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« Second trimestre déterminant ». Puisque l’on est dans la saison des bulletins trimestriels et qu’Yves Reuter nous aide à les décrypter, essayons de rédiger le bulletin de Vincent Peillon…

« Beaucoup d’énergie » certes pour le ministre. En 6 mois il a posé de nombreuses fondations. Face à une rentrée très éloignée de ses engagements, il a tiré le maximum de profit des moyens disponibles pour atténuer les effets des choix de Luc Chatel. Dans la foulée il a lancé la concertation. Enfin il vient de faire accepter par le CSE le projet de loi d’orientation. Ce texte rétablit la formation des enseignants. Il donne une priorité réelle au primaire. Il annonce l’embauche de nouveaux enseignants à travers deux concours. Il place des espoirs dans le numérique. Il aborde la question du numérique pas seulement sous l’angle du matériel mais aussi avec le regard du pédagogue. En 6 mois c’est un bilan colossal. Peu de ministres ont affronté ainsi les difficultés et remporté victoire sur victoire à un tel rythme. Ajoutons que tout cela s’est fait avec style. Quand Vincent Peillon parle, il s’adresse à la meilleure partie de son auditoire, parce qu’il se présente comme le défenseur exigeant de la raison et de l’intérêt général. Ainsi a-t-on l’impression d’être enfin en accord avec le gouvernement de son pays après un long intermède de préoccupations médiocres.

« A confirmer« . Pourtant rien n’est construit. D’abord parce que la loi d’orientation sera au final ce que les parlementaires voudront bien en faire. D’autre part, parce que la loi repousse à des arbitrages plus tardifs de nombreux points conflictuels comme le socle commun. Jusque là V Peillon a été « le ministre des élèves », faisant passer leurs privilèges en premier. Enfin parce qu’en « refondant » l’Ecole il a levé de grands espoirs chez les acteurs de l’Ecole, creusant les écarts et réveillant les attentes.

« Doit mieux faire ». Aussi c’est un nouveau défi qui attend V Peillon. Celui de la mobilisation enseignante. Aucune réforme n’est possible sans eux. Et les mesures annoncées ou prises ont plutôt ravivé les attentes. On sent bien monter les inquiétudes et les espoirs, les uns nourrissant les autres. L’avenir de la refondation va maintenant se jouer sur la capacité du ministre a entraîner les enseignants dans cette aventure. Pour combler le fossé qui s’est creusé entre les enseignants et leur institution, il ne suffira pas d’être le ministre des élèves. Il ne suffira pas de vouloir sauver la planète Education. Il faudra améliorer leurs conditions de travail et de vie. Voilà la rude tâche des mois à venir.

François Jarraud