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Une image subsiste fortement de la Journée nationale du sport scolaire, le 17 septembre. Celle des combats de boxe mixtes avec les collégiens de Villeneuve-Saint-Georges. Un bel exemple d’éducation par le sport qui développe la confiance et une situation scolaire au coeur des questions du jour : l’application du décret des 3 heures et la mixité dans le sport.. Ajoutez des présidents d’association radieux, une ministre qui se plie aux selfies, des professeurs d’EPS de haut niveau et des enfants qui s’amusent. Une belle journée !

La Journée nationale du sport scolaire c’est un peu la revue de détail pour les fédérations du sport scolaire. Ce jour là des manifestations sont organisées dans tous les établissements scolaires pour faire connaitre les associations sportives et faire découvrir des sports. A Paris, N. Vallaud-Belkacem, ministre de l’éducation, et Thierry Braillard, secrétaire d’Etat au sport, passent les associations en revue. Avec la ministre de l’éducation, très décontractée, très accueillante avec les élèves, la Journée devient presque un grand pique-nique. Laurent Pétrynka, directeur de l’UNSS, la fédération du sport scolaire du second degré, affirme que son association est en progrès. Elle a dépassé le million de licenciés l’an dernier. « Le soutien de l’Etat à notre mouvement s’est matérialisé déjà par le décret 3 heures », explique-t-il. Les subventions à l’UNSS auraient été réévaluées. L Pétrynka ne dira rien des discussions en cours sur la réforme du statut des associations sportives, un sujet pourtant brulant. Jean-Michel Sautreau, président de l’Usep, l’association sportive du 1er degré, est un peu plus critique. Son association continue à licencier 800 000 enfants et à en toucher environ 2 millions. Son problème ce sont les retombées de la réforme des rythmes. « Il ne faut pas que les activités sportives périscolaires entrainent l’externalisation de l’EPS », nous confie -t-il.

A cette rentrée, un décret a accordé 3 heures de décharge aux professeurs d’EPS pour l’encadrement des associations sportives. « Cela installe fortement le sport scolaire dans les établissements », nous confie Benoit Hubert, le nouveau secrétaire général du SNEP Fsu, syndicat ultra majoritaire des professeurs d’EPS. Fini les grignotages des heures d’AS et leur remplacement par des cours classiques. « C’est un grand combat gagné », estime Fabien Combaluzier, professeur d’EPS à Versailles. Même écho auprès de Claire Cougnaud, professeure d’EPS dans un collège de Villeneuve-Saint-Georges. « C’est primordial pour le métier », nous dit-elle. « Cela nous permet de créer une relation particulière avec les élèves. On crée un groupe , on le fédère, on établit des règles. On se soutient dans le cadre de relations différentes de celles du cours d’EPS. On vit des émotions avec les compétitions et la gestion de cet émotionnel est très éducative avec les jeunes ». Elle anime une activité boxe où garçons et filles se combattent avec fougue, technicité, respect et confiance.

L’ombre au tableau du décret c’est que les équipements sportifs n’ont pas été revus à la hausse. Avec la réforme des rythmes scolaires et le développement du périscolaire, ils sont davantage sollicités. La ministre de l’éducation nationale a beau, le 17 septembre au soir devant l’Assemblée nationale, nier les faits, des professeurs d’EPS présents à la journée en parlent. « On est maintenant en concurrence pour les équipements avec l’EPS en primaire, le sport scolaire du primaire, le périscolaire et le sport non scolaire », nous dit B. Hubert. Les municipalités, gestionnaires de la plupart des équipements, donnent la priorité à leurs propres services et les enseignements s’en ressentent. Thierry Braillard, secrétaire d’Etat au sport, estime lui qu’avec la réforme des rythmes , « on offre plus de sport aux élèves ».

Ancienne ministre des sports et des droits des femmes, tout le monde attend que N. Vallaud-Belkacem mette l’accent sur la mixité dans l’EPS. « Les conventions que nous avons signé avec les fédérations sportives fixent des objectifs de féminisation des activités et des instances dirigeantes », nous dit-elle. Pour elle, la réforme de l’évaluation qu’elle prépare devrait aider les pratiques mixtes en déculpabilisant les garçons s’ils sont battus par des filles. En attendant, les associations enregistrent une chute du nombre de licenciées à partir de l’entrée dans l’adolescence. « On compte 40% de filles seulement », nous dit Laurent Pétrynka. Pour augmenter ce taux, l’UNSS a rendu certains sports obligatoirement mixtes comme le tennis de table, le golf, l’équitation. « On forme les enseignants pour qu’ils proposent des activités mixtes ». Pour Benoît Hubert, « la mixité reste un combat quotidien. On y a beaucoup réfléchi. Il reste à faire mais on avance aussi bien sur la mixité des équipes que dans le langage des enseignants ». Pour lui, « il n’y a pas d’activité à priori mixte tout dépend du projet pédagogique ». Claire Cougnaud estime qu’il faut prendre en compte les différences dans les activités pour qu’elles intéressent garçons et filles. « En boxe par exemple on travaille l’esthétique et le contrôle de la puissance », nous dit-elle. Son activité boxe est suivie par 20 filles et 10 garçons. « La mixité fait partie du système éducatif », rappelle Fabien Combaluzier. « C’est à nous de l’encourager ». Dans son lycée, il propose des activités attirantes pour les filles comme le step. Mais « il ne faut pas forcer la mixité. Il faut l’imposer quand elle est au service des apprentissages ». Une certitude : si la mixité continue à poser des problèmes en EPS, c’est dans cette discipline que la question est la plus réfléchie et prise en compte.

Déjà se prépare la Journée 2015. N Vallaud-Belkacem confie que 2015 sera l’année du sport européen. Le ministère s’appuiera sur l’euro basket et l’euro foot pour inviter les établissements scolaires à présenter des travaux sur l’Europe.

François Jarraud