qui change la vie au quotidien des villageois. Elle vient de faire connaissance avec le premier pionnier de sa série Shamengo.

Shamengo est une galerie de portraits, d’initiatives pour mieux vivre ensemble. Financé en grande partie par la MGEN, le projet propose de produire et de diffuser des films de 2 minutes relatant de façon positive ces petits riens ou ces grands pas qui contribuent à changer le monde. De l’américaine qui loue ses chèvres pour tondre son jardin sans aggraver son empreinte carbone, à l’écossais qui a créé la coupe du monde de foot des sans abris, au créateur d’une école de cirque au Maroc ou aux créateurs d’art éphémère, ces petits films donnent à voir un monde qui change par l’initiative de quelques uns. Les petits cailloux feront de belles bâtissent, les petites graines peupleront le champ pourvu que des valeurs les fertilisent.

Shamengo est la contraction des mots shaman, men et go. Seul impératif pour être pionnier Shamengo : que son projet s’appuie sur des valeurs liées au développement durable, à la création éthique, à l’engagement pour les autres. Catherine Berthillier utilise les ficelles du métier de grand reporter pour concevoir ses « pastilles de bonheur ». Sincère dans son discours, la démarche qu’elle promeut interroge certains et séduit le plus grand nombre. Pour elle, il faut toucher les enfants leur montrer qu’ils peuvent devenir des entrepreneurs d’un monde à construire, des acteurs d’une économie à visage humain.

Dans la salle, les bémols s’expriment sur le caractère individuel des initiatives. La forme des films interroge aussi avec leur ressemblance plan par plan avec les programmes courts de la télé. Catherine Berthillier défend ses choix en expliquant qu’un collectif nourrit nécessairement le projet mais qu’il doit nécessairement être personnalisé pour trouver un écho. Quant au format, d’autres vidéos plus longues seront bientôt proposées sur des pionniers exceptionnels. Clairement, elle oppose l’idéologie à l’action et mise sur la deuxième pour changer le monde. Une jeune enseignante réconcilie tous les avis, les sceptiques et les enthousiastes, en expliquant la séquence pédagogique qu’elle pourrait mettre en œuvre à partir d’un de ces petits films, celui des chèvres tondeuses. Son utilisation croiserait éducation à l’image en analysant pourquoi le film a touché ou non les enfants et rencontre avec des éleveurs de chèvres.

« Ce film n’est qu’un outil, c’est à nous enseignants de voir si nous pouvons l’utiliser et comment ». Dans le débat, la pédagogie l’a emporté.

Monique Royer

Le site de shamengo

http://shamengo.com