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Elle vient de Bretagne, elle vient du village d’à côté, il vient de Saint Etienne, elles arrivent du Vaucluse et des Landes, ils ont pris le train de Paris, ils ont loué un minibus, elle a l’accent alsacien, il parle couramment occitan. En groupe, en duo, en solo, par la route ou par le rail, ils se sont donné rendez-vous à Leucate aux touts débuts des vacances de la Toussaint.

Et ce rendez-vous pour les enseignants du primaire, adhérents du Snuipp ou non, est devenu une tradition. L’Université d’automne est un lieu incontournable pour se ressourcer, trouver idées et réponses pour exercer son métier. Le lieu n’est pas aux discours, aux formules prêtes-à-parler. Les conférences donnent la parole à des chercheurs, des experts dont les exposés éclairent les débats du quotidien. Laicité, éducation à l’image, difficultés d’apprentissage, enseignement de la science, l’enfant victime des violences conjugales, voici quelques uns des 28 sujets proposés au menu des universitaires automnaux.

De cette profusion, notre dossier offre une vue partielle mais que nous espérons fidèle à l’atmosphère d’un rendez-vous où la parole est riche. Le temps des débats laissé à la fin des conférences a donné lieu à bien des approfondissements et des avis contradictoires. Ici l’intervenant n’a pas public gagné. Des opinions se manifestent parfois à l’encontre des idées de l’exposé. Des témoignages éclairent ce qui a été dit. La parole circule aussi dan les temps du off, temps conviviaux et temps où l’on se réchauffe dans un tonitruant brouhaha des courants froids déposés par la tramontane.

Nous avions quitté l’an passé l’université d’automne en saluant des enseignants épuisés, désabusés, déboussolés. Depuis, leur camp a gagné les élections et le débat sur la refondation est passé par là. Mais la sérénité n’est pas encore au rendez –vous. Dans les conversations les mots « reconnaissance » « rythmes scolaires » « moyens » reviennent. Les enseignants espèrent que la réforme se fera vraiment et ne se noiera pas sous les compromis à petits pas, ceux des reculs face aux pressions divergentes. Ils viennent apprendre pour améliorer leurs pratiques professionnelles mais comment appliquer ce que l’on a appris quand l’effectif de la classe prête peu aux attentions individuelles ? La fatigue perce dans les échanges informels mais pas l’amertume.

C’est comme si ils voulaient encore croire que la réforme qui améliorera en profondeur les conditions d’apprentissage et d’enseignement à l’école va pointer son nez. Comme si le souffle dans les drisses ramenait en écho une reconsidération de leur métier, de leur rôle, de leur engagement pour l’éducation. Comme si la tramontane avait aussi la vertu de balayer les obstacles politiques et financiers qui amincissent les ambitions de la refondation. Au moins dans les esprits.

Monique Royer