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Si elle a créé la surprise, la nomination de Najat Vallaud-Belkacem rue de Grenelle est accueillie positivement dans le monde de l’éducation. C’est un atout pour une ministre qui en aura bien besoin face aux difficultés de l’Ecole.

Quand on monte l’escalier principal du ministère de l’éducation nationale on affronte un mur d’hommes : ce sont les portraits des ministres de l’Education nationale depuis les origines de ce ministère. Aucune femme ne s’était glissée dans cette vitrine où des moustachus pas commodes observent des barbus placides. Najat Vallaud-Belkacem, championne de la lutte contre les stéréotypes de genre, vient déjà casser cet ordre des choses.

D’une certaine façon, la ministre réconcilie son ministère avec la réalité sociologique des enseignants tout en affrontant la sociologie de l’Ecole. Car dans l’Education nationale règne une inégalité dans l’accès aux corps d’enseignement. Si les femmes dominent largement les corps de professeurs des écoles ou de certifiés, on atteint la parité avec les agrégés et il y a deux hommes pour une femme pour les professeurs de chaire supérieure. Evidemment cela impacte les revenus. A l’indice 300, 77% des salariés de l’éducation nationale sont des femmes, à l’indice 900 seulement 39%. Il est probable que la nouvelle ministre aura à coeur de faire évoluer ces situations.

Mais bien d’autres attentes s’expriment sur la nouvelle ministre. Le camp réformiste a vu partir Benoît Hamon avec satisfaction. Pour lui le changement de ministre est l’occasion de relancer la refondation de l’Ecole que le Sgen , le 26 août, a présentée comme « sous le boisseau ». A quelques semaines des élections professionnelles, cette nomination va devenir un argument dans la bataille syndicale et il sera intéressant de voir comment Najat Vallaud-Belkacem navigue dans cette période.

Pour autant les fondamentaux du ministère changent-ils ? Benoît Hamon avait été nommé pour mettre fin à l’agitation née de la réforme des rythmes et des ABCD. Derrière cette nouvelle ligne, s’affichait la réorientation de la politique gouvernementale qui ne met plus l’éducation au premier plan. Najat Vallaud Belkacem garde le même rang protocolaire au gouvernement que Benoît Hamon. Elle devra servir le même premier ministre. Elle sera soumise aux mêmes pressions budgétaires. Benoît Hamon avait su préserver le budget de l’Education nationale. C’est ce que tout le monde attend en premier de la nouvelle ministre.

François Jarraud