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Assistante sociale depuis 1976, Mireille Lambert est aujourd’hui conseillère technique sociale du Recteur de paris, responsable du service social des personnels et des élèves.

« L’assistance sociale ne fait-elle donc rien pour tel élève ? » Ce genre de réflexion circule parfois parmi les enseignants …

On peut comprendre cette phrase sous différents aspects. Cela dépend de la représentation que chaque personne a de la fonction. Communément l’assistante sociale et en milieu scolaire on n’y échappe pas, est perçue comme celle qui va instruire et apporter une aide financière. Puis vient ensuite, tout ce qui touche la protection de l’enfance (maltraitance, violences sexuelles, carences éducatives…) Cela correspond à l’image de l’assistante sociale qui signale à l’autorité judiciaire ou aux services sociaux des conseils généraux l’enfant « maltraité » qui sera alors retiré de sa famille et placé. Aujourd’hui encore cette image est-elle très tenace dans l’esprit des familles.

Comment expliquer cette image ?

Très souvent les enseignants, l’administration ont le sentiment de signaler mais que rien ne se passe. Or le temps scolaire et le temps éducatif sont des temps différents. L’évaluation sociale d’une situation demande du temps, orienter, faire adhérer des parents et des enfants à des propositions d’aide, est un travail de longue haleine On est dans le domaine de l’humain, la relation de confiance avec les parents ou les jeunes se construit lentement. L’institution scolaire elle, a besoin que le problème soit réglé rapidement et qu’une solution soit vite apportée.

Quelles sont les situations le plus courantes ?

Au collège comme au lycée avec la précarité qui touche de plus en plus de familles, les demandes d’aides financières ont considérablement augmenté. Les familles monoparentales nombreuses maintenant, cumulent des difficultés (problème économique, de logement, de travail) sont le public qui s’adresse au service social scolaire. Des mères seules qui n’arrivent pas à faire face aux difficultés de la vie et qui ont souvent besoin d’être soutenue dans leur fonction éducative. Les conflits conjugaux et leur impact sur les enfants sont aussi source d’intervention du service social scolaire. Les enfants pris dans un conflit de loyauté, expriment leur mal-être au sein de l’école.

Les situations sont-elles identiques pour les jeunes adultes lycéens ?

Au lycée les incidences sur la scolarité et les conditions de vie des jeunes lycéens sont importantes : arriver à se nourrir, se loger parfois, financer ses transports et aussi tout simplement se soigner … Le service social scolaire doit apporter toute l’aide nécessaire pour que le jeune lycéen puisse poursuivre sa scolarité dans les meilleures conditions possibles (l’information l’accès aux droits, à la santé, au logement, aux bourses).

Les enseignants, les personnels d’éducation, les administratifs, la direction … aspirent parfois à connaître un maximum d’informations sur la situation spécifique d’une élève … que peut dire une assistante sociale ?

L’enfant doit pouvoir déposer à l’entrée de l’école ce qui se passe dans son espace privé. Certains n’arrivent pas à laisser de côté les « soucis familiaux ». L’important c’est qu’il trouve dans son établissement, les adultes ressources qui l’aideront à surmonter les obstacles de la vie pour poursuivre son chemin.

L’assistante sociale est soumise au secret professionnel et ne peut en être déliée qu’avec l’accord des familles sauf dans les cas prévus par le code pénal. Que doit savoir un membre de la communauté éducative ? Tous les éléments qui pourraient avoir une incidence sur la scolarité de l’élève (le décès d’un parent par exemple).

Comment résumer la mission des assistantes sociales scolaires ?

Le système éducatif doit se transformer trop de jeunes restent sur le bord du chemin et beaucoup s’ennuient … Les assistants sociaux de l’éducation nationale travaillent dans un ministère où le pédagogique prime. Leur rôle de médiateur entre l’institution et les familles est important. Favoriser et maintenir ce lien entre l’école et la famille, participe à la réussite de tous les élèves. Membre de la communauté éducative il doit aujourd’hui en tant que conseiller social de l’institution, concourir à rendre le climat scolaire plus serein en apaisant les tensions pour le bénéfice des élèves.

Propos recueillis par Gilbert Longhi